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24 novembre

Après la mafia, la sorcière

L'UDC JB a dévoilé vendredi sa deuxième affiche dans le cadre du 24 novembre.

La deuxième affiche de l'UDC JB.

Pierre-Alain Brenzikofer

A voir les nombreux journalistes accourus hier à Sonceboz pour découvrir en conférence de presse la deuxième affiche de l’UDC JB, le suspense avait-il quelque chose d’insoutenable?Après, peut-on parler de déception? Il faut dire que «l’œuvre» est nettement moins trash que sa devancière. Celle qui a valu tant de critiques à ses géniteurs, y compris dans le camp antiséparatiste. Les milieux jurassiens parlent cependant déjà d’une ressemblance avec la ministre Baume-Schneider...

Paradoxalement, le chef de campagne Pierre-Alain Droz a soutenu hier qu’il avait le sentiment que le non serait puissant le 24 novembre, «parce que M. et Mme Tout-le-monde en ont marre de l’affaire jurassienne et du harcèlement des Jurassiens.»
Mais alors, pourquoi toute cette campagne et ces affiches? s’est interrogé un collègue. Eh bien, selon l’interpellé, le parti a démarré cette campagne sans percevoir ce sentiment de ras-le-bol:«Notre campagne permet dès lors de prendre conscience de cet état d’esprit. Mais il est vrai qu’à l’UDC, nous sommes extrêmement surpris du peu d’engouement manifesté lors des débats contradictoires.»

Quant à Roland Benoit, l’ancien président du parti a soutenu qu’il fallait absolument faire voter les gens. Pour l’anecdote, cette deuxième affiche a été tirée à 1100 exemplaires. Soit 300 grandes, 300 moyennes et 500 petites, sans oublier 5000 flyers.

Situation catastrophique

Côté thématique, Pierre-Alain Droz s’est concentré hier sur la situation de la Caisse de pension du Jura, «sujet dont se gardent bien de parler les admirateurs de ce canton». Pour l’orateur, elle a un taux de couverture de 62%, contre 88% pour celle des fonctionnaires bernois et 79% pour celle des enseignants bernois: «En relativisant ces chiffres, les déficits des caisses bernoises représentent 4% du PIB cantonal et celui de la caisse jurassienne 12%», a insisté le chef de campagne de l’UDC JB en glissant qu’il manque actuellement 420 millions dans la caisse jurassienne pour faire face à ses obligations à long terme. A l’entendre, la recapitalisation décidée par le Parlement jurassien sur proposition d’un «prétendu collège d’experts» est insuffisante, ce qui aura aussi des conséquences sur la ville de Moutier qui y est affiliée:«Elle devra banquer allégrement pour ses 100 assurés 1,35 million. A noter que malgré les multiples interventions du groupe UDC au Conseil de ville, il n’y a pas le moindre franc inscrit au budget pour faire face à ce coup d’assommoir.»
Citant le Gouvernement jurassien, Pierre-Alain Droz a pris acte que de nouvelles mesures devront être prises dans les années à venir au niveau des rentes: «Par contre, la nouvelle loi prévoit le maintien total des dispositions antérieures pour les anciens ministres et ceux en fonction actuellement s’ils ne sont pas réélus, les intéressés ayant même eu l’outrecuidance de déposer une demande de relèvement de leurs rentes retraites actuelles de 20%.Les employés trinquent et les patrons se protègent», a conclu l’intéressé.
Autre orateur, Maxime Ochsenbein, président des Jeunes UDC JB, a présenté un troisième flyer proclamant «Stop au harcèlement. Jura, laisse vivre le Jura bernois».

«Avez-vous vu des affiches prônant le non dans le Jura? Avez-vous vu les conseillers d’Etat bernois aller dire aux Jurassiens ce qu’ils devaient voter le 24 novembre? a-t-il interrogé. Dans le Jura, c’est la pensée unique qui domine et, en plus, on vient s’insinuer dans la campagne du Jura bernois.»

Les Jeunes UDC n’ont pas apprécié non plus un communiqué du groupement Un Jura nouveau, organe de campagne du MAJ, relevant que seul un oui résoudrait la Question jurassienne et qu’un non la relancerait mécaniquement. Côté vote communaliste, les Jeunes UDC JBsont sûrs que Moutier revotera en cas de non: «A l’inverse, en cas de oui, les séparatistes réclameraient de supprimer le vote communaliste, comme ils ont voulu stopper la cascade plébiscitaire après le 23 juin.»  

Incertitude

SelonMaxime Ochsenbein, un oui plongerait le Jura bernois dans une longue et pénible période d’incertitude politique et juridique. Mieux vaudrait dans l’idéal un double non.
«Nous ne voulons pas construire une maison sur des sables mouvants. Quant à nos arguments, c’est notamment le statu quo+. Ça, c’est du concret. Comme notre situation actuelle.»

