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Géothermie profonde

Il n’y a pas de quoi s’inquiéter

Préoccupé par le projet prévu dans la commune jurassienne de Haute-Sorne, Dave von Kaenel avait interpellé le gouvernement

Le premier forage en profondeur dans la commune de Haute-Sorne est prévu en 2017. Archives-Keystone

Philippe Oudot

Par souci de protéger les sources et les nappes phréatiques d’eau potable, le canton de Berne applique une politique très restrictive s’agissant des forages pour l’installation de sondes géothermiques. En particulier dans l’Arc jurassien. Celles-ci sont en effet «interdites sur pratiquement tout le territoire du Jura bernois», constatait le député Dave von Kaenel (PLR, Villeret), dans une interpellation déposée en octobre dernier.

Une pratique restrictive qui n’a pas cours de l’autre côté de la frontière cantonale, puisque «le Gouvernement jurassien a donné son feu vert au projet pilote de géothermie profonde dans la commune de Haute-Sorne», observait-il. Pour atteindre les températures nécessaires, il s’agira de forer jusqu’à une profondeur de 4000 à 5000m. Un premier forage en profondeur est prévu en 2017, une fois qu’un réseau de surveillance sismique aura été mis en place.

Risques de pollution

Si les risques sismiques sont bien connus – en témoignent les expériences bâloise et saint-galloise –, «nous n’avons par contre pas d’information sur les éventuels bouleversements hydrauliques profonds, par exemple le siphonnage ou la pollution des nappes phréatiques profondes environnantes», observait l’élu du Vallon.

D’où son inquiétude, sachant que la commune de Saint-Imier envisage d’investir quelque 25 millions de francs pour mettre en valeur le puits profond des Sauges et améliorer son réseau de distribution des eaux, dont une conduite alimente les communes des Franches-Montagnes.

Tout en admettant que la géothermie profonde dans laquelle le canton du Jura semble vouloir s’engager est sans doute une piste à étudier, il se disait étonné du silence du Conseil exécutif à ce propos, alors qu’«il soutient sans réserve l’initiative ‹Stop fracking› visant à interdire les forages par fracturation hydraulique».

Aussi voulait-il savoir si les spécialistes en hydrologie et en géologie du canton avaient été mis au courant – ou mieux, consultés – concernant ce projet, «sachant que la géologie hydraulique ne suit pas forcément les frontières cantonales». Si ce forage devait provoquer un séisme et endommager des bâtiments du canton, il voulait savoir qui paierait les dégâts. Dans le même ordre d’idée, il demandait qui passerait à la caisse en cas de pollution de la nappe phréatique du puits profond des Sauges.

Pas de danger

Le projet de la Haute-Sorne repose sur la technologie pétrothermale, explique le gouvernement. Cela signifie que «sur le dernier tronçon du forage, à plusieurs kilomètres de profondeur, la roche est brisée par fracturation hydraulique». Mais si la technique ressemble à celle utilisée pour extraire le gaz de schiste, elle ne recourt quasiment pas aux produits chimiques. «Le projet ne présente donc aucun danger pour la qualité des eaux souterraines dans le canton de Berne», assure le Conseil exécutif.

En effet, explique-t-il, les forages atteignent une profondeur bien supérieure à celles des eaux souterraines utilisées pour l’eau potable. «Qui plus est, la distance entre la Haute-Sorne et les captages d’eau potable dans le Jura bernois est suffisamment importante pour exclure toute atteinte».

Par ailleurs, poursuit le gouvernement, il n’y a pas de liaison directe entre les eaux souterraines utilisées situées dans des roches karstiques à relativement faible profondeur, et les couches géologiques forées à plusieurs kilomètres dans le sous-sol de la commune de Haute-Sorne.

Enfin, si les spécialistes du canton en hydrologie et en géologie n’ont pas été consultés à propos du projet jurassien, le Conseil exécutif rappelle que les standards de protection et de sécurité sont bien plus élevés pour des forages en profondeur que pour les forages de sondes géothermiques.

Le principe du pollueur-payeur

S’agissant des responsabilités en cas de dommages causés à des bâtiments sur territoire bernois provoqués par des secousses sismiques dues à ces forages profonds, le gouvernement indique que ce serait de la responsabilité de l’entreprise Geo-Energie Jura SA, en charge de ces travaux. Elle aurait également à répondre des éventuels dommages sur le nouveau captage d’eau potable aux Sauges en cas de pollution des eaux souterraines, s’il s’avérait que ses forages en étaient à l’origine.

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