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EMS du Ried

Démolition possible

La démolition programmée du bâtiment central a suscité l’indignation. Trois élus demandaient comment le canton était impliqué dans cette décision.

Il est possible de démolir un bâtiment historique si sa conservation s’avère disproportionnée, indique le gouvernement. Archives

 

Par Philippe Oudot

Bien qu’il figure à l’inventaire fédéral des sites construits à protéger en Suisse (ISOS), le bâtiment central de l’EMSdu Ried, si au chemin Paul-Robert12, à Bienne, et qui date de 1750, devrait être démoli et remplacé par une nouvelle construction. «Cette démolition programmée va priver la zone de son noyau. Elle est incompréhensible et jette un jour singulier sur le rôle du Service cantonal des monuments historiques», relevaient les trois députés biennois Christoph Grupp (Les Verts), Samantha Dunning (PS) et Peter Bohnenblust (PLR) dans un postulat déposé en mars. Ils demandaient au Conseil exécutif d’établir un rapport à ce sujet et d’examiner si la décision dudit service devait être revue.

Dans sa réponse très détaillée, le Conseil exécutif relève tout d’abord que cet EMSest réparti dans différents bâtiments historiques. «Vétuste, l’établissement ne répond plus aux exigences d’exploitation d’une institution médico-sociale. Il est urgent de remplacer l’infrastructure, notamment les ascenseurs, le système de détection d’incendie et le dispositif d’appel d’urgence.»

De fait, plusieurs études ont été réalisées pour voir les possibilités d’amélioration des processus d’exploitation. Le site Falbringen-Ried forme un paysage culturel unique inscrit comme ensemble bâti à l’ISOS et dans le recensement architectural cantonal, constate le gouvernement. Dans une expertise de 2017, la Commission fédérale des monuments historiques et celle de la protection de la nature et du paysage ont conclu que l’ensemble du Ried était digne de protection, ce qui devait être pris en compte dans le projet.

Sur mandat de la ville de Bienne, un bureau externe a examiné «dans quelles conditions il était possible de construire au Ried un nouveau centre pour personnes âgées répondant aux besoins de demain» en conservant la plus grande partie possible des bâtiments historiques. «Il en ressort que la réalisation d’un tel centre est possible en même temps que la conservation architecturale et fonctionnelle de la résidence classée ‹digne de protection›», indique le Conseil exécutif.

Démolition possible
Impliqués dans le processus d’appel d’offres, les deux services des monuments historiques ont toutefois relevé qu’une démolition était possible, notamment «si les intérêts publics, soit la conservation et le développement du centre pour personnes âgées sur le site étaient considérés comme plus importants que la protection de l’objet en tant que monument historique. Il est en principe possible de démolir un monument historique ‹digne de conservation› si sa conservation s’avère disproportionnée.»

En l’occurrence, observe le gouvernement, le bâtiment en question a été classé «digne de conservation», et pas «digne de protection». Suite à de nombreuses transformations, la structure de l’édifice a été en partie détruite, réduisant du coup sa valeur de témoignage. «Dans le cadre de l’examen du recensement architectural, l’équipe compétente du Service cantonal des monuments historiques a conclu que l’objet ne remplissait plus les exigences élevées en termes de monument historique».

Le Conseil exécutif précise par ailleurs que l’inscription d’un objet à l’ISOS ne constitue pas un classement concret et ne contient pas de bâtiments individuels. «L’inscription indique que l’objet mérite d’être conservé intact, ou en tout cas d’être ménagé le plus possible. Mais les objectifs de conservation ne comprennent pas d’interdiction absolue de modification et ne doivent pas empêcher les développements du lieu, mais encourager un aménagement durable».

Les trois élus voulaient en outre savoir si le canton avait donné son accord à la démolition de ce bâtiment en privilégiant des motifs économiques par rapport au statut de protection dudit bâtiment. Eh bien non, assure le Conseil exécutif. «Le nouveau centre du Ried est une solution qui offrira aux résidents, ainsi qu’au personnel, la meilleure cohabitation possible grâce à sa taille et à la structure de son offre, et qui pourra être exploité de manière économiquement durable.»

Enfin, le gouvernement se veut aussi rassurant, soulignant qu’il ne s’agit en aucun cas d’un précédent conduisant à davantage de destructions dans les zones ISOS. Il souligne en effet que le projet en question est le résultat d’un examen approfondi et se fonde sur une étude de faisabilité détaillée, qui a permis d’identifier et d’apprécier les caractéristiques du lieu. La démolition prévue dans le projet lauréat de l’appel d’offres pour le nouveau bâtiment ne peut donc pas être généralisée.

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