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Chapelle de Moron

Accueillir l’autre, une préoccupation constante

L’hospitalité chez les mennonites au cœur de la 5e conférence du cycle consacré à ce thème

L’ancien pasteur et historien Michel Ummel a traité de l’hospitalité chez les mennonites. Janine Houmard

Janine Houmard

La 5e et avant-dernière conférence consacrée à l’hospitalité s’est déroulée hier à la chapelle de Moron. Elle fut ouverte par le chœur Menno Canto, qui a superbement encadré la manifestation. Olivier Bühler, ancien, a salué le nombreux public par la lecture des premiers versets de la 13e épître aux Hébreux.

Le conférencier du jour était Michel Ummel, ancien pasteur et historien dans la communauté mennonite du Sonnenberg à Tramelan et environs, et enseignant dans un gymnase bernois. Il se référa d’abord à St Norbert, fondateur de l’ordre des prémontrés qui se base sur la règle de St Augustin. Pour ce dernier, l’hospitalité n’accueille pas seulement les détresses humaines, mais comporte en outre une dimension mystique.

L’orateur cita le nom de Menno Simons, prédicateur et père fondateur vers 1520, auquel les mennonites doivent leur appellation. Responsable des Archives de la Conférence mennonite suisse dans la chapelle du Jean Guy (Tramelan/Corgémont), Michel Ummel cita le Miroir des martyrs (1660). On trouve dans cet ouvrage l’histoire du Néerlandais Dirk Willems qui a marqué des générations.

Willems s’est enfui de prison. Il est poursuivi par un gardien, lequel tombe dans l’eau, la glace ayant cédé. Willems est libre, mais il revient sur ses pas pour sauver son ennemi. Repris, il est condamné au bûcher malgré la demande en grâce faite par le gardien.
Retrouvant un sujet moins grave, le conférencier rappela l’hospitalité idyllique vécue dans le Jura bernois par Ruben Saillens, qui détailla cette belle journée dans deux numéros de sa revue paraissant à Paris.

Pour le 3e temps de sa prestation, Michel Ummel a fait appel au couple Daniel et Barbara Burkhalter, de la ferme Mont-Dedos (Les Ecorcheresses), qui ont répondu avec franchise et simplicité aux questions posées. Par exemple: «Quand vous entendez le mot «hospitalité», à qui, à quoi pensez-vous?» «Quels souvenirs reviennent dans votre mémoire?»

Ce fut Daniel qui rappela l’expérience vécue avec le Zaïrois Mathieu Musey. «Refusant de rentrer dans son pays, il se réfugia durant neuf mois dans notre ferme. Dénoncé et arrêté lors d’une opération policière le 7 janvier 1988, il a été expulsé. Ce fut un moment de découragement pour moi.»

S’exprimant sur le même sujet, Barbara mit l’accent sur la famille. «Nous avons toujours accueilli et nous accueillons encore. Les moments de joie que nous procure l’hospitalité sont plus forts que les difficultés, et nous voulons transmettre ce message à nos enfants. Mais nous devons aussi protéger notre famille et trouver un équilibre. L’accueil d’une famille étrangère? Notre ferme est tellement isolée que ce serait un défi. Notre vœu, c’est partager avec un ami ou un inconnu, donner un peu d’affection, un peu d’amour. C’est notre rêve.»
Jadis poursuivis, persécutés, contraints de vivre dans des régions inhospitalières, les mennonites ont la préoccupation constante d’accueillir l’autre, l’étranger et même l’ennemi.

Quant à savoir s’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux autorités politiques, la question demeure plus actuelle que jamais.

Prochaine conférence: Le dimanche 13 mars à 16h à l’Eglise de Saignelégier. «L’hospitalité suisse», avec Albana Krasniqi Malai, directrice de l’Université populaire albanaise de Genève.

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