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Sandra Müller Jennings

Le label kitsch suisse de la belle Canadienne

Avec ses «kitsch cakes» et un livre édité en trois langues, elle explose ses ventes à Evilard

Sandra Müller Jennings présente une de ses créations et son livre contenant 40 tutos et 12 recettes. Sarah Bittel
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Yves-André Donzé

À considérer son air volontaire, on comprend illico que Sandra Müller Jennings ne pouvait rester plus longtemps que l’adolescence, coincée à l’extrême pointe Nord du Nouveau Brunswick, en face de la Baie des Chaleurs, dans les Maritimes. Descendante de ces premiers colons écossais d’Acadie, elle est partie s’enrôler comme mécano diesel dans la marine des Forces armées canadiennes. Normal pour une fille canon.

Mais «watch out guys, je suis une tireuse d’élite médaillée», menace joyeusement la belle, issue de la seule province totalement bilingue du Canada, et de parents ayant une entreprise de pâte à papier.

Toujours plus à l’Ouest

N’étant donc pas le genre à rester collée comme du «crazy glue» au pays des cow boys du Far East, à gagner des kilos en avalant des Kraft Dinners, en gros à ne rien faire, elle tire une bordée de 1000km au nord, au Saguenay – Lac Saint-Jean, au Québec. Son but: entreprendre des études en hygiène dentaire, tout en enseignant l’anglais pour assurer l’alimentaire.

Puis elle pousse à 6000 km à l’ouest, à Kelowna en «Californie canadienne», comme elle dit, en Colombie britannique, comme hygiéniste dentaire et formatrice dans le plus grand fitness du monde.

Débarquée en Suisse en 1994 à l’âge de 19 ans, elle connaît son mari dans un fitness biennois. Ainsi gagnée par un officier de carrière du cru, qui a étudié la psychologie, elle ne retournera pas au Canada, comme prévu, au bout d’un an. Trois enfants plus tard et toujours aussi créative, elle se lance dans la fabrication de biscuits et gâteaux «customisés».

Une idée qu’elle a eue en suivant des cours de fabrication de biscuits maison durant une mission d’un an de son officier de mari Matthias Müller. Aujourd’hui, elle affirme qu’elle garnirait bien les cocktails du Tea Party. Ce serait assez sa tasse de thé. Mais ça, c’est une autre histoire.

Héritage d’outre-mer

Son fils, l’aîné, 11 ans, s’appelle Miles, comme Miles Davis, également comme tous les kilomètres que sa mère a déjà parcourus en 40 ans de vie. En bon «canayen», il est né avec un bâton de hockey dans les mains. Il fait partie des Mosi Top du HC Bienne. L’été, il participe à des camps de hockey à l’Ile-du-Prince-Edouard, proche du Nouveau Brunswick. «C’est un endroit où ils reçoivent non seulement un entraînement, mais aussi une éducation globale, une école de vie», précise Sandra Müller Jennings.

Deux ans plus jeune que son frère, le deuxième des enfants est une fille. Elle se nomme Reagan, en mémoire de Ronald Reagan, ancien président des Etats-Unis. Quant à la cadette, 7 ans, elle répond au nom de Timber Rand, toujours aux consonances du Nouveau Monde, peut-être une référence aux ressources forestières de la scierie familiale.

Sandra Müller Jennings croit aux méandres du destin. «Il faut du lâcher-lousse dans la vie, du lâcher-prise, pour rebondir. Si je n’avais pas enseigné à des jeunes militaires de mon âge, je ne serais jamais allée suivre le bootcamp de la HMCS (Her majesty canadian ships). Par exemple, le simple fait que j’ai raté de très peu un examen, je ne serais jamais allée dans l’Ouest et revenue systématiquement au Québec pour huit heures par semaine», affirme-t-elle. Elle croit aussi à la valeur auto didactique des tutoriels, ces guides textes images pour réaliser des logiciels, ici des gâteaux.

Elle en a réalisé des dizaines. Elle ne pensait pas que son entreprise allait flamber. La rencontre, à Bienne, de Christoph Blocher a été décisive: «Je lui avais dit que si je ne savais pas le Schwitzertütsch, je connaissais le Blochertütsch. Depuis que la fille de ce dernier, Miriam, propriétaire et patronne de Läkerli Huus, m’a encouragée en distribuant mes produits, j’ai explosé mes ventes», reconnaît la jeune patronne de Kitsch cakes qui emploie l’équivalent de quatre personnes à Evilard.

À 14 ans, elle jouait du piano et avait reçu un cake en forme de piano à queue. «C’était un gâteau juste pour moi. C’est extraordinaire de personnaliser un gâteau. Surtout si c’est Kitsch cakes qui le fabrique. Ou même vous», sourit Sandra Müller Jennings.

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