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Photographie

Il signe en format panoramique vertical

Le Bernois Ulrich Ackermann consacre un livre aux arbres.

De gauche à droite: peuplier blanc en été; un hêtre commun au printemp et un hêtre commun en automne. Photo:Ulrich Ackermann

Jean-François Albelda

L’horizontalité, c’est la grammaire de base du regard. Celle que l’on acquiert dès la station debout, quand se forge en soi la conscience de l’espace. Le paysage qu’on embrasse des yeux, la vision panoramique, l’écran de télé ou de cinéma, le seize-neuvième. La verticalité, c’est presque une violence faite aux sens. En tout cas, c’est une désorientation, une perspective forcée, qui force à observer autrement, hors des repères intégrés depuis toujours.

Des prises de vue uniques en leur genre
C’est cette orientation plutôt rare dans sa profession, surtout pour un photographe de nature, qu’a choisie de développer depuis plus d’une dizaine d’années le Bernois Ulrich Ackermann. «C’est ma signature, je pourrais dire, ce format panoramique vertical», acquiesce-t-il. Une signature qui a fait sa marque et son succès international, surtout suite à la publication de «Dolomites verticales - Une perspective insolite», des vues réalisées par hélicoptère du massif italien uniques en leur genre. «J’avais aussi réalisé un ouvrage de ce type dans le Chablais, ‘Trient/Mont-Blanc, à tire d’aile’», ajoute-t-il.

Les pieds sur terre
La découverte de ce format, Ulrich Ackermann la doit à l’achat un peu fortuit d’un appareil analogique Hasselblad XPan dans un marché de deuxième main à Vevey, qui permet de choisir un format panoramique 24x65. «J’ai fait mon apprentissage dans les années 70 et l’analogique m’a toujours fasciné. La première idée qui me soit venue, avec cet appareil, ç’a été de faire des vues d’avion différentes de ce tout qu’on pouvait voir d’habitude, donc verticales.» Dès lors, Ulrich Ackermann se spécialise, et effectue des reportages dans le monde entier, en Alaska, dans les Dolomites, en Norvège.

Pour son dernier ouvrage, le photographe a de nouveau choisi d’inverser la perspective, et lui qui travaillait généralement depuis l’habitacle d’un avion, a cette fois-ci travaillé les pieds bien plantés dans la terre ferme. «Avec mon père, enfants, mon frère et moi étions très souvent dans la nature. J’ai une fascination pour les arbres, ils m’inspirent une stabilité tranquille, ils nous survivent généralement, résistent aux tempêtes... Quand on est à leur pied, on lève forcément la tête pour contempler leur couronne. La verticalité fait déjà partie du rapport qu’on entretient avec eux. C’était logique pour moi de travailler sur ce thème.»

Dimension symbolique
Ulrich Ackermann a ainsi entrepris de capturer différentes essences des régions suisses, en suivant le fil des saisons, et, contrairement aux vues aériennes, forcément globales, de considérer les arbres dans leur individualité.

Sur des textes de l’auteur romand Jean-Pascal Ansermoz, «Arbres - Baüme» offre une vue intime et poétique de la forêt et de la diversité des teintes et des textures qui l’habitent. Et la verticalité du format rejoint ici une verticalité symbolique évidente, des racines au ciel, le cycle vital, de la sève printanière au sommeil hivernal.

A noter encore qu’Ulrich Ackermann, membre depuis deux ans de la Royal Photographic Society d’Angleterre, a été invité à présenter son projet sur les arbres au siège londonien de la société fondée en 1851. Une jolie preuve du rayonnement de ce photographe atypique, qui a trouvé une façon nouvelle de présenter le panorama national. £ le nouvelliste

 

«Arbres - Baüme, préface de Silva Semadeni;  éditions Infolio. Plus d’infos sur:www.fotolangformat.ch

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