Vous êtes ici

Abo

Bienne

Eviter les containers

Menacée d’expulsion, la famille Safaryan/Mikayelyan doit quitter son appartement pour s’installer dans un container. Des élus se battent pour éviter cela.

Les accompagnateurs veulent éviter le container au couple arméno-kazakhe et à leurs trois enfants. Photo: Peter Samuel Jaggi

Daniela Deck / Traduction Marcel Gasser

Menacée d’expulsion, la famille Safaryan/Mikayelyan a eu jeudi après-midi, à Berne, dans les locaux du Service des migrations du Canton, un entretien concernant son transfert dans les containers d’un centre d’hébergement pour requérants d’asile déboutés, soit à Boujean, soit à Aarwangen. A la fin de cette année scolaire, elle devra en effet quitter l’appartement qu’elle occupe actuellement à Bienne, dont le bail a été dénoncé pour fin juin. Cette mesure découle de la réorganisation des services de l’asile dans le Canton, qui prévoit la résiliation, ces prochains mois, de tous les appartements abritant des requérants d’asile déboutés.

Proposition surprenante

Le couple arméno-kazakhe était accompagné par la conseillère de ville Ruth Tennenbaum (Passerelle). L’entretien a porté essentiellement sur l’aide financière au retour, dont la demande doit être effectuée jusqu’au 15 mars. Mais le retour au pays, qui impliquerait la séparation de cette famille, «n’est pas une option», déclare Ruth Tennenbaum. Pour rappel, ni l’Arménie, ni le Kazakhstan n’acceptent le retour sur leur sol d’un conjoint d’une autre nationalité: un renvoi impliquerait donc l’éclatement de la famille, l’un des trois enfants (6, 5 et 2 ans, tous nés en Suisse) accompagnant le père, les deux autres la mère. Mais peut-être la vie dans les containers d’un centre d’hébergement sera-t-elle épargnée au couple Safaryan/Mikayelyan, car les autorités ne s’opposent pas à un hébergement privé, pour autant que les coûts (à l’exception de l’assurance-maladie) soient intégralement supportés par des privés. Le Service cantonal des Migrations doit simplement connaître l’endroit où résideront les requérants déboutés et disposer d’un document, signé par toutes les parties, établissant les responsabilités qui incombent à chacune d’elles. Il y aurait actuellement 25 arrangements de ce genre dans le canton.

Ils sont soutenus

La conseillère de ville Anna Tanner (PS) fait également partie de ceux qui se débattent, à Bienne, pour défendre les intérêts de cette famille. Le 5 février, elle a eu un entretien avec Beat Feurer, Directeur de l’action sociale et de la sécurité, pour voir avec lui comment assurer au mieux l’hébergement de cette famille et quelles sont les possibilités de son financement. Le bien-être et la scolarisation des enfants sont au centre des débats. Ils souffrent actuellement de l’incertitude qui règne autour de cette affaire et, dans deux lettres, leurs institutrices ont intercédé en leur faveur auprès de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. A l’organisation Tous les êtres humains, Rudolf Albonico, est convaincu que la vie confinée dans un centre d’hébergement pour requérants déboutés «serait une catastrophe pour les enfants, qui ont besoin, pour leur développement, d’être en contact avec le monde extérieur». Cette organisation soutient les efforts du couple Safaryan/Mikayelyan pour rester à Bienne.

Procédure de co-rapport en cours

La lettre ouverte adressée mi-janvier au Conseil municipal par une trentaine de conseillers de ville est restée sans réponse, et nul ne sait quand l’Exécutif se penchera sur cette affaire. Le secrétaire-général de la Mairie, René Merz, ne souhaite pas prendre position à ce sujet et se borne à déclarer que «la procédure de co-rapport entre les diverses directions était en cours» et que nul ne sait quand tombera la décision. De son côté, le recours adressé au Canton contre le refus de la ville de Bienne de transmettre au Secrétariat d’Etat aux migrations la demande pour cas de rigueur adressée par la famille, il est toujours pendant. Toutes les voies juridiques étant épuisées, il s’agit là du dernier espoir pour légaliser le séjour en Suisse de ces requérants, voire d’obtenir le droit d’y rester définitivement. Arpine Safaryan et Ashot Mikayelyan vivent quasiment dans l’œil du cyclone depuis huit ans, mais restent confiants.

Mots clés: Bienne, Asile, expulsion

Articles correspondant: Région »