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Activités décoiffantes (2)

Immersion hivernale

La rédaction du JdJ a testé pour vous diverses excursions originales faisables en hiver. Si la plongée évoque généralement les mers chaudes, elle reste néanmoins praticable sous nos latitudes.

La plage de Boudry est l’un des sites de plongée les plus prisés en Suisse romande grâce à son accessibilité et ses objets immergés. Daniel Germanier

Maeva Pleines

Un matin froid et embrumé. Rien de bien étonnant pour Bienne en hiver. Ce n’est en tout cas pas le genre de journée où l’on s’imagine sortir ses palmes et son masque pour aller piquer une tête... et pourtant, le programme de la journée consiste justement à se plonger dans les profondeurs du lac de Neuchâtel. Avec une combinaison étanche, certes. N’empêche qu’au téléphone, l’instructeur de Sub-Sport n’a pas manqué de me prévenir de prendre des habits de rechange «au cas où». Ah.

«En principe ça ne devrait pas arriver», me rassure Daniel Germanier, lors de notre rencontre. «Le problème du matériel de location, c’est qu’il n’est pas toujours exactement ajusté, il peut donc y avoir quelques petites fuites aux poignets ou au niveau du cou.» Le moment de l’essayage représente donc une étape clé du succès de mon entreprise. J’enfile la combinaison intégrale avec l’élégance d’une sardine hors de l’eau. Au moment de faire passer la tête, j’ai l’impression de sortir du ventre de ma mère tant l’orifice est serré. Un bon signe, je suppose, pour l’étanchéité de mon immersion.

Meilleur site de Romandie

Equipés de la fameuse combinaison étanche, d’une cagoule bien serrée, de gants, de palmes, d’un masque, d’une bouteille pleine d’air, d’un gilet et de poids, nous voilà partis en direction de la plage de Boudry. «Un des meilleurs sites de plongée en Suisse romande. La visibilité y est meilleure qu’à Bienne, où l’Aar amène de la vase qui trouble l’eau», m’avise Daniel. «L’entrée dans l’eau peut facilement se faire depuis la plage. On y trouve ensuite des profondeurs différentes, adaptées à tous les niveaux... et on peut rencontrer quelques objets insolites», ajoute-il mystérieusement.

Ni une, ni deux, nous entrons dans une eau à moins de dix degrés. J’ai un peu l’impression d’étouffer avec la cagoule qui étreint mon cou. «Ça va passer quand elle sera davantage mouillée», me promet mon guide. Il a raison. J’immerge ma tête dans l’eau glaciale et un mal de tête me prend instantanément. «Ça devrait aussi passer», souffle Daniel, avant de vérifier que nous sommes prêts à véritablement commencer notre plongée.

Problèmes techniques

Hé non, faux départ! En essayant de descendre à quelques mètres de profondeur, je me rends compte que je ne suis pas assez lestée, ce qui me fait flotter comme une bouée maladroite. Bon prince, Daniel va me chercher un poids de plus qui devrait nous permettre de pénétrer le monde aquatique qui nous attend patiemment.

La deuxième tentative devrait être la bonne... à moins que, non! Voilà que mes palmes se font la malle à cause de la taille à peine trop grande de la combinaison. Je me sens de moins en moins gracieuse, moi qui espérais secrètement maîtriser rapidement l’art de la plongée étanche, grâce à mes nombreuses années d’expérience en mers chaudes. Mais après avoir remis tout mon matériel en place, le moment est enfin venu de descendre découvrir les secrets du lac.

Ecrevisse et brochets

Je ne suis pas déçue: à quelques mètres seulement m’attendent deux brochets scintillant gracieusement dans le bleu vert des profondeurs. Non loin, une petite perche tente de se cacher entre les algues qui tapissent le fond. Trois coups de palmes plus tard, nous croisons ensuite le chemin d’une écrevisse peu farouche. «Plutôt pas mal», me dira plus tard mon instructeur, «car, en hiver, on rencontre moins de vie dans le lac. En été, on peut par exemple observer des anguilles qui sortent chasser le soir, ou encore des bancs de perches. Mais en hiver, elles descendent plus profondément.»

Une chose est sûre, on ne s’attend pas à rencontrer des requins dans cette eau douce. Quelle ne fut donc pas ma surprise, lorsqu’à 20mètres de profondeur, nous tombons face à face avec un spécimen digne des dents de la mer. Hors de l’eau, Daniel m’expliquera que plusieurs clubs de plongée se sont amusés à immerger des statues et autres artefacts pour rendre les sorties plus ludiques. «Malheureusement, maintenant ce n’est plus trop légal», conclut-il.

La surprise passée et la séance photo terminée, nous pouvons entamer la remontée. En combinaison étanche, il faut anticiper le changement de pression qui fait s’étendre l’air dans la combinaison. Il convient donc de lever le bras gauche pour que l’air puisse s’échapper à travers une purge automatique. Faute de quoi l’ascension pourrait se faire comme un ballon... ce qui n’est pas recommandé.

«Tu t’en es bien sortie», me gratifie Daniel. Je dégusterais mieux le compliment si je n’avais pas l’impression d’avoir perdu l’usage de mes doigts, tétanisés par le froid après près d’une heure dans l’eau. Grelottante, je découvre que mes habits de rechange sont finalement bien utiles. Daniel me parle avec des étoiles dans les yeux des sorties de son club pour plonger sous glace. L’univers aquatique promet en effet un moment hors du temps avec des sensations d’apesanteur... mais, pour l’instant, je ne rêve que d’un bain chaud.

Mots clés: plongée, Activités, Fun, hiver, lac

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