Vous êtes ici

Abo

Conférence des maires

Le torchon brûle entre la CMJB, Moutier et Sainti

Lors de son assemblée générale, les maires présents ont adopté à une écrasante majorité une résolution qui encourage les Prévôtois à voter en faveur du maintien de Moutier dans le canton de Berne.

La présidente Virginie Heyer a dénoncé une forme de chantage. Reto probst

Philippe Oudot

Les maires de Moutier et de Saint-Imier étaient absents, hier soir, lors de l’assemblée générale de la Conférence des maires du Jura bernois et du district de Bienne(CMJB)qui s’est tenue dans la cité seelandaise. Et pour cause: un de points à l’ordre du jour portait sur l’adoption d’une résolution concoctée par le comité de la CMJB, sur mandat de l’assemblée des maires. Une résolution par laquelle la CMJB entend défendre les intérêts de la majorité des communes pour un Jura bernois intact et fort.

Si tous les autres points à l’ordre du jour ont passé comme une lettre à la poste, celui portant sur l’adoption de cette résolution a donné lieu à quelques explications de la part de la présidente Virginie Heyer. Dans sa présentation de ce point, elle a indiqué que le Conseil municipal de Moutier, mais aussi le maire de Saint-Imier Patrick Tanner, s’opposaient fermement à la proposition de résolution (voir ci-dessous). Celle-ci a toutefois été adoptée par 22 voix contre une et deux abstentions.

Trois missives
Mais avant de soumettre le texte à l’assemblée, la présidente a donné lecture de deux lettres envoyées au nom du Conseil municipal de Moutier par Maxime Zuber et Christian Vaquin, respectivement maire et chancelier, ainsi que de celle du maire de Saint-Imier Patrick Tanner.

Dans la 1re missive prévôtoise, le Conseil municipal constate que le comité de la CMJBs’adresse aux citoyens prévôtois en vue d’influencer la votation communale du 18 juin 2017. Or, il estime qu’il s’agit d’un scrutin communal et donc que cette résolution interfère «dans un processus démocratique local et constitue une atteinte à l’autonomie communale», en flagrante violation de ses statuts.

Faisant référence à la volonté du Conseil exécutif d’assurer le bon déroulement du scrutin et de garantir la liberté de vote des citoyens, le Conseil municipal considère que la prise de position de la CMJB «ouvre la perspective d’une plainte en matière communale, voire d’un recours subséquent portant sur le résultat de la votation». Il qualifie la résolution de «projet déséquilibré, orienté et donc nullement objectif, qui n’expose pas les arguments qui pourraient militer en faveur d’un rattachement au canton du Jura».

Si la résolution devait être adoptée, le Conseil municipal assure qu’il saisira les instances de plainte et de recours pour faire reconnaître son bon droit et annonce qu’il suspendra toute collaboration avec la CMJB. Dans la seconde, l’exécutif confirme la teneur de sa 1re lettre et annonce qu’il saisira la Préfecture en cas d’adoption du texte.

Quant à Patrick Tanner, il affirme «à titre personnel» ne pouvoir souscrire à une telle démarche car «une telle prise de position ne fait pas partie des prérogatives de notre association». Estimant la proposition contraire aux statuts de la CMJB et jugeant qu’il s’agit d’une ingérence dans une question communale, il refuse de s’associer à une telle pratique. Et si l’assemblée devait adopter la résolution, Patrick Tanner assure que «je proposerai au Conseil municipal de Saint-Imier de retirer son adhésion à la CMJB avec effet immédiat».

Dans son bon droit
Comme l’a souligné Virginie Heyer, le comité a pris connaissance de ces deux prises de positions, mais maintient la résolution telle que proposée. Elle a qualifié ces menaces de quitter la CMJB de «drôle de façon de concevoir le débat démocratique». Pas question donc de leur obéir. Pour la présidente de la CMJB, en effet, «les communes du Jura bernois sont dans leur bon droit en plaidant l’unité du Jura bernois».

Et de rappeler que le 25 novembre 2015, lorsque les communes du canton du Jura ont hissé le drapeau prévôtois, le maire de Moutier, s’exprimant sur les ondes de RFJ, s’était dit extrêmement touché de cette démarche qui «illustre la fraternité, la solidarité et l’attachement que le canton du Jura porte à Moutier».

Un brin sarcastique, Virginie Heyer a glissé: «Cette démarche ‹déséquilibrée, orientée et donc nullement objective›, pour reprendre les termes de la lettre de Moutier, a-t-elle dérangé les autorités prévôtoises?» Plus sérieusement, elle a souligné que la CMJBn’allait ni faire campagne, ni dépenser d’argent dans ce vote communaliste, mais qu’elle entendait bel et bien affirmer son souhait de voir l’unité du Jura bernois maintenue. Et d’ajouter que la CMJB «acceptera le résultat du 18 juin 2017, quel qu’il soit».

Quant aux reproches sur un non-respect des statuts de la CMJB, sa présidente a notamment rappelé qu’«assurer l’information aux communes et promouvoir les contacts entre elles» figurait dans les statuts. «Publier une résolution publique disant qu’on a envie de continuer à travailler avec la commune de Moutier ne paraît pas scandaleux», a-t-elle asséné.

Non au chantage
Quant à la suspension éventuelle de la collaboration des deux communes avec la CMJB, Virginie Heyer a estimé qu’«il serait tout à fait lamentable d’en arriver là», mais qu’il n’était pas question de céder à ce chantage. Et de conclure ses propos en rappelant qu’en matière d’ingérence, le Gouvernement jurassien ne s’en privait pas, lui qui n’a pas hésité à féliciter le futur nouveau maire autonomiste de Moutier après son élection.

Les propos clairs de la présidente ont été parfaitement entendus puisque la résolution a été adoptée par 22 oui contre un non, avec deux abstentions.

Articles correspondant: Région »