 

L'UDC JB vole au secours de Manfred Bühler

Mise au point En ouverture de la conférence de presse, Laurent Jacot est revenu sur les critiques adressées à Manfred Bühler à propos de la première affiche «Non à la mafia» et de sa candidature au Conseil exécutif. Un Manfred Bühler présent hier à Sonceboz, mais qui n’a pas pris la parole. Selon Laurent Jacot, dénier au précité une stature gouvernementale comme s’il avait signé cette affiche est à la fois injuste et excessif: «Tous ceux qui le connaissent savent qu’il est quelqu’un de loyal et d’intègre. Dans cette affaire, il a agi selon ses principes, notamment la responsabilité. Il a simplement assumé loyalement la décision de son parti en  tant que secrétaire de l’UDC JB, ce qui expliquait notamment sa présence à notre première conférence de presse.»

Comme quoi, pour Laurent Jacot, ce que dit l’UDC JB n’est pas forcément ce que dit Manfred Bühler de manière individuelle. «Il faut distinguer ses différentes casquettes. Ici, il est secrétaire du parti et député et c’est tout. La campagne pour le gouvernement débutera après le 24 novembre.»

L’orateur a aussi évoqué le principe de collégialité qui a vu l’ex-conseiller municipal de Cortébert et l’ancien président de la Députation se plier à l’avis de la majorité: «Manfred Bühler a ainsi combattu la motion Blanchard comme président de la Députation. Alors, ce qui nous importe n’est pas de savoir ce qu’il pense de l’affiche, mais comment il se comporte. Il a fait preuve de responsabilité. S’il est élu au gouvernement, il devra aussi assumer des décisions majoritaires qui ne sont pas les siennes.»

Vous avez dit affiches? Commentant la deuxième affiche, Pierre-Alain Droz a révélé que son parti s’était inspiré de celle d’opposants à la fusion de communes dans le Val-de-Ruz: «Il s’agit de la méchante sorcière de Blanche Neige qui tend une pomme particulièrement pourrie. Nous avons trouvé cela amusant. Et il n’y a pas de ressemblance avec un ministre...» Certains y ont déjà décelé une ressemblance avec Elisabeth Baume-Schneider... Cela dit, les trois affiches ont été imprimées il y a longtemps et le tir n’a pas été corrigé. Et si la deuxième est moins provocante, Pierre-Alain Droz juge que toutes trois – la dernière sera dévoilée en novembre – sont d’égale intensité. «Avec la première qui parlait de mafia, nous voulions une affiche choc, mais surtout présenter des faits avérés comme l’histoire des BMW et le Pornogate. Et il y avait d’autres cas, a ajouté Roland Benoit. Nous souhaitons faire comprendre à la population que nous ne voulons pas de ça chez nous. Cela nous a valu 25 adhésions et une démission, celle de Fred-Henri Schnegg.» Et Pierre-Alain Droz de conclure en glissant que même l’ancien conseiller national jurassien Dominique Baettig, partisan du oui, a écrit qu’il fallait mettre fin à l’omertà dans le Jura.

 

L'autre campagne

Elections cantonales Polémique autour de l’affiche et de Manfred Bühler oblige, l’UDC JBa évoqué hier sa campagne pour les élections cantonales de mars prochain, alors qu’elle avait jusqu’ici soutenu qu’elle ne s’en préoccuperait qu’après le 24 novembre. Président du comité électoral ad hoc, l’ex-député Roland Benoit a martelé que ce n’était pas Manfred Bühler qui avait décidé de réaliser ces affiches, mais bien le parti.

Côté objectifs de campagne, l’orateur en a défini deux. Tout d’abord, il s’agira de reconquérir une majorité bourgeoise au gouvernement, raison pour laquelle les partis UDC, PLR, PBD et UDF présenteront une liste de quatre candidats: «En tant que parti le plus fort du canton et de loin, il était logique que l’UDC ait un second candidat. Par ailleurs, il était impensable que le bloc bourgeois ne présente pas de francophone.»

D’où la candidature de Manfred Bühler. Deuxième objectif, renforcer l’UDC lors de l’élection au Grand Conseil et au Conseil du Jura bernois. L’UDC JB a ainsi pour but de maintenir ses trois sièges de députés et éventuellement d’en décrocher un quatrième.
Pour ce qui est du CJB, le parti occupe actuellement sept fauteuils sur 24. Il a pour ambition de les conserver et de rester la première force politique du Jura bernois, position acquise en 2010. Pour ce faire, les douze candidats au Grand Conseil feront également acte de candidature au CJB. Ils seront épaulés par douze autres membres de l’UDC JB.
«Depuis la création du PAB en 1918, parti devenu l’UDC, l’UDC JBn‘a jamais eu de conseiller d’Etat, a conclu Roland Benoit. Annelise Vaucher n’a en effet pas été élue en 2006. Enfin, nous souhaitons une campagne objective...»

 

 

 

 

 

 

 

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