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Tramelan

L’autiste qui murmurait à l’oreille des chevaux

La Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme a lieu demain. Témoignage d’une mère, qui a consacré sa vie à son fils handicapé.

Marie-Jo Berset et son fils, Paul Loosli, sont très complices. La maman l’accompagne au quotidien. Elle a refusé de le mettre dans une institution spécialisée. Photo: Aude Zuber

Aude Zuber

L’autisme est une réalité très présente. Une personne sur 150 est touchée dans le monde. Paul Loosli, de Tramelan,  est l’une d’entre elles. Le jeune homme, 21 ans, a été diagnostiqué à l’âge de trois ans. «J’ai assez vite compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez mon fils. A 12 mois, il ne bougeait pas, ne marchait pas et ne s’intéressait à rien ni à personne», explique la maman, Marie-Jo Berset. Les parents de Paul ont alors amené leur enfant chez des spécialistes suisses. «Les docteurs sont restés très évasifs. Ils ont dit que Paul avait un problème, certainement grave, mais ils n’avaient pas de solution et ont proposé d’attendre pour voir comment il évoluerait. C’était très inquiétant, car je ne savais pas contre quoi me battre», confie la Tramelote.

Sans hésiter, Marie-Jo Berset est partie avec son fils aux Etats-Unis pour établir un diagnostic et se former à une thérapie encore inexistante en Suisse. «Une connaissance m’a parlé de la méthode ABA – Analyse Comportementale Appliquée – et des succès qu’elle avait rencontrés auprès de jeunes enfants autistes américains. Cela m’a redonné espoir et beaucoup d’énergie, car cette méthode pouvait faire progresser mon fils et me donner un moyen d’entrer en communication avec lui», s’exprime Marie-Jo Berset.

Un appel à l’aide
De retour en Suisse, Marie-Jo Berset a lancé un appel à l’aide à travers différents médias du pays. «J’avais besoin de renforts pour me relayer auprès de mon fils et appliquer la thérapie ABA», raconte-t-elle. Son message a été entendu. De manière bénévole, plusieurs personnes, très déterminées, sont alors venues aider son fils. Et la maman de déclarer: «J’ai formé une équipe de six personnes. Ensemble, jour après jour, nous avons accompagné Paul. Une magnifique histoire d’amitié s’est établie entre nous». Aujourd’hui encore, certaines d’entre elles sont présentes dans la vie de Paul. Composée de personnes formées, la thérapie ABA a ainsi pu être appliquée dans des conditions optimales.

Il s’agit d’une approche comportementale basée sur l’intervention intensive dans les apprentissages. Les enfants autistes n’acquièrent pas spontanément les compétences orales et motrices, mais certaines conditions doivent être mises en place pour qu’ils puissent apprendre à apprendre. C’est pourquoi de nombreux exercices ont dû être réalisés avec Paul. «Nous avons fait beaucoup d’assemblages, d’imitations et d’exercices de langage. Par exemple, il devait reconstituer des paires, notamment en retrouvant la chaussette correspondante», explique Marie-Jo Berset. Puis, progressivement, ces exercices effectués d’abord à son domicile ont été généralisés à des situations issues de la vie quotidienne.

Un don avec les animaux
Marie-Jo Berset n’a pas souhaité mettre Paul dans une institution spécialisée. Elle a demandé l’autorisation pour lui faire l’école à la maison. «Le matin, je lui donnais diverses leçons et l’après-midi était dédiée aux activités sportives et aux loisirs», raconte-t-elle.

Aujourd’hui, Paul est un jeune homme actif. Il partage de nombreuses activités régulières avec ses amis: footing, ski de fond, aquagym, vélo et équitation. Les animaux, ça le connaît! Sa professeure d’équitation, qui le suit  depuis 17 ans, affirme qu’il a un don avec les animaux. «La thérapeute équestre m’a raconté qu’il parvenait toujours à calmer le cheval ou à le motiver, simplement en lui parlant et en le caressant. Paul a vraiment le feeling avec les bêtes», relate Marie-Jo Berset, en montrant à l’écran de son portable une photo de son fils avec son chat. La tendresse et la complicité que reflète l’image est flagrante. Sa maman ajoute avec fierté: «Vous savez, il a même appris à marcher avec son chien.»

Quel bilan tire-t-elle quant aux progrès réalisés par son fils? La maman se dit particulièrement fière des compétences orales et de communication qu’il a acquises. «Paul maîtrise le langage et pourtant au départ, ce n’était pas gagné. C’est un joli succès», s’exclame Marie-Jo Berset. Paul se distingue par son extrême gentillesse et sa sociabilité. «C’est magnifique de voir Paul intégré à la communauté. A Tramelan, tout le monde le connaît et l’apprécie». Le milieu et l’encadrement mis en place ont porté leurs fruits. «Le respect et la valorisation, qui ont été le moteur de toutes ces années de travail et de stimulation, ont aidé Paul»,  sourit  la maman.

 

Info+:
Marie-Jo Berset a créé, en 2001,  l'association «Les Ailes de l’espoir» qui aide les enfants handicapés et autistes marocains, où la thérapie ABA est promue.
voir sur www.les-ailes-de-lespoir.ch

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