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100 jours à la mairie (5)

Conciliant ET autoritaire

Après 20 ans de rodage sur les bancs du Conseil, Daniel Buchser a choisi de reprendre la mairie de Reconvilier. Un routinier qui n’aime pas la routine, mais qui mise sur une équipe soudée.

Daniel Buchser: après 20 ans passés au Conseil municipal, il connaît la maison, comme on dit. Photo: Stéphane Gerber

Par Pierre-Alain Brenzikofer

Le moins qu’on puisse écrire, c’est que la destinée de son village ne le laisse pas indifférent, Daniel Buchser. Et même s’il a choisi de s’accorder deux pauses de quatre ans, l’homme a tout de même siégé vingt ans au sein de l’exécutif. Ce membre de l’UDC est donc remonté au front en début d’année après sa seconde pause, mais cette fois pour occuper le poste de maire que personne n’a osé lui contester.

Evolution, révolution? «Eh bien, il est certain qu’être maire, c’est différent, avoue-t-il. De surcroît, je me suis retrouvé face à un Conseil renouvelé à plus de 50%. Quoi qu’il en soit, je formule le vœu que cette équipe se montre perpétuellement soudée.»

Sept à la maison
Une équipe de sept personnes, lui compris. «Comme maire, je me sens responsable de tous les dicastères, poursuit le nouveau venu. Cela signifie notamment que contrairement à un conseiller, je me dois d’être présent toutes les semaines, ne serait-ce  que pour signer le courrier.»
À demi-mot, il admet que le travail est bien plus conséquent, «même si tout le monde ne le pratique pas de la même façon. Ce qui est sûr, c’est que les responsabilités et les soucis doivent être revus à la hausse.»

Pourtant, à 60 ans, Daniel Buchser a choisi de continuer de travailler à 100% pour l’Intendance des impôts. Et encore, il ne parle même pas de la petite exploitation agricole qu’il gère durant la belle saison.

Forcément, on lui a demandé quel genre de maire il était. «Eh bien, j’espère être à l’écoute, tout en jouant le rôle du motivateur.» Conciliant ou autoritaire? «Ne peut-on pas être les deux à la fois?» sourit-il.

Parti il y a quatre ans comme conseiller, le voilà donc de retour dans le costume de maire. Quatre ans, une éternité en politique? «Forcément, les dossiers évoluent rapidement et il convient déjà de s’y replonger. Il y a eu aussi des changements au niveau du personnel municipal. Cela dit, beaucoup de choses reviennent sur la table de manière régulière.»

Il n’empêche qu’il y aura des habitudes à changer et des règlements à modifier. Visiblement, tout se fera dans la sérénité. Car, foi de maire, l’ambiance est bonne au sein du Conseil. En esprit pragmatique, il ajoute qu’il ne connaît pas encore à fond son équipe. Donc qu’il n’est pas à même de percevoir l’engagement de chacun dans toute son acuité. «Mais ne décelez aucune dimension critique dans cette constatation», ajoute-t-il bien vite.

Ce qui est sûr, c’est que les nouveaux se renseignent et l’appellent en cas de besoin: «Un bon signe, car pour quelqu’un qui n’a jamais siégé dans un exécutif, l’immersion est tout sauf évidente. D’autant moins que certains dossiers sont plutôt ardus, notamment ceux qui concernent les finances. Dans ce contexte, il me faut parfois déceler à quel stade je dois aider certains de mes collègues. En tout cas, il ne faut jamais avoir peur de me poser des questions.» Toujours est-il que pour peaufiner tout cela et esquisser les contours d’un avenir serein, le Conseil et les cadres de l’administration se réuniront pour un séminaire d’un jour extra muros.

Citoyen, le parti?
Dites! et si on évoquait un peu ce nouveau Parti citoyen, émanation de l’ancien maire Daniel Schaer, qui est parvenu à placer deux membres au Conseil au détriment de l’UDC? Membre de cet ultime parti, Daniel Buchser n’a pas forcément apprécié l’offensive de l’autre Daniel, un Schaer ami, pourtant: «Quoi qu’il en soit, je soutiens que ce parti n’est pas l’ennemi de l’intérieur. Ses deux conseillers se donnent d’ailleurs beaucoup de peine pour collaborer. Moi, j’ai de toute façon pour habitude de travailler avec tout le monde. Alors, si vous cherchez un quelconque clan chez nous, vous ne trouverez rien.»

Bon, avec trois partis de droite (UDC, PLR et Parti citoyen), on devrait pouvoir éviter les luttes au couteau... Notre interlocuteur, lui, préfère relativiser: «A l’échelon municipal, de telles caractéristiques ne jouent pas un grand rôle. De toute façon, en matière de social, les communes n’ont strictement rien à dire. Surtout, nous sommes tous sensibles à la misère humaine, quelle que soit notre appartenance politique.»

