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Le gouvernement ne connaît pas le nombre de cas précis

Inquiets de voir les profs toujours plus souvent victimes d’épuisement professionnel, trois députés avaient interpellé le Conseil exécutif.

Chez les enseignants, les cas d’épuisement professionnel sont toujours plus nombreux. Archives

Philippe Oudot

Le monde de l’enseignement, les députés Peter Gasser (PSA, Bévilard), Pierre Amstutz (Les Verts, Corgémont) et Pierre-Yves Grivel (PLR, Bienne) le connaissent bien, eux qui sont ou ont été profs dans le Jura bernois ou à Bienne. Forts de leur expérience et de leur vécu, tous trois s’inquiétaient, dans une interpellation commune, du nombre de cas d’épuisement professionnel parmi les profs.

«Ces situations dramatiques sont préjudiciables pour l’entier du monde de la formation – en premier lieu, bien sûr, pour les enseignants», observaient-ils. Mais les élèves sont eux aussi pénalisés, parce qu’en l’absence de leur prof, ils sont pris en charge par des remplaçants. Or, ceux qui sont dûment formés sont rares, si bien qu’«il faut donc se rabattre sur des solutions provisoires». Résultat:les remplaçants sont débordés, et «leur travail ressemble dès lors plus à du gardiennage qu’à un véritable enseignement».

Par ailleurs, poursuivaient les trois élus, les directions d’école sont elles aussi touchées car lorsqu’elles trouvent le remplaçant, elles doivent souvent l’épauler, voire «l’accompagner ou intervenir pour garder un semblant de discipline».

Les trois députés demandaient donc au gouvernement des précisions à ce propos, à commencer par le nombre de cas d’épuisement professionnel recensés par type d’école, en indiquant, d’une part, l’âge des enseignants concernés, et d’autre part, le nombre de nouveaux cas au cours des dix dernières années.

Problème connu
Le Conseil exécutif est bien conscient du problème que pose le burn-out des enseignants, aussi bien pour ces derniers que pour le système scolaire en général. D’autant qu’avec l’hétérogénéité croissante des classes, le travail d’intégration que doivent effectuer les profs alourdit encore leur charge.

Cela dit, il indique que canton dispose d’un instrument appelé «Case management pour le corps enseignant» qui permet d’aider et de soutenir les profs absents pour une longue durée, afin qu’ils puissent reprendre ensuite leur activité.

«Le Case management suit en moyenne 200 à 250 personnes par année, mais nous ne connaissons pas le nombre d’enseignants victimes d’épuisement professionnel, ni son évolution au cours des dernières années», indique le gouvernement. Secret médical oblige, la Direction de l’instruction publique n’a en effet pas le droit de connaître le diagnostic précis des maladies dont souffrent ses collaborateurs.

Du coup, le gouvernement est également dans l’incapacité de calculer le montant des coûts générés par l’épuisement professionnel, comme le lui demandaient les trois mousquetaires. Quant à savoir combien de profs ont pu reprendre l’enseignement et combien ont dû se réorienter professionnellement, le Conseil exécutif indique que «le taux de réintégration du Case management est de 76%, toutes maladies confondues».

Mais faute de données précises sur les cas d’épuisement professionnel, le gouvernement ne peut évaluer le nombre de profs qui ont pu reprendre leur métier ou qui ont dû l’abandonner.

Dans leur interpellation, les trois élus demandaient encore au Conseil exécutif s’il pouvait donner les raisons les plus fréquentes conduisant à l’épuisement professionnel. «C’est souvent l’interaction de facteurs intrinsèques à la personnalité et de facteurs associés au type, au volume, aux objectifs et à la charge de travail qui déclenche des symptômes de burn-out et l’épuisement qui y est lié», souligne le gouvernement.

Mais certains traits de personnalité peuvent aussi jouer un rôle, comme le perfectionnisme ou un grand idéalisme, poursuivent Leurs Excellences. Acela s’ajoutent des comportements à risque, comme le présentéisme (fait de venir travailler quand on est malade).

Enfin, d’autres facteurs liés à l’environnement professionnel (manque de soutien, trop forte charge de travail, conflits avec les parents, etc.) peuvent également être des causes supplémentaires susceptibles d’entraîner l’épuisement professionnel dans le milieu enseignant, conclut-il.

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