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Bienne

Homme violent devant les juges

Le Tribunal régional se penche sur une affaire de tentative d’assassinat. Un homme a agressé son ex-compagne en lui assénant huit coups de couteau qui auraient pu lui coûter la vie.

Photo archives Matthias Käser

Deborah Balmer, traduction Marcel Gasser

«Si je ne peux pas t’avoir, personne d’autre ne t’aura.» Telle est la menace qu’aurait proférée un Turc de 36 ans à sa compagne de 46 ans qui avait mis un terme à leur relation après une année et demie de ménage commun. Quelques mois après la séparation, il passait de la parole aux actes et agressait son ex-compagne au couteau.
La victime a raconté au Tribunal régional Jura bernois Seeland comment le prévenu est devenu de plus en plus agressif lorsqu’il a compris qu’elle voulait le quitter, renforçant encore plus le contrôle qu’il exerçait sur elle et lui interdisant même d’aller prendre un café avec des amies.

Elle précise que durant les trois premiers mois de leur relation, il s’est montré prévenant et que la famille recomposée (le couple, les deux filles de Madame et la fille de Monsieur) vivait en bonne intelligence. Mais progressivement, l’homme s’est montré sous son vrai jour.

Homme agressif et violent
D’une voix menue, Madame décrit son ex-partenaire comme un homme irritable et vite agressif, qui ne cessait de crier. Il la secouait, voire l’étranglait à la moindre contrariété. Durant une dispute, il aurait renversé une table et giflé la plus jeune de ses filles. Elle nie farouchement avoir offensé son ex-conjoint quelque temps avant l’agression. En revanche elle confirme que, durant leur relation dans l’appartement commun, elle a été violée plusieurs fois. «Il ne tolérait aucun refus, se montrait également agressif et offensant dans l’intimité, jetant les objets à travers la chambre», a raconté la victime.

Passage à l’acte
Si Madame a finalement réagi et s’est séparée de lui, c’est parce que ses filles ont menacé de déménager. Pendant les mois qui suivent, l’homme la poursuit de ses assiduités, la harcèle au téléphone et l’observe à distance. A plusieurs reprises, il menace de la tuer.

Neuf mois après la séparation, fin juillet 2016, il attend son ex-compagne sur un banc, non loin d’un parking où elle a l’habitude de laisser sa voiture. Au moment où elle dépose son sac à commissions pour ouvrir la porte d’entrée, il surgit derrière elle. A peine a-t-elle le temps de lui crier de disparaître, qu’il lui assène huit coups de couteau, dans le thorax, le ventre et le haut de la cuisse.

De l’avis même des médecins, si l’ambulance n’était pas arrivée très rapidement sur place, et si la victime n’avait pas pu être opérée immédiatement, celle-ci serait morte. «Il a voulu me tuer parce qu’il ne supportait pas cette idée de séparation », raconte la miraculée.

Pour le Ministère public, il s’agit clairement d’une tentative d’assassinat. Le prévenu a mûrement prémédité son geste et l’a exécuté de sang-froid. L’agresseur a intentionnellement asséné ses coups dans le cœur de sa victime. Le mobile est limpide: le prévenu a voulu éliminer son ex «parce qu’elle refusait de se remettre en ménage avec lui».

Le plus tragique dans cette histoire est que la victime, devant les menaces répétées du prévenu, a essayé plusieurs fois d’obtenir de l’aide auprès de la police «Si vous avez des problèmes, vous pouvez appeler ce numéro», lui a-t-on répondu. Elle a eu le sentiment qu’on ne la prenait pas au sérieux. Aujourd’hui encore meurtrie dans sa chair, elle assure qu’elle tient le coup «parce que je veux qu’il paie pour ce qu’il a fait».

«Je n’ai pas voulu la tuer»
En détention préventive depuis les faits, le prévenu déclare maladroitement au tribunal qu’il n’a pas voulu tuer son ex-compagne. Lors d’un précédent interrogatoire, il avait même déclaré que c’était elle qui s’était précipitée contre son couteau.

A l’audience, il a expliqué qu’il avait sorti son couteau «parce qu’elle l’avait offensé et lui avait crié dessus». Et d’ajouter: «Vous savez, cette histoire de couteau, ça s’est passé comme ça: à un moment donné, vous ne pouvez plus rien contrôler». Chaque jour il regrette son geste, dit-il. «C’était une stupide erreur de ma part.»

Quant aux reproches de viol, il les réfute en bloc et assure que leurs relations sexuelles ont toujours été librement consenties. «Si elle prétend le contraire, c’est qu’elle veut que j’écope d’une peine maximale», a-t-il avancé. Et de décrire une vie de couple idyllique, sans jamais aucune dispute. «Mais alors pourquoi a-t-elle voulu se séparer de vous?» a demandé la présidente. «C’est parce que les enfants ne s’entendaient pas.» Lui-même n’a pas eu de problème avec cette séparation, n’a jamais espionné sa compagne par la suite, ne l’a même jamais contactée contre sa volonté. De toute manière, à l’époque des faits qui lui sont reprochés, «j’avais trouvé une nouvelle compagne».
Le verdict de ce procès est attendu mercredi.

Mots clés: Bienne, Tribunal, assassinat

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