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Sept djihadistes présumés au tribunal

Le premier procès d’une filière djihadiste se déroule dans une atmosphère tendue. En Syrie, l’Otan et la Russie avancent leurs pions respectifs dans la tension entre Ankara et Moscou

Des Français sont accusés d’avoir acheminé des militants djihadistes vers la Syrie. Keystone

Le procès de sept djihadistes présumés, dont Salim Benghalem (voir photo ci-dessous), considéré comme un des membres francophones les plus influents de l’Etat islamique et qui sera jugé en son absence, s’est ouvert hier. Les avocats de la défense craignent que le contexte des attentats de Paris influence fortement le procès. Les sept accusés sont soupçonnés d’avoir participé en 2013 à une filière d’acheminement de militants islamistes vers la Syrie.

Originaire de Bourg-la-Reine, près de Paris, Salim Benghalem, alias Abou Mohamed, est un homme de 35 ans visé par un mandat d’arrêt international depuis 2014. Il est aussi soupçonné d’être l’un des bourreaux de Daech en Syrie. C’est le «grand manipulateur de toutes les recrues françaises de Daech», estime Roland Jacquard, président de l’observatoire international du terrorisme.

D’après lui, le Belge Abdelhamid Abaaoud, chef opérationnel présumé des attaques qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, était sous ses ordres au sein d’une brigade francophone à Raqa.

Depuis septembre 2014, Salim Benghalem a d’abord rejoint les rangs du Front al-Nosra, groupe affilié à Al Qaïda. A son arrivée début 2013 en Syrie, il est inscrit sur une liste américaine de «combattants terroristes étrangers».

Connu des services de renseignement

Soupçonné d’avoir été l’un des geôliers de journalistes français retenus en Syrie début 2014, il est par ailleurs visé depuis fin juillet par une enquête pour séquestration et enlèvement. Condamné cinq fois par la justice française entre 2001 et 2010, notamment pour tentative de meurtre, Salim Benghalem est connu depuis de nombreuses années des services de renseignement, notamment pour ses liens avec certains membres d’une filière pakistano-afghane du 19e arrondissement de Paris.

C’est dans le cadre de ce réseau que Chérif Kouachi, l’un des auteurs de l’attaque contre «Charlie Hebdo», sera condamné en mai 2008 à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis.

Salim Benghalem dans une vidéo de propagande de l’EI non datée. Photo Le Figaro

 

La radicalisation

Jusqu’à fin 2012, Salim Benghalem fréquente la mosquée de Cachan (Val-de-Marne), son dernier lieu de domicile connu en France, avant de s’installer quelques mois en Tunisie, fin 2012, avec femme et enfants. Il rejoint seul la Syrie début 2013. D’après son épouse, entendue en garde à vue en janvier 2014, c’est à partir de 2011 qu’il se radicalise.

En Syrie, Benghalem combat et, en tant que membre de la police islamique, participe aux interrogatoires de prisonniers, assure-t-elle. Il lui dit vouloir mourir en martyr, et ne pas avoir l’intention de rentrer en France. «Si (je rentre), ce sera pour faire un attentat, un maximum de dégâts», lui aurait-il déclaré.

Les six autres prévenus, âgés de 23 à 37ans, devront répondre de leur participation, à des degrés divers, à cette filière présumée d’acheminement de combattants vers la Syrie. Cinq d’entre eux y ont séjourné entre 2013 et 2014, de quelques jours à quelques mois.

«On aborde (ce procès) avec une grande inquiétude», a déclaré à la presse Xavier Nogueras, l’un des avocats de la défense. «Les événements de ces derniers jours vont forcément influer sur cette longue audience, peut-être impacter la sérénité dont on a besoin pour juger ces hommes», a-t-il ajouté. Il est prévu que le procès se poursuive jusqu’au 7 décembre. ats

Vers une Intervention militaire allemande en syrie

L’Allemagne a validé hier en conseil des ministres l’intervention de son armée dans la lutte contre l’Etat islamique (EI), notamment en Syrie. Cette mission devrait mobiliser jusqu’à 1200 militaires. Berlin avait annoncé dans le sillage des attentats de Paris qu’elle allait déployer une frégate et fournir des avions de reconnaissance et de ravitaillement pour appuyer les bombardements de la coalition internationale visant des objectifs djihadistes en Syrie.

Ce mandat couvrant l’ensemble de l’année 2016 doit encore être approuvé par le Parlement.

Avant la réunion du gouvernement, la ministre allemande de la défense Ursula von der Leyden (photo Keystone) a catégoriquement exclu toute coopération entre l’armée allemande et celle du président syrien Bachar al-Assad. «Que les choses soient claires: il ne peut y avoir d’avenir avec Assad», a-t-elle martelé.

La ministre n’a en revanche pas exclu que des membres du régime syrien puissent participer à la transition politique. «Nous devons éviter l’effondrement de l’Etat syrien», a-t-elle souligné en rappelant les erreurs commises en Irak, où la mise à l’écart de tous les partisans de Saddam Hussein après l’invasion américaine a plongé le pays dans le chaos. ats

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