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La technique, c’est tout sauf rébarbatif

Le projet «STIM en route», qui fera le tour du canton, entend éveiller l’intérêt des écoliers aux phénomènes techniques et scientifiques en leur présentant de manière ludique des expériences et des objets à explorer. Objectif: les pousser – notamment les filles – à s’intéresser aux métiers techniques et manuels.

Avec son projet «STIM en route», le canton veut éveiller l’intérêt des écoliers aux sciences et à la technique dès le niveau primaire. Keystone

Par Philippe Oudot

«La curiosité, l’enthousiasme, l’envie de découvrir sont inhérents aux jeunes enfants. Malheureusement, ces élans s’éteignent trop souvent jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire. Ce projet ‹STIM› a justement pour but de développer leur curiosité pour la découverte», a souligné Christine Häsler, directrice de l’Instruction publique et de la culture (DIP), en présentant aux médias le projet «STIMen route». C’était hier à Berne, sous la tente mobile dressée dans la cour de l’école du Marzili, à Berne, et qui sillonnera le canton ces six prochaines années.

En collaboration avec les milieux économiques, la DIPveut en effet susciter l’intérêt des écoliers de la 5e à la 8e H pour phénomènes techniques au travers d’expériences dans le domaine des sciences. Objectif visé, à terme:lutter contre la pénurie de spécialistes dans les domaines STIM, acronyme pour science, technologie, ingénierie et mathématiques.

Tous égaux
En fait, a constaté la conseillère d’Etat, «de nombreux jeunes considèrent les sciences naturelles, les mathématiques et les matières des STIM comme sèches, abstraites et difficiles». Notamment les filles, qui manquent de confiance en leur potentiel, sous-estiment leurs capacités en sciences et considèrent que la technologie et la physique sont des fiefs masculins. Du coup, s’intéressant moins à ces branches, elles obtiennent de moins bons résultats dans les tests. 

Or, une étude à large échelle de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich a montré que filles et garçons avaient un potentiel identique: lorsque l’enseignement est centré sur l’exploration et la recherche, les deux obtiennent des résultats comparables. Sachant qu’à15 ans, de nombreux jeunes ont déjà une idée déjà bien arrêtée sur leur futur choix professionnel, il est donc important d’éveiller au plus tôt leur intérêt aux domaines des STIM, afin de renforcer l’égalité des chances, a souligné Christine Häsler. Elle a en effet rappelé qu’aujourd’hui, près de 70%des femmes choisissaient une profession qui exige peu de compétences en mathématiques.

Allez les filles!
Pour ce projet, le canton, où l’on dénombre beaucoup d’entreprises à orientation technique, notamment dans les métiers manuels, peut compter sur l’appui de l’économie, qui peine à recruter les spécialistes et praticiens dont elle a besoin. D’où la volonté affichée d’attirer davantage de filles dans les métiers des STIM. Dans le domaine informatique, par exemple, a rappelé la directrice de la DIP, les femmes ne représentent que 10% des personnes terminant une formation professionnelle et la situation est encore pire dans le secteur des machines ou de la microtechnique, où elles ne sont que 5%.

Afin de permettre aux enseignants d’accompagner la démarche, ils devront suivre une formation continue sur le projet STIM. Vu l’importance du rôle des parents dans le choix du métier de leurs enfants, une rencontre sera organisée avec eux àla fin de chaque semaine, a-t-elle précisé.

Avec l’économie
Le coût du projet sur la période prévue de six ans devrait avoisiner 2,5mios de francs. Le canton a pu compter sur le soutien de sponsors, dont les deux principaux sont Schöni Transporte AG (voir ci-dessous)et BKW. CEOdu groupe énergétique, Suzanne Thoma a souligné que pour relever les défis auxquels le monde était confronté – changement climatique, transition énergétique, numérisation, etc. –, sciences et technique jouaient un rôle central. Des métiers ouverts aussi bien aux hommes qu’aux femmes, a-t-elle insisté, en témoigne son propre parcours: «J’ai eu le privilège de grandir dans une famille passionnée de technologie. Et grâce à ses cours passionnants, mon professeur de chimie a déclenché l’étincelle qui continue de m’animer et qui fait que je suis devenue ingénieure en génie chimique», a-t-elle indiqué.

Mais pour les enfants qui n’ont pas la chance de se frotter si précocement au monde de la technologie, «le projet STIMpermet de démanteler les barrières qui les empêchent d’accéder à ce monde», a-t-elle poursuivi. «Pour que des filles et des garçons, des jeunes femmes et des jeunes hommes choisissent une carrière dans les sciences naturelles ou techniques, nous devons éveiller leur curiosité, et c’est justement l’objectif du projet STIM.»

 

La tente s’en ira aux quatre coins du canton

Concrètement, le projet «STIM en route» se présente sous la forme d’une grande tente igloo qui, dès la rentrée scolaire, en août, sillonnera tout le canton. Il s’inspire d’un projet lucernois, qui connaît un grand succès depuis plusieurs années. Comme l’a souligné Christine Häsler, un projet pilote a été mené à l’école de Melchnau, en juin 2019. «Lors de ma visite, j’ai pu constater l’enthousiasme des élèves à mener ces expériences et à trouver par eux-mêmes les réponses.»

Dès la rentrée, les écoles primaires du canton pourront donc faire venir la tente durant une semaine et permettre ainsi aux classes d’explorer les phénomènes scientifiques de manière ludique au travers de 11 expériences présentées sous la tente. Par exemple, une station de pompage cardiaque permet d’expérimenter les performances du cœur humain en pompant du sang à la main. En pédalant sur un vélo, on voit comment l’énergie cinétique se transforme en électricité, etc. On y découvre pourquoi les oiseaux peuvent se poser sur des lignes électriques sans danger. Des boîtes thématiques se rapportant à divers domaines des STIMpermettront en outre d’approfondir les expériences dans le cadre de l’enseignement. Le projet «STIMen route» est prévu sur une durée de six ans et devrait toucher jusqu’à 2700 classes. Si le programme démarre dans la partie alémanique du canton, les petits francophones devront faire preuve d’un peu de patience et attendre la rentrée scolaire d’août 2023 pour voir la tente de «STIMen route»faire halte dans la cour de leur école. Soulignant que le Jura bernois et la région biennoise abritent de nombreuses entreprises techniques, la conseillère d’Etat a dit ne pas douter de l’intérêt que suscitera le projet dans la partie francophone du canton.

 

A la pointe pour réduire les émissions de CO2

Directeur général de Schöni Transport AG, Daniel Schöni a dit avoir été séduit par ce projet: «J’ai donc décidé de le soutenir en mettant à disposition un de mes camions pour transporter la tente.» Mais pas avec n’importe quel camion. Celui-ci roule en effet au biodiesel. «Depuis plusieurs années, je veille à réduire les émissions de CO² de mes camions. D’ici à 2023, mon parc de véhicules sera neutre du point de vue des émissions de CO², car il roulera entièrement au biodiesel ou à l’hydrogène.» Il profitera aussi de ce projet pour sensibiliser les écoliers au problème de l’angle mort.

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