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Les Reussilles

Dans la discrétion d’un musicien accompli

Une carrière bien remplie pour Claude Rossel, musicien et accompagnateur

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Pierre-Yves Theurillat

Il existe par ici quelques musiciens pros, dont l’activité et la renommée rayonnent au moins dans toute la région jurassienne. Ils sont dans l’enseignement, dans l’écriture et sur scène tout à la fois. Avec les autres musiciens locaux, ils agissent comme acteurs, mais sont aussi leur guide, soutien et repère et constituent des références.  A l’instar d’Alain Tissot à Moutier, Claude Rossel, pianiste, est un de ceux-là. Lui vit aux Reussilles où il réside depuis les années 90, après une période «biennoise».  Suite à six mois de pause, Claude Rossel se sent à nouveau d’attaque. Pour le live notamment.

Arrangeur et compositeur

Sa réputation d’arrangeur, de compositeur et d’accompagnateur s’est faite avec le temps par le travail avec des artistes tels que David Schulthess, le Bel Hubert, Mildred, Pierre-André Marchand, France Hamel, Simon Gerber, Touli trio, Lulu Pauli, Christian Baader Quartet et plus récemment avec Lole, Ska Nerfs et Lia, Elina Duni et enfin son élève Jérôme Achermann. «Jusqu’à il y a quatre ans, je faisais pas mal de scène, puis j’ai beaucoup travaillé à nouveau dans l’écriture de théâtre, de spectacles, concerts. J’enseigne toujours à l’EMJB de Saint-Imier et EJCM à Delémont. Mais le live me démange à nouveau!».  De temps en temps sur scène avec la folle équipe de Ska Nerfs, ces Taignons qui ont poussé le festif jusque sur la scène de Paléo, il a créé pour eux les arrangements de cuivres d’un album qui sortira en avril: «Pas encore entendu le résultat. Je travaille amicalement, donne quelques conseils. J’aime connaître les musiciens du coin, surtout les amateurs, sans formation académique. Leur spontanéité, leur fraîcheur m’en met plein la vue!»  Autre projet sur le feu, un spectacle qui sera joué dans les locaux de la Schaublin à Bévilard, pour le 40e anniversaire de l’EMJB de Saint-Imier, qui touchera à l’electro, au classique, au jazz, au rock, sans unité de style.
Claude Rossel retrouvera également Hugues Richard pour un projet cet automne, autour du 85e anniversaire de ce poète, qu’il avait déjà côtoyé en 2005 pour un hommage à un autre poète de notre région, Francis Giauque.

Musiques pour le théâtre

En 2013, le Reussillon signait deux musiques pour le théâtre: «La nuit de Valognes», d’Eric-Emmanuel Schmitt, pour le Théâtre sans gage, et «Biedermann et les incendiaires», de Max Frisch, pour les Compagnons de la Tour. Et avant? On ne voudra refaire la liste d’un CV fort en gueule, explicite: «Le chemin d’un musicien, qui a rencontré un tas de monde!», résume-t-il simplement. Ses débuts paraissent plus flous, lointains. On le sait moins, mais sa formation première est organiste. «Je joue encore de temps en temps comme organiste à la paroisse protestante de Sornetan. Au début, je me suis vite aperçu que je ne m’en sortirais pas avec cette seule fonction. J’étais découragé. J’ai rapidement préféré les plans piano-bistrots à la solitude de l’organiste, d’autant que je n’aimais guère jouer sur la tribune, préférant le plain-pied». Le milieu rock attire cet homme formé à l’Ecole de jazz de Berne, après son conservatoire. Il dit mal le connaître pourtant: «J’ai une veste qui peut paraître du cuir, mais c’est du plastique!», rigole-t-il. «Le concert rock, c’est pas pincé! On sort ses plus beaux clous… les gens y sont nature!». Claude Rossel a une carrière émaillée de nombreux enregistrements pédagogiques. Sa contribution à Elina Duni, au Stand’été de Moutier, a été pour lui des plus marquantes: «Arranger des chansons des Balkans avec Elina Duni et ses trois musiciens, plus les élèves de l’EJCM a été un bon défi, qui m’a demandé beaucoup d’empathie. Il s’agissait d’arranger dans le sens de ne pas détruire ce qu’elle a elle, l’artiste!»
Ils sont rares les musiciens de ce coin de pays à s’être réalisés au travers d’une comparable  expérience, vaste bien que confinée, usant comme lui d’une créativité à toute épreuve, touchant à tout,  aussi bien le populaire que le sacré, l’amateur que le pointu: «Un métier dans lequel je n’ai jamais l’impression d’avoir fini d’apprendre quelque chose», conclut Claude Rossel.

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