Vous êtes ici

Abo

Bienne

Alain Morisod défie le temps qui passe

Alain Morisod et ses Sweet People seront de retour dans la cité seelandaise le 20 décembre, pour un concert dans le cadre de leur tournée de Noël. Le chanteur évoque son travail et ses succès.

Alain Morisod se produira au Palais des Congrès (photo Keystone)

Propos recueillis par
Marjorie Spart

Le chanteur genevois Alain Morisod reprend la route. Dans une semaine à peine, il sillonnera la Suisse romande lors d’une tournée de Noël. Il fera escale au Palais des Congrès de Bienne le mercredi 20 décembre. Avant de monter sur scène, il est venu à notre rencontre, dans la cité seelandaise, pour évoquer son travail et, immanquablement, sa vie. Rencontre en toute simplicité et authenticité.

Alain Morisod, vous démarrez  tantôt une tournée de 19 dates. Et vous avez déjà l’air fatigué. Vos fans doivent-ils s’inquiéter?
En ce moment, je dors assez mal, c’est vrai. Et je me réjouis de me reposer à l’issue de la tournée. Mais qu’ils se rassurent: mon envie de monter sur scène comble largement cette petite baisse d’énergie.

Vous êtes souffrant?
Non! Mon problème est que je ne sais pas prendre de vacances! Même si je pars plusieurs fois par année en croisière, je monte aussi sur scène. De plus, j’ai eu une grosse année avec 61 spectacles, 11 émissions sur la RTS, des croisières et la sortie dans une semaine d’un nouvel album... Je me mets souvent beaucoup de pression parce que c’est dans l’urgence que j’ai le plus d’idées. Et dans la vie, il y a ceux qui disent et ceux qui font. Je suis heureux de me situer dans la seconde catégorie.

A vous entendre, vous être un hyperactif! Craignez-vous que tout s’arrête?
Cela ne me fait pas peur, mais m’inquiète un petit peu. Oui, cela doit être horrible si on ne nous appelle pas. J’ai besoin d’avoir un agenda bien rempli.  J’adore qu’on me propose des choses. Par contre, j’apprécie la solitude pour autant que je l’aie choisie de mon plein gré. Elle me fait énormément de bien. Je suis un solitaire volontaire.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer à monter sur scène?
J’aime les gens! Et j’aime les échanges avec le public. On a tous une petite histoire à raconter et à écouter. J’adore quand on me narre des anecdotes. Ces échanges avec les gens me réconfortent et me touchent, car les personnes qui viennent me voir m’apprécient. Un artiste ne vit pas sans public. Pour moi, la gentillesse est le nerf de la guerre. Elle agit comme un boomerang: je la distille dans la salle et elle me revient en pleine figure sur scène. Cela n’a pas de prix.

Lorsque l’on dit de vous que vous êtes un «vrai gentil», c’est donc un compliment?
Evidemment! Tout comme être normal. Ce sont des termes qu’il ne faut pas galvauder. Et qui sont très positifs.

Attachez-vous de l’importance à l’image que vous véhiculez?
A mon image «morale», oui. Pour mon physique, j’ai abandonné (rires). Si à la fin de ma vie on dit de moi que j’étais sympa ou un bon type, alors cela me suffit.

Etes-vous heureux?
Oui, je le suis. Même si, avec le temps qui passe, je suis devenu un vieux patriarche. La vie n’est pas facile pour les vieux, de manière générale.
La musique est aussi le domaine des jeunes. Regardez les émissions comme «The Voice», qui réunissent plus de 5000 candidatures et qui ne font émerger qu’un à deux artistes par saison. Ce sont toujours des jeunes.

Comment luttez-vous contre ce phénomène?
Je suis très copain avec les jeunes artistes que j’invite d’ailleurs régulièrement dans «Les coups de cœurs».
J’ai la chance d’avoir un public fidèle qui me suit depuis de nombreuses années. Et qui entraîne ses enfants dans son sillon. J’ai fait le choix, totalement assumé, de me lancer dans la chanson populaire. Un pari réussi que je ne m’explique pas toujours. Mais cela fait 47 ans que j’ai sorti mon premier CD et les affaires marchent toujours.
Mon envie est plus forte que le temps qui passe. Et pour les gens de ma génération, il est important de continuer à mener des projets. C’est ce qui nous tient éloignés de l’EMS!

D’où tirez-vous votre inspiration au moment de composer une musique?
J’aspire à ce que les gens se retrouvent dans la mélodie et dans le texte de mes compositions. J’ai choisi le créneau des chansons d’amour car l’amour est un sentiment que nous partageons tous. Cela passe toujours. Et c’est en totale adéquation avec mon côté chanteur populaire.

Qui sont vos modèles?
Charles Aznavour. J’adhère à tout ce qu’il a fait. Rien n’est à jeter. J’aime aussi beaucoup certains jeunes artistes français, comme Benjamin Biolay, qui fait de très belles chansons. D’ailleurs, on ne peut pas dire qu’une chanson est mauvaise, seulement qu’elle ne nous touche pas. Une chanson est forcément bonne quelque part si elle a été faite avec respect.

Nous entrons gentiment dans la période de Noël. Qu’est-ce que cela représente pour vous?
C’est une période importante de l’année, une époque où on a envie d’être meilleur que d’habitude. J’aime la musique de Noël,  les décorations, les odeurs, l’ambiance et les lumières.

Quels souvenirs gardez-vous de vos Noëls d’enfance?
Dans ma famille, on était très strict avec la date. Le repas se déroulait toujours le 24 décembre au soir. Le seul souvenir marquant que je garde de cette fête est que j’avais cassé la tête d’un des rois mages de la crèche sous le sapin. J’avais reçu un de ces savons! Mais depuis que j’ai raconté cette anecdote à mon public, je reçois tellement de figurines de Melchior que j’ai pu commencer une collection!

Comment fêtez-vous Noël aujourd’hui?
Je passe cette fête en famille. Pas celle du sang, mais celle que je me suis choisie: mes amis! Je suis très fidèle en amitié. Normalement, je réunis autour de moi des amis qui sont seuls.

Etes-vous croyant?
Oui, à ma manière... Je récite tous les matins les deux prières que m’a apprises ma grand-mère. C’est peut-être vain, mais je me dis que cela ne peut pas faire de mal.

Et du côté de votre tournée de Noël, qu’avez-vous concocté de nouveau?
C’est un spectacle totalement nouveau. Nous l’avons remodelé et apporté une touche vintage. Un juke-box sera d’ailleurs installé sur la scène. Le public peut s’attendre à des surprises, mais qui s’inscrivent dans la continuité de ce que nous faisions avant. La venue de Julien Laurence dans notre troupe est pour beaucoup dans ces changements.
Je peux d’ores et déjà vous assurer que ce sera un bon spectacle et que le public va y adhérer.

Articles correspondant: Région »