Julie Gaudio
Pénétrer sur le chantier de l’école Dufour revient à entrer dans un livre d’histoire. Lancés au printemps, les importants travaux de rénovation poursuivent leur cours. Une visite suffit pour se rendre compte de leur ampleur, et de l’urgence. Les fondations remontent en effet à 1456. Le bâtiment à lui seul raconte tout un pan du passé de Bienne. «Pendant longtemps, la vieille ville s’étendait jusqu’à la rue Ernst-Schüler», certifie d’emblée Karin Zaugg, du service spécialisé des monuments historiques de la Ville de Bienne.
Sur un plan daté du 16e siècle, elle montre la muraille qui encerclait la cité seelandaise, avec l’école Dufour en son sein, au sud-est. «A l’origine, le bâtiment abritait un couvent, construit par les chevaliers de l’ordre de Saint Jean. Une tour y était accolée», précise Karin Zaugg. De couvent, la bâtisse s’est transformée en hôpital en 1528, au moment de la Réforme. «En 1750, sur les bases des fondations du 15e siècle, un nouveau bâtiment a pris forme. Le rez-de-chaussée et le premier étage datent de cette époque», poursuit la conservatrice de bâtiments.
Rénover et moderniser
L’affectation de l’édifice en école ne date que de 1818. Sa forme actuelle remonte aux travaux d’agrandissement de 1870: un étage est ajouté, et le bâtiment est prolongé à l’est et à l’ouest. «En regardant les fenêtres, on se rend vite compte de la différence», note Martin Gsteiger, du bureau d’architecture 3B Architekten AG, à Berne. «L’encadrement de celles du rez-de-chaussée et du premier étage a été réalisé en grès d’Hauterive. Pour l’étage supérieur, de la pierre de sable a été utilisée.»
A l’intérieur, les murs témoignent des nombreuses rénovations que l’école Dufour a connues depuis sa fondation. Des restes de briques laissent voir de la pierre calcaire. Sur les anciens encadrements de porte en bois figurent encore les numéros des chambres d’hôpital d’autrefois. «Le bâtiment étant important pour l’histoire de Bienne, les architectes ont réfléchi à une rénovation qui permet de conserver les preuves historiques», salue Lena Frank, directrice des Travaux publics, de l’énergie et de l’environnement. «Pour cela, les artisans ont opté pour une peinture blanche qui laissera entrevoir les murs en dessous.»
Outre la restauration de l’édifice, les plus gros défis concernent l’intégration de la modernité. «L’essentiel sera conservé et des solutions créatives ont été imaginées pour ajouter les installations sanitaires et le chauffage», précise Christian Stucki, responsable de projet au département des Constructions. Un ascenseur va également être construit à la place d’une des cages d’escalier.
Encore un an
Jugés nécessaires, les travaux de rénovation de l’école Dufour sont financés par un crédit de 18,35 millions de francs, largement adopté par la population biennoise en septembre 2020 (82,28%). De l’argent correctement investi?«Le bâtiment est extrêmement robuste. Avec ces travaux, il peut tenir plusieurs siècles», certifie Christian Stucki. La question de la démolition n’a en tout cas pas fait partie des options. «Les Biennois n’auraient jamais dit oui!» pense savoir le responsable de projet, en se fiant au résultat de la votation du crédit.
Annoncée pour la rentrée de l’été 2022, la date de fin des travaux risque d’être repoussée de quelques mois. «Nous ne pouvons pas donner de délai précis, mais nous espérons que les travaux seront achevés dans un an», déclare Lena Frank. Imperturbables, les ouvriers n’entendent sûrement pas la conseillère municipale. Ils s’activent sans relâche pour rendre aux élèves biennois leur école à journée continue le plus tôt possible.
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