Climat et climat
Avec un petit sourire, il ajoute que la question du climat n’est pas une affaire municipale, non plus. «Mais qui sait, si une personnalité de gauche avait été élue, peut-être aurions-nous eu droit à une action quelconque.»

A part les écoles (voir ci-dessous), le maire dénombre quelques gros chantiers pour les années à venir. Le plan local d’aménagement devra ainsi être réalisé rapidement. Avec l’urbanisme, il constituera une affaire de poids: «Quand je prends acte de tous les projets annoncés par divers promoteurs, je me dis qu’il y a beaucoup d’argent à investir dans ce domaine. Mais une augmentation trop brutale du nombre des habitants nous confronterait à de sérieux problèmes d’infrastructure.»

Car si Reconvilier a peu ou pas de terrain industriel à offrir, tel est tout sauf le cas des zones à bâtir... Quoi qu’il en soit, il conviendra aussi de maintenir en état les bâtiments municipaux. La grande Halle des fêtes, du haut de ses 40 ans, nécessiterait bien une cure de jouvence. «Une commune comme la nôtre ne doit pas négliger l’entretien des routes. Et ça coûte très cher. Songez que refaire la chaussée depuis la route cantonale jusqu’à la Halle des fêtes nous a coûté un million!» Ceux qui connaissent les lieux apprécieront.

Des liquidités
A Reconvilier, on l’ajoutera bien vite, la situation financière est plutôt bonne: «Nous avons des liquidités, un brin de fortune. Mais quand une collectivité de notre taille doit investir, il lui faut assumer, tant il est vrai que les dépenses sont vite conséquentes par rapport au nombre d’habitants (réd: 2300).» Reste que la quotité demeure assez élevée. On n’est pas à Muri!

Forcément, on lui a demandé si le retout au bercail de son camarade de parti Claude-Alain Voiblet lui faisait plaisir: «J’ai déjà siégé avec lui et cela ne me pose aucun problème. D’ailleurs, c’est un homme qui a toujours eu beaucoup d’idées...»

Les écoles, cas d’école d’une législature aboutie?
Lors du débat électoral mettant aux prises les candidats des trois partis en lice, à la fin de 2018, l’un d’eux n’avait pas hésité à qualifier la problématique des écoles de dossier majeur de la législature à venir. Le nouveau maire n’en disconvient pas.Mieux (ou pire), il ajoute que ledit dossier va prendre une tout autre tournure depuis que la commission s’est penchée pour la première fois sur le sujet.

«A la base, il était uniquement question de locaux à dénicher pour la crèche et l’école à journée continue, constate en effet Daniel Buchser. Mais nous avons également des soucis au niveau de l’école enfantine.»
Corollaire, il s’agit désormais de prendre en compte ces trois domaines. Pour les réunir dans un nouveau bâtiment? «Pas forcément, répond l’interpellé. En fait, aucune décision n’a encore été prise.»

Collaboration d’abord
A titre personnel, il s’avoue partisan d’une collaboration avec les communes voisines, notamment avec Tavannes qui se prononcera en mai sur la construction d’un nouveau bâtiment scolaire: «En procédant à des estimations grossières, ces deux localités devront assumer une facture oscillant entre 10 et 12 millions, uniquement pour la petite enfance, prédit le maire. Voilà pourquoi je suis partisan de collaborations plus rapprochées.»

Il rappelle à ce propos que Saules n’a plus d’école et que Loveresse envoie déjà une partie de sa relève à Reconvilier.

Bon, il ne prononcera pas le mot fusion, estimant que le moment d’en parler n’est pas (encore) venu: «Toujours est-il que cette problématique reviendra rapidement sur le tapis, notamment pour les petites communes.» De tout cela, il devrait être question en mai, lors de la journée de réflexion.

Sur une base élargie
Quoi qu’il en soit, la commission va reprendre ses travaux, mais sur une base plus élargie: «Mais il faut aller de l'avant, car le temps presse.» L’école à journée continue, par exemple, dispose d’un contrat de trois ans dans les anciens locaux de l’atelier protégé.

Ce qui est sûr, c’est que le maire place les écoles en tête de liste des atouts de Reconvilier: «De la crèche au secondaire, nous offrons tout à nos concitoyens. Avec la proximité de la nature et notre grande Halle des fêtes, fort bien dotée en places de parc, nous avons effectivement de quoi allécher de nouveaux habitants.»

Baoshida Swissmetal: l’inquiétude
Forcément, Daniel Buchser suit avec inquiétude l’évolution du dossier Baoshida Swissmetal (voir Le JdJ d'hier et d'aujourd'hui). «Bien sûr, nous avons rencontré la direction. A titre personnel, je juge fort positif le fait qu’un repreneur suisse se soit manifesté et, surtout, qu’il se propose d’investir plutôt que de désinvestir. Reste que nous sommes en souci. Depuis des années, Reconvilier attend que la situation se décante...»

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