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Le Pantographe entend se battre

Après avoir appris son expulsion, le collectif artistique annonce qu’il luttera pour conserver le droit d’occuper les locaux de Tornos

Prié de quitter les locaux de l’ancienne usine Junker, le Pantographe n’entend pas se laisser faire. Archives

Catherine Bürki

Il ne se laissera pas faire, le Pantographe... Après l’annonce vendredi de son expulsion de l’ancienne usine Junker (voir Le JdJ de samedi), les responsables du collectif culturel prévôtois disent être décidés à se battre pour conserver le droit d’occuper lesdits locaux, propriété de Tornos. «La direction de l’entreprise nous a convoqués vendredi. Nous avons été extrêmement surpris d’apprendre que nous allions recevoir un avis d’expulsion d’ici la fin du mois», raconte Ondine Yaffi, l’une des trois responsables.«Pourtant, Tornos nous avait fait une promesse orale de vente en 2013. Nous pensions que c’était pour la concrétiser ou du moins trouver un accord officialisant le maintien du Pantographe dans le bâtiment que nous étions convoqués», poursuit-elle, qualifiant la décision prise d’incompréhensible, voire de trahison.

Les motifs de l’expulsion? «Tornos aurait besoin d’occuper le bâtiment suite à une restructuration de ses sites. Nous n’avons pas eu d’autres informations, pas même la date à laquelle nous devrions quitter les lieux»

Discuter avant tout

S’agissant du plan d’attaque du collectif, ses responsables ont décidé de commencer par adresser une lettre au conseil d’administration de Tornos. Envoyée hier, cette dernière réclame qu’une entrevue soit organisée. «Avant toute chose, nous voulons essayer d’entamer le dialogue. Je pense qu’il y a moyen de discuter et de trouver des solutions», estime Ondine Yaffi.

Et si tel n’est pas le cas? «Nous mettrons différentes choses en place. Mais nous n’en sommes encore pas là et tenons à faire les choses les unes après les autres.» Et d’indiquer à ce titre que d’autres informations concernant les intentions du Pantographe seront communiquées ce jeudi lors d’une conférence de presse.

«Une décision irrévocable»
Contactée par nos soins, la direction de Tornos a confirmé hier l’expulsion du Pantographe. «Une décision qui est irrévocable», a d’ailleurs souligné Bruno Edelmann, directeur financier. Même s’il assure que l’expulsion intervient bien dans le cadre de la stratégie de regroupement géographique des activités de Tornos entamée il y a quelques années, ce dernier s’est montré peu bavard.

Affirmant que le projet n’est pas encore définitif, il a notamment refusé de dévoiler ce que l’entreprise entend faire de l’usine Junker.

Silence également pour ce qui concerne la promesse de vente faite oralement au Pantographe en 2013. «La séance de vendredi était informelle. Nous tenions à prévenir le Pantographe avant qu’il ne reçoive un courrier officiel», indique Bruno Edelmann. «Cette histoire dure depuis plusieurs années. Nous souhaitons communiquer au mieux et de la même manière auprès de tous les acteurs. Nous donnerons ainsi davantage d‘informations prochainement.»

Pour ce qui est encore des conséquences que pourrait avoir cette expulsion pour le Pantographe – dont une éventuelle fin de ses activités – Bruno Edelmann relève qu’il n’est pas du ressort d’une entreprise privée de machines-outils de s’en préoccuper. «Nous avons déjà largement soutenu le Pantographe en l’hébergeant gratuitement pendant sept ans. Ce n’est pas à nous de lui trouver de nouveaux locaux.»

Enfin, quant à savoir si le Pantographe a un plan de secours, Ondine Yaffi dit ne pas vouloir y penser pour l’instant. «Le Pantographe est un espace de création unique dans l’univers culturel de la région. Nous avons mis dix ans à le construire, ce n’est pas pour tout recommencer ailleurs».

Une médiation de la commune?

Dossier complexe Conseiller municipal en charge de la culture, Marcel Winistoerfer s’est dit attristé hier par la nouvelle de l’expulsion du Pantographe. Rappelons que ce dernier a participé en 2013 à la médiation ayant permis de trouver une solution dans le conflit entre le collectif et le Musée du tour automatique et d’histoire de Moutier, lesquels voulaient tous deux racheter l’ancienne usine Junker.

Al’heure de se prononcer sur ladite expulsion, Marcel Winistoerfer dit toutefois que la commune ne souhaite pas prendre parti. «L’affaire est complexe. D’un côté, nous avons une entreprise privée qui emploie de nombreux Prévôtois et qui a le droit de disposer de ses terrains comme elle l’entend. De l’autre, un acteur non négligeable de la vie culturelle prévôtoise», résume-t-il.

S’il précise que la commune n’a pas compétence à intervenir directement dans le dossier, il assure cependant qu’elle le suivra de près. «Il serait bien que des solutions soient trouvées. La commune pourrait certainement apporter son aide si on lui demandait.»
 
Le PSA réagit L’expulsion du Pantographe a déjà suscité une vague de réactions, notamment sur les réseaux sociaux et dans le giron politique. A ce titre, le PSA a déposé hier une interpellation urgente au Conseil de ville. Sans prendre position, il affirme «sa volonté de tout mettre en œuvre pour trouver une solution qui satisfasse les deux parties.»

Il verrait ainsi d’un bon œil que la commune puisse jouer un rôle de médiateur et demande si le Conseil municipal a été sollicité en ce sens ou entend se proposer. Il aimerait en outre savoir si l’exécutif prévôtois est prêt à présenter des solutions alternatives au Pantographe.

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