La part belle à la chanson française

Gérard Stegmüller

Fin d’un insoutenable suspense. Depuis hier après-midi, on sait tout du Chant du Gros 2016. Les organisateurs ont opté pour une formule qui a fourbi ses preuves:une grande place à la chanson française, des groupes et artistes renommés. Thiéfaine, Louise Attaque, Mickey 3D, le couple Souchon-Voulzy,Zazie,Patrick Bruel pour ne citer que les plus connus:ces pointures auront droit à une part du gâteau du 25e anniversaire du festival du Noirmont (7-10 septembre).

Sous hypnose, on en oublierait presque la venue de Manu Chao pour un concert unique le mercredi. De l’oxygène, vite! Heureusement qu’outre un festival, le village franc-montagnard abrite une clinique où l’on soigne les malades du cœur victimes d’un violent choc.

Les Anglais? T’oublies!
Le Chant du Gros, lui, se porte à merveille. Avec l’expérience, on a appris à cerner Gilles Pierre. Au moment de dévoiler la programmation 2016, le boss a planté un décor connu: «Cela devient toujours plus compliqué. D’année en année, le public s’attend à du plus gros. Muse, Madonna, où je ne sais qui, qui demandent des cachets dépassant le million et que nous ne pourrons jamais nous offrir. Il y a toujours plus de festivals. Le marché de la musique a explosé. Il y a 25 ans, pour mettre sur pied un festival, il fallait être un marginal. Aujourd’hui, tout le monde veut des concerts devant sa porte. Et comme la demande fait l’offre...»

Le patron n’a pas tourné en rond très longtemps:«La chanson française, c’est ce qui fonctionne le mieux dans la région. Ici, tu assures plus rapidement une soirée à guichets fermés avec Bénabar qu’avec Status Quo. C’est comme ça. Aussi, les groupes ou artistes français sont connus évidemment en France, en Belgique, au Québec et en Suisse romande. En dehors, ils sont peu nombreux à avoir la cote. Tandis que les Anglais sont demandés de partout. Programmer un festival en septembre peut représenter un désavantage. Ceux qui tournent en juin, juillet, août n’ont pas envie de convoquer une quarantaine de gaillards juste pour un événement. Avec les Anglais, impossible de négocier. Tandis qu’avec les Français, on peut parfois se faufiler, jouer des coudes...»

Entre deux clopes, Gilles Pierre reprend: «La programmation constitue un doux mélange. Elle n’a sûrement rien de crédible, mais c’est justement ce que l’on recherche. Des découvertes, des routiniers, qui offrent de véritables moments de partage. Avec la gratuité des enfants de moins de 16 ans accompagnés d’un adulte, il est fréquent que l’on réunisse trois générations le même soir:le gosse, les parents et les grands-parents. Magique!»

Paléo bon joueur...
Vingt-cinquième anniversaire oblige, les organisateurs avaient promis qu’ils allaient frapper à la porte d’artistes ou groupes qui s’étaient déjà pointés au Noirmont. C’est le cas d’Hubert Felix Thiéfaine, Rover, Alain Souchon, Mass Hysteria, Keziah Jones, Patrice , des Tambours du Bronx et de Carrousel. Le duo jurassien aura l’honneur de la grande scène en ouverture le samedi.

Le boss: «On aurait bien voulu avoir à nouveau Roger Hodgson. Son passage en 2012 fut somptueux. Une communion avec le public s’était installée. Mais ce n’est que partie remise.»

Les gens de Paléo sont des chics types. Ils ont accepté de partager leur «exclusivité» suisse avec leurs potes du Chant du Gros, permettant la venue dans le Jura du duo Alain Souchon-Laurent Voulzy et de Louise Attaque.

Les trois dernières éditions du Chant du Gros ont affiché complet. Evidemment, les stratèges noirmoniers espèrent qu’il en ira de même cette année. «Et si on n’ y arrive pas, ce ne sera pas un drame», confesse Gilles Pierre, persuadé que le jeudi marchera aussi bien que les deux autres soirs.

Ah oui:juste avant Bruel, il y a un feu d’artifice...