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Bienne

Le Lakelive n’a pas apporté la manne espérée

Le Lakelive festival a charrié de nombreux visiteurs au bord du lac durant neuf jours. L’occasion pour les bistrots des lieux de faire le plein? Les fortunes étaient diverses.

Photo Matthias Käser

Carmen Stalder (Traduction Marcel Gasser)

Organisée sur l’ancienne aire de l’Expo.02 et à la plage de Bienne, la première édition du Lakelive festival a attiré autour de 80000 visiteurs. Les organisateurs sont satisfaits de la fréquentation, même si les chiffres sont en deçà des attentes.

Certaines entreprises de la région ont tiré profit de cette manifestation, mais d’autres n’ont bénéficié d’aucune retombée. Que pensent, par exemple, les restaurateurs et les hôteliers de cette fête estivale? Sur le fond, le projet des trois organisateurs Lukas Hohl, Marcel Sallin et Fränk Hofer reçoit des louanges de tout bord. Le Lakelive apporte un plus à la région, et nul ne songe à empêcher la tenue d’une deuxième édition l’été prochain. Quelques entreprises annoncent des profits, mais pour beaucoup d’autres le chiffre d’affaires est resté le même.

C’est le cas du Lago Lodge, le bistrot situé directement au bord de la zone du festival. «Le Lakelive n’a pas eu beaucoup d’effet sur la fréquentation de notre restaurant», explique le patron, Nathan Güntensperger. Quant à l’Hostel, c’est l’époque de l’année où il est bien rempli de toute manière. «Certes, quelques clients venus spécialement pour le festival ont passé la nuit chez nous, mais il y a eu aussi des touristes qui souhaitaient se reposer après une randonnée en patins à roulettes et sont repartis plus tôt que prévu en raison du vacarme des concerts», poursuit-il. Nathan Güntensperger conserve pourtant une opinion positive de ce festival et estime «qu’il s’agit d’une bonne chose».

Complet à Sutz
A l’hôtel Schlössli d’Ipsach on espérait une augmentation des réservations, mais il n’en a rien été, contrairement au camping de Sutz. «De très nombreux festivaliers se sont installés chez nous, et nous avons souvent affiché complet, aussi bien la semaine que les deux week-ends du festival», déclarent Joana Wälti et Martina Rawyler, qui n’ont pas enregistré de réclamations, à part celles de «nombreux visiteurs» qui se sont plaints du manque d’organisation de la navette.

Gastro SA, qui possède le restaurant Joran au débarcadère et le Parc Café aux Prés-de-la-Rive, n’a pas gonflé son chiffre d’affaires durant le festival. Fred Freidig, son directeur, estime que la clientèle du Joran et celle du Lakelive ne sont pas les mêmes. Quant au Parc Café, il était trop loin du théâtre des opérations.

En revanche, la chaleur aidant, la gelateria située dans le bâtiment portuaire a bien profité des flux de personnes en soirée. Fred Freidig plébiscite néanmoins le festival, «une manifestation qui fait une très bonne publicité pour la ville de Bienne et le Seeland».

Même son de cloche à la Péniche: le restaurant était plus ou moins complet durant ces 10jours et n’avait donc pas besoin de clientèle supplémentaire. «Mais nous avons eu le plaisir d’accueillir les organisateurs et le service de sécurité presque tous les jours à midi», précise Nick Ruch, le patron, qui relève l’excellente ambiance sur les rives du lac, aussi bien durant les concerts qu’aux abords des stands.

Le Sunsetshop de Nidau était au cœur de l’événement. Sascha Biedermann, son propriétaire, a pu louer ses stand up paddles directement sur l’aire du festival et mettre sur pied une étape du Swiss SUP Tour. «Plus le festival avançait et plus nous avions de clients», raconte Sascha Biedermann. Les fortes chaleurs et le gain de popularité de cette discipline expliquent ce succès. «Nous avons dû engager plus de personnel, mais dans l’ensemble mon bilan est bon», poursuit-il, ajoutant que le festival «est un enrichissement pour la région».

Christian Müller, co-organisateur du Pod’Ring, abonde dans le même sens. Il ne considère pas le Lakelive comme un concurrent: la notoriété des musiciens engagés et la présence massive de sponsors prestigieux n’ont rien à voir avec le petit festival annuel de la vieille ville. «Il est réjouissant de constater que le Lakelive inclut la culture biennoise dans son concept et offre une tribune aux acteurs culturels locaux», précise-t-il.

Stop Agglolac au front
Le Lakelive bénéficie d’une contribution financière de 100000 francs de la Promotion économique du canton de Berne, dans le cadre de la loi sur le développement du tourisme. Celle-ci prévoit d’encourager la création de nouvelles manifestations dans le canton. «Le Lakelive est de nature à profiler l’offre touristique de toute la région», estime Martin Tritten, expert en tourisme à la Promotion économique.
Un sondage auprès des entreprises actives dans le tourisme révèle pourtant que la région n’a pas tiré grand profit du Lakelive. Cela pourrait changer dès la prochaine édition, car les restaurateurs et les hôteliers savent à quoi ils peuvent s’attendre.

L’association Stop Agglolac s’est invitée dans le débat par le biais d’un communiqué où l’on peut lire que «l’immense complexe immobilier Agglolac soutenu par les autorités rendrait impossible la tenue d’un festival tel que le Lakelive». On sait que les membres de cette association redoutent que l’aire où vient de se dérouler le festival ne disparaisse sous les constructions, à l’heure où la population plébiscite déjà cette nouvelle manifestation.

Mots clés: Bienne, Lakelive, Bilan, Economie

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