Vous êtes ici

Abo

Moutier

A la fin, il n’en est resté qu’un

Engagé pour le maintien de la ville dans le giron bernois quand il en était encore question, Francis Pellaton l’est encore, engagé, mais pour les citoyens qui l’ont élu au Législatif.

Mi-2016, un inconnu de la politique se présentait pour la mairie, défiant Marcel Winistoerfer (à g.). Son nom: Francis Pellaton. Archives Stéphane Gerber

Par Dan Steiner

Bien que le vote communaliste ait eu lieu le 28mars, ce n’est pas le lundi26avril que les membres «anti-autonomistes», comme notre interlocuteur les appellent, ont déserté le Législatif, mais le 28 juin seulement. «Nous vous souhaitons bonne chance puisqu’il vous en faudra beaucoup afin de sortir Moutier de l’impasse dans laquelle la Ville est plongée», avait lancé l’Ensemble-Prévôtois. Tous s’étaient levés et avaient quitté la Sociét’halle. Sous les vivats des conseillers restants, cela va sans dire.

Tous, sauf un: Francis Pellaton. Que nous avions oublié de mentionner, lui qui était resté sagement assis sur la scène, en bon scrutateur. L’émotion, sans doute. «On ne peut pas laisser tomber tous les gens qui ont voté pour les antiséparatistes», s’est dit le seul représentant de Moutier à venir au Conseil de ville. «Déjà lorsque je me suis présenté à la maire, des gens me demandaient: ‹Mais qu’est-ce que l’on va devenir?›»

De toute façon minorisés

Enfant de la cité, mais loin d’être un politicard, l’ancien géomètre devenu conducteur de travaux avait pris tout le monde de court, mi-2016, en se mettant en lice, à la der, pour la succession du maire, Maxime Zuber. Décision mûrement réfléchie, elle n’avait pourtant été communiquée à sa famille que dans les heures qui avaient précédé la fermeture du bureau municipal... «J’ai vu que personne ne souhaitait s’attaquer à Marcel Winistoerfer; je ne me voyais pas laisser les séparatistes lui dérouler un tapis rouge. Mais j’ai refusé toute aide des partis politiques, je voulais y aller seul.» Et il s’est logiquement cassé les dents sur l’électorat prévôtois: 695 voix contre 1696 à l’élu PDC (70,9%). Mais il a remis le couvert, fin 2018. S’il n’a pas été plébiscité pour l’Exécutif (180 voix seulement), il a fait son entrée, dès janvier suivant, au Conseil de ville.

Et il compte bien continuer d’y siéger activement. «Quoi qu’on dise, on était de toute façon minorisés», soupire notre homme aux 73 printemps. «C’est clair que je ne fais pas le poids, surtout au niveau de ce qui est cantonal, mais, dans la commune de Moutier, il y a toujours la possibilité de se faire entendre.»

Et même si la prochaine séance du Conseil de ville est d’ores et déjà annulée, faute de matière – la prochaine sera celle du budget et de la planification financière 2021-2026, le 6 décembre –, Francis Pellaton attend de pied ferme des réponses. S’il n’avait pas pipé mot au niveau politique jusqu’à sortir une candidature à la mairie de son chapeau, il s’est bien rattrapé depuis son élection.

Plus là en 2023 ni ensuite?

Récemment, il s’est encore fendu d’une interpellation concernant l’hôpital, curieux qu’il est de savoir dans quelle mesure la construction possible d’un nouvel établissement à Delémont (Le JdJ du 14 septembre) allait impacter celui de la Prévôté. «Je vais continuer de déposer des interpellations – pas de motions ou de postulats, ça prend trop de temps – au sujet de dossiers qui traînent et de certaines façons de faire.» Ecole ménagère ou rénovation de la piscine, certains dossiers impliqueraient un manque de transparence, selon lui. «J’ai revu tous les procès-verbaux depuis cinq ans. C’est une honte, une honte la façon dont cette ville a été gérée», s’étrangle-t-il. «Mais qu’est-ce que vous voulez, ils ont toujours tout fait en catimini.»

Après ça, Francis Pellaton aura fait son temps. Quatre ans seulement, certes, mais quelle législature animée! Quoique. Pour Moutier, c’est plutôt le train-train. «D’ailleurs, notre groupement va se dissoudre. A moins que...» glisse-t-il à propos de Moutier à venir, composé de cinq petits éléments. Mais qui dit qu’une autre surprise n’est pas prévue, quelques minutes avant la fin du dépôt des listes, à l’automne 2022...?

Une fois Moutier dans le Jura, la ville devrait perdre au moins un habitant. Partisan de la troisième voie, il fut un temps pour ce qui est de la Question jurassienne, Francis Pellaton a glissé d’un côté. «Un transfert au 1er janvier 2024, je n'y crois pas.»

Hockey et canoë

Si une bonne partie du petit monde politique prévôtois ne connaissait pas le nom de Francis Pellaton avant sa course à la mairie, nul doute qu’il n’était pas un corps étranger dans le giron sportif. Durant plusieurs années, sous la présidence de feu Georges Rebetez, un ami, il s’est décarcassé avec un groupe de personnes de bonne volonté pour financer les activités du HC Moutier. «On ramenait 120'000 à 140'000 fr. par année de sponsoring», assure-t-il. Et puis de canne de hockey on glisse vers canoë. «Dans les grandes années, on organisait le derby de la Birse, entre Moutier et la Charbonnière.»

 

Articles correspondant: Région »