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Aide sociale

Les Bernois optent pour le statu quo

Le forfait d’intégration ne sera pas réduit, mais le canton ne se montrera pas plus généreux avec les bénéficiaires de l’aide sociale: les citoyens ont rejeté aussi bien le projet du Grand Conseil que le projet populaire.

Les Bernois n’ont finalement pas voulu réduire les montant du forfait pour l’entretien des bénéficiaires de l’aide sociale. Photo: a

Par Philippe Oudot

C’est finalement le statu quo. Au terme d’une campagne intense, les citoyens bernois n’ont pas voulu du changement proposé par le Grand Conseil et la majorité des partis. Ceux-ci proposaient de réduire le montant du forfait pour l’entretien et d’affecter une partie des économies pour renforcer les mesures destinées à faciliter la réintégration des bénéficiaires sur le marché du travail. Quelque 158378 personnes ont en effet rejeté la proposition, contre 142757 qui l’ont acceptée. Soit une majorité de non de 52,6%. Le taux de participation s’est élevé à 42,3%.

Mais les citoyens ont également rejeté le projet populaire qui, lui, exigeait le respect des normes CSIAS (qui déterminent le montant pour les dépenses courantes, comme la nourriture, les vêtements, les transports, etc.) et proposait un meilleur soutien pour les bénéficiaires âgés de plus de 55 ans. Quelque 164927 non ont été glissés dans l’urne, contre 129336 oui. Le taux de refus s’est élevé à 56%.

Fossé villes-campagnes
En examinant les résultats plus en détail, on constate que c’est essentiellement l’arrondissement de Berne qui a fait pencher la balance dans le refus du projet du Grand Conseil, avec 77286non, contre 52462 oui. Dans une moindre mesure, les arrondissements de Bienne et du Jura bernois l’ont aussi rejeté (respectivement par 11981 non et 10722 oui, et par 6783 non, contre 6637 oui). En revanche, le projet du Grand Conseil a passé la rampedans les sept autresarrondissements.

S’agissant du projet populaire, on constate que le non l’a emporté dans les dix arrondissements, y compris à Berne où le résultat est toutefois serré (64043 non, contre 63461 oui). Le rejet a été particulièrement net dans les arrondissements de l’Oberland, mais également dans l’Emmental et la Haute-Argovie.

Ala question subsidiaire posée si un double oui était sorti des urnes, c’est étonnamment le projet populaire qui l’aurait emporté, avec un peu plus de 3300 voix d’avance.
Score serré dans le Jura bernois

Si les Jurassiens bernois ont rejeté de justesse le projet du Grand Conseil (50,5% de non), on constate que ce sont surtout les plus grandes communes qui s’y sont opposées, puisqu’une majorité d’entre elles (22 sur 40) ont accepté la variante du Grand Conseil. En revanche, elles n’ont été que 10 à soutenir le projet populaire: le non l’a en effet emporté dans 29 communes, alors qu’à Renan, on a dénombré autant de oui que de non, soit 104. Anoter qu’à la question subsidiaire, le projet populaire l’aurait emporté de justesse (50,6%).

En ce qui concerne l’arrondissement de Bienne, c’est Bienne et son agglomération qui ont fait pencher la balance dans le rejet du projet du Grand Conseil. Sur les 19 communes de l’arrondissement, 16 l’ont en effet soutenu, mais le non de Bienne, de Brügg et de Nidau a été déterminant. Anoter que Bienne est la seule commune à avoir soutenu le projet populaire.

«Un bon signal pour les autres cantons»
Le conseiller d’Etat PierreAlain Schnegg, qui s’est beaucoup engagé en faveur du projet du Grand Conseil, se félicite du fait que les citoyens aient pu se prononcer sur un sujet de cette importance. S’il est un peu déçu du non sorti des urnes, il est surtout satisfait du net rejet du projet populaire. «Les citoyens avaient trois variantes à choix: une légère réduction du forfait pour l’entretien, une hausse des dépenses de l’aide sociale, ou le statu quo. Ils ont choisi la 3e solution. Je le regrette, car le canton ne disposera pas des outils prévus pour renforcer la réinsertion professionnelle des bénéficiaires.» S’agissant de l’avenir, Pierre Alain Schnegg souligne qu’avec ses services, il va analyser ce qui peut être entrepris pour optimiser l’aide sociale, afin, notamment, de renforcer les chances que les bénéficiaires puissent, malgré tout, se réinsérer dans le monde du travail. «Il faudra sans doute redimensionner certains projets, voire en supprimer pour mettre les moyens ainsi dégagés là où ils seront le plus efficace.»

Directrice du Service social régional de Tavannes, Martine Gallaz était soulagée du résultat, en particulier dans le Jura bernois, à Bienne et à Berne, où les gens ont compris les enjeux et saisi les risques qu’aurait entraînés la baisse envisagée du forfait pour l’entretien. Elle souligne que le statu quo est aussi «un bon signal pour les autres cantons», car en Suisse alémanique principalement, plusieurs attendaient un oui pour remettre aussi en cause les normes CSIAS. Elle rappelle que le montant du forfait pour l’entretien n’a rien de luxueux et permet tout juste de couvrir les besoins vitaux. Et si les dépenses globales de l’aide sociale augmentent, c’est surtout en raison de la hausse des loyers, des primes de l’assurance maladie et des critères plus sévères dans l’octroi de rentes AI.

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