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Grand Conseil

Femmes en politique: la galère?

Une visite des lieux pour apprendre les rudiments du métier sous le slogan «On ne naît pas politicienne, on le devient».

Les députées, Samantha Dunning et Moussia de Wattewille, ont exposé leur parcours politique. Photo: Aude Zuber

Aude Zuber

A l’approche des élections cantonales 2018 et sous le slogan «On ne naît pas politicienne, on le devient», le Réseau de l’égalité Berne francophone a mis sur pied une formation destinée aux femmes de la région intéressées ou engagées en politique. Après trois modules théoriques organisés cet automne, une journée «visite» s’est déroulée hier à Berne. «Trop de personnes se sont inscrites aux modules, nous avons été contraints de refuser du monde», regrette la secrétaire générale du Réseau de l’égalité Berne francophone Caroline Brunner.

Reçues par le vice-chancelier du canton Michel Walthert, les douze participantes ont commencé par une visite de l’Hôtel du Gouvernement. Elles ont découvert, le regard ébahi, une magnifique peinture d’Hodler, ainsi que des fresques retraçant la construction de la ville de Berne.

Des députés dissipés
Direction la tribune du public. Tout là-haut perchées, les participantes ont pu assister aux délibérations du Grand Conseil. De quoi choquée l’une d’entre elle: «Mais, les députés n’écoutent même pas l’orateur, Ils lisent leur journal ou pianotent sur le smartphone.»

Quelque peu gêné, le secrétaire général du parlement Patrick Trees a tenté quelques explications: «Il faut savoir que la majorité des objets au programme ont déjà été abordé en commission ou  au sein des groupes. De surcroît, ces derniers donnent des consignes de vote.»

Le secrétaire général a ensuite exposé le fonctionnement du Grand Conseil et les instruments parlementaires. Il s’est arrêté sur les outils à disposition des minorités et pris l’exemple de la Députation romande. «Cet organe défend au Grand Conseil les intérêts du Jura bernois et de la population francophone du cercle électoral de Bienne-Seeland dans les affaires qui les concernent spécifiquement.»

Ce qui a poussé la cheffe du Bureau de l’égalité Barbara Ruf à interpeller le secrétaire général: «Pourquoi n’existe-t-il pas de tels outils pour la minorité de femmes  du Grand Conseil?» Elle a en effet rappelé qu’elles ne sont que 28%. Quant aux députées francophones, elles sont encore moins bien présentes (20%).

Moins de femmes en politique
L’oratrice s’est également inquiétée de voir reculer le taux de représentativité des femmes en politique, alors qu’en Islande, en Norvège et en Finlande, ce taux n’a pas cessé de progresser depuis une décennie. «Rien d’étonnant, puisqu’ici on nous met des bâtons dans les roues», s’est insurgée l’une des participantes.

Plutôt embêté, le secrétaire général du Grand Conseil a expliqué qu’à l’époque de la création des outils pour la minorité francophone, la question des femmes n’était pas encore au cœur des débats.

Pour atteindre une égalité entre les sexes, Barbara Ruf a estimé qu’il ne fallait plus concevoir la représentativité politique comme un problème de femmes, mais de société.

Echange d’expériences
La socialiste Samantha Dunning et la Verte Moussia de Wattewille, toutes deux députées, ont rejoint l’assemblée pour exposer leur parcours. Après quelques minutes seulement, on a réclamé la présence de Moussia de Wattewille dans l’hémicycle. Les contraintes de la vie politique.

Quant à Samantha Dunning, elle a évoqué les difficultés rencontrées au cours de sa carrière. «La garde des enfants est problématique. Au Grand Conseil, nous ne disposons pas de garderie. Alors, je fais appel à une maman de jour. Et j’ai la chance de pouvoir compter sur mon campagnon. Sans son aide, ça serait très difficile de siéger», a-t-elle constaté.

Une affaire pas rentable
La politicienne a dès lors regretté qu’une bonne part de l’argent gagné par sa fonction parlementaire – jetons de présence –, soit utilisée pour payer la maman de jour. Bref, elle siège par passion et non pas par intérêt économique.

Cela dit, il n’est pas facile de trouver un employeur qui soit d’accord de libérer son employé pendant dix semaines par année, soit le temps des sessions.

Une jeune femme, sans doute intéressée à se porter candidate, a demandé quel investissement consacre la députée socialiste à sa fonction. «Sans compter le travail bénévole au sein de mon parti et celui effectué dans le cadre des élections, mon travail au Grand Conseil équivaut à un 30%», a-t-elle précisé.

Malgré le temps qui filait, les participantes ont fait preuve jusqu’au bout d’une attention soutenue. De bon augure pour la relève?

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