Des idées vertes plein la tête

Par Marisol Hofmann

Mauvaise herbe?  C’est ainsi que Frédérique Burkhalter a baptisé son projet d’art floral écoresponsable, qu’elle mène en parallèle de ses deux jobs de vendeuse et d’entretien de jardins. «Le point d’interrogation est important», insiste-t-elle. Et d’expliquer: «Mon but est de questionner notre rapport aux mauvaises herbes.»
Ce concept ne fait d’ailleurs pas partie du vocabulaire de cette horticultrice, spécialisée dans l’entretien des plantes vivaces. «Chacune a son utilité et contribue à la biodiversité», note-t-elle.
Au travers de ses créations à base de plantes mortes, de fleurs séchées, et autres éléments naturels récoltés lors de ses balades ou récupérés dans les jardins de ses clients, elle cherche à révéler le charme insoupçonné des mauvaises herbes et de démontrer «qu’il est tout à fait possible de faire de beaux arrangements avec des plantes de chez nous».

La face cachée du commerce des fleurs
Pour celle qui a grandi à Sorvilier «dans la seule famille écolo du village à l’époque» et qui a toujours rêvé de devenir fleuriste, ce dernier aspect est particulièrement important. Lors de son second apprentissage dans ce domaine, elle a découvert la face cachée du marché des fleurs coupées, soit les impacts environnementaux et sociaux de ces cultures connues pour être gourmandes en eau et en pesticides. «Le fait de prendre conscience de tout cela a eu l’effet d’un choc», confie la jeune femme de 27 ans qui s’est également formée, par la suite, comme bijoutière à l’école d’arts appliqués de La Chaux-de-Fonds.
 

En accord avec ses valeurs
«Il est important à mes yeux que mon emploi soit en accord avec mes valeurs. Je ne me voyais pas travailler pour une grosse boîte de bijoux ni chez un fleuriste qui ne soit pas sensible à cette problématique», glisse Frédérique Burkhalter. Et d’ajouter: «Mettre mon énergie en faveur d’une cause noble est un moyen pour moi d’être actrice du changement que je veux voir dans ce monde.»
Ce sont ces convictions qui l’ont poussée, l’an dernier, à réaliser son rêve d’enfant et de lancer son propre concept de fleuristerie écoresponsable dans une démarche zéro déchet.
En plus de récupérer des éléments naturels pour ses créations et d’utiliser les restes pour son compost, elle détourne également des objets de seconde main, à l’instar des verres à vin qu’elle transforme en cloches. «Je propose principalement des arrangements composés d’éléments séchés, mais en crée également, sur commande, à base de fleurs fraîches de saison», précise l’artiste domiciliée à La Chaux-de-Fonds depuis quelques années.
Son projet, qu’elle a commencé à promouvoir sur les réseaux sociaux notamment, s’est accéléré lorsque la chocolaterie artisanale La Crème Renversante lui a proposé un espace d’exposition dans son nouveau magasin, ouvert l’automne passé. «Mes clients sont principalement des jeunes, attentifs à la cause écologique. Cette opportunité m’a ainsi permis de sensibiliser un plus large public à ma démarche», se réjouit Frédérique Burkhalter qui vend également ses créations à la boutique Cachalot.
 

Esprit rebelle
Mauvaise herbe?, enfin, c’est aussi un clin d’œil à la chanson «La mauvaise herbe» de Georges Brassens, que la jeune fleuriste apprécie particulièrement. Elle a tout comme lui, l’âme rebelle et «poussé en liberté dans les jardins mal fréquentés». Ou plutôt dans des espaces (Noir) fréquentés par des punks. «Ado, j’ai beaucoup côtoyé ce milieu dont les revendications me parlaient», glisse cette semeuse d’idées vertes.

Retrouvez les créations de Frédérique Burkhalter sur ses pages Facebook (Mauvaise Herbe?) et Instagram (mauvaiseherbe_fleurslocales)