Elles ont atteint les étoiles

Par Théophile Bloudanis

L’odyssée martiniquaise de Noémie Pasche Sauvage (Bienne), de Rachel Vuilleumier (Tavannes) et Vanessa Clénin Asal (Port) s’est terminée samedi 27 novembre dernier, après quatre jours intensifs sous la chaleur et dans l’humidité des Antilles françaises. Les trois Suissesses du Raid des Alizés (voir Le JdJ du 9 juin) se sont surpassées lors des diverses épreuves de leur aventure sportive, arrivant à la 20e place générale, sur 63 équipes de la compétition. En direct de la Martinique, elles témoignent d’une véritable expérience sportive et humaine.

«D’un point de vue sportif, on a fait du kayak, deux trails sur le volcan de la Montagne Pelée et dans les champs de canne à sucre au nord de l’île ainsi qu’une course d’orientation dans la ville de Saint-Pierre», raconte Noémie Pasche. «Nous étions très bien préparées physiquement. Heureusement, nous n’avons pas eu de casse grave, seulement quelques petites blessures banales, mais on a surtout dû gérer la chaleur et l’humidité pendant les courses. On se rattrape maintenant, au bord de la plage!», se réjouit Vanessa Clénin, le vent soufflant dans les cocotiers derrière elle.

Changements dans le programme

Si l’ensemble de l’expérience s’est bien passé, la compétition s’est majoritairement tenue au nord de l’île, et pour cause, des émeutes ont eu lieu à Fort-de-France, le chef-lieu. Elles ont éclaté à la suite d’une grève générale lancée par des syndicats, notamment pour protester contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale pour les soignants entrée en vigueur en France. Les forces de l’ordre et les pompiers avaient été visés par des tirs d’armes à feu, alors que des barrages routiers ont bloqué les principaux axes de l’île. «C’était assez compliqué de déplacer certaines affaires, comme les vélos pour le parcours en VTT. Ce dernier a dû être annulé», confie la Biennoise. «Cette partie a été remplacée par un trail dans les champs de canne à sucre.» Et d’ajouter: «On a eu de la chance que les organisateurs s’adaptent vite à la situation!»

Outre ces désagréments, l’aventure des trois Suissesses a aussi été ponctuée de petits soucis techniques. «On a dû un peu s’ajuster à l’océan», explique Rachel Vuilleumier. «Nous nous étions entraînées au kayak sur un lac de Bienne très calme. Lorsque nous nous sommes  lancées comme des fusées dans l’étape en Martinique, notre embarcation s’est retournée», s’amuse-t-elle. «Mais nous nous sommes vite rattrapées!», lancent à l’unisson les trois sportives. «Dans tous les stades du raid, on a tenu une cadence très dure, sous presque 100% d’humidité. On avait toute cette énergie stockée, il fallait bien la dépenser!», précise Vanessa Clénin.

Action caritative réussie

L’événement a rassemblé près de 70 équipes, chacune soutenant une cause charitable. «Nous étions les seules Suissesses!», plaisantent-elles. «On a été remerciées pour notre fair-play et notre bonne humeur, et cela nous a fait chaud au cœur. On est vraiment fières d’avoir représenté le Jura bernois et lui lui avoir donné une belle image, ainsi que pour la Suisse.» Finalement, elles ont pu récolter une enveloppe à la somme conséquente, selon leurs dires, pour la Fondation Etoile filante, organisation qui offre des loisirs et expériences variées à des enfants vivant avec une maladie ou un handicap.

«Nous voulons remercier la fondation et sommes très heureuses et fières d’avoir pu la soutenir ainsi.» Pendant toute cette période, l’équipe Funny Swiss s’est également donnée à fond sur ses divers réseaux sociaux. «Nous voulions montrer notre évolution à tous ceux qui nous suivaient et qui nous soutenaient», commente Noémie Pasche.

Elles ont ainsi publié de nombreuses photos, commentaires et remerciements sur leurs comptes, comme Instagram, dont le nom est funnyswiss21. La mission est réussie pour les trois sportives, qui profitent à présent de quelques jours de repos bien mérité, sur les plages martiniquaises. Elles devraient avoir rejoint la Suisse d’ici les fêtes. «C’était incroyable, hors du commun, plein de défis et de rencontres. On a rempli notre objectif!», concluent-elles. Après avoir atteint les étoiles, nul doute que cette expérience restera à jamais gravée dans leur mémoire.