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Tramelan

Le directeur quitte les bancs d’école

Après 46 années passées au service de l’enseignement, Gérard Gagnebin prend sa retraite.

Clap de fin d’une remarquable carrière de directeur et d’enseignant pour Gérard Gagnebin. Photo:MSB

Michel Bourqui

Figure emblématique de la cité tramelote et plus particulièrement de la vie scolaire, Gérard Gagnebin tournera définitivement, à la fin du mois, la page de son grand livre de l’enseignement. Un véritable patchwork haut en couleur que les 46 ans de carrière qu’il a voués entièrement à l’école et dont on pourrait en écrire des pages.Tramelot pure souche, Gérard Gagnebin a effectué toute sa scolarité à Tramelan avant de suivre avec succès les études de l’Ecole normale de Porrentruy, de 1967 à 1971. L’école, en quelque sorte un virus dans sa famille, puisqu’autant son épouse que ses deux filles ont également plongé dans l’enseignement.

A la direction des écoles
Diplôme en poche, Gérard Gagnebin embarque en avril 1971 à la plus haute école de la région, soit Les Reussilles, à 1034mètres d’altitude. Titulaire de classes à plusieurs degrés, il a jusqu’en 2005, soit durant 34 ans, donné une âme à cette école à laquelle il était particulièrement attaché. Pour preuve, en 1981, alors qu’il était candidat pour reprendre une 7e à Tramelan, il y a renoncé, le lien avec Les Reussilles étant trop fort.

Finalement sans jamais en avoir fait un objectif de carrière, Gérard Gagnebin quitte Les Reussilles et descend au village pour reprendre, début août 2005, la direction des écoles primaires et enfantines de Tramelan. En fait, un navire qu’il a mené à bon port durant douze ans avec à son bord 450 (marins) élèves, ainsi que 45 (officiers) enseignants, dont plusieurs à temps partiel.

Des évolutions
Quand on lui demande de jeter un œil dans le rétro de sa carrière professionnelle, le bientôt ex-directeur a le regard qui s’illumine. «Bien que l’école soit fatigante, éreintante et prenante, jamais elle n’a entamé ma motivation. A l’école, on touche à tout. Les relations, autant avec les élèves, leurs parents et les enseignants, sont très fortes. Le lot quotidien des difficultés est vite gommé par une simple poignée de mains ou un sourire de reconnaissance, qui motivent à aller de l’avant.»

Gérard Gagnebin évoque aussi tous les changements intervenus au cours de ces années. L’école passant du stencil à alcool à la photocopieuse thermique. La vénérable règle à calcul faisant place à la calculatrice puis, surtout, au règne de l’informatique. «Des adaptations certes motivantes, mais qu’il a fallu maîtriser par le biais de cours obligatoires et un gros travail pédagogique de groupe. L’école est finalement un laboratoire géant d’expériences et d’adaptations.»

Lieu de rencontres
Sa période de direction, il l’image comme être entré dans une machine à laver qui brasse dans tous les sens. «Une fonction exigeante où l’on ne compte pas ses heures. Pour moi, cela a été une centaine d’interactions journalières, des téléphones et rencontres avec les parents, les élèves et les collègues. La grande difficulté étant de répondre aux problèmes et attentes dont chacun veut une solution immédiate. On a, avec mes collaborateurs, certainement créé beaucoup de choses et fait avancer notre école reconnue pour être très active.»
La détresse courante de beaucoup d’enfants a surpris Gérard Gagnebin, triste quand il se remémore les moments douloureux de décès d’élèves et de parents qu’il a fallu assumer.

Pour lui, l’école reste le seul endroit où toutes les couches et catégories sociales se rencontrent et se confrontent. Pas moins de 24langues différentes sont parlées dans les écoles tramelotes multiculturelles. Des adaptations importantes par rapport aux deux parents travaillant ont par ailleurs dû se faire, et sont en cours, pour mieux accompagner les élèves, comme l’instauration des devoirs surveillés ou de l’assistant social scolaire.

Engagé pour la société

En plus de ses nombreuses formations professionnelles, Gérard Gagnebin a développé diverses compétences dans la musique ou le sport notamment. Clarinettiste de haut niveau, adepte de tennis et de course à pied, il s’est fortement engagé envers la société. Il a ainsi notamment dirigé l’Harmonie de la Croix Bleue. Il est vice-président des Petites Familles et président de l’Envol dont il a été le moteur de la constitution. Pendant huit ans, il a par ailleurs assumé la fonction de secrétaire d’un orphelinat au Tchad.

Gérard Gagnebin s’est particulièrement investi dans la rénovation de l’école de la Printanière et l’aménagement des places de jeux (Printanière et Ouest). Sans oublier son engagement syndical durant de nombreuses années au comité de la section francophone LEBE, devenu Formation Berne, ainsi qu’au comité de la Conférence des directeurs primaires de langue française, dont deux ans à la direction.

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