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Gléresse

Les pesticides au placard

Pour les politiciens Verts du canton de Berne, une agriculture sans produits de synthèse semble indispensable pour la préservation de l’eau potable et de l’environnement.

Kilian Baumann, Bruno Martin, Moussia de Watteville, Christoph Grupp et Thomas Scholer ont défendu hier, à la source de Brunnmühle à Gléresse, les deux initiatives antipesticides soumises en votation le 13 juin prochain. Peter Samuel Jaggi

Julie Gaudio

Une semaine après la présentation de l’initiative «pour une eau potable propre et une alimentation saine» (Le JdJ du 23 mars), plusieurs politiciens écologistes du Seeland et du Jura bernois ont présenté hier leurs arguments en faveur de cet objet, ainsi que de l’initiative «pour une Suisse sans pesticide de synthèse», soumis en votation le 13 juin prochain.

Sous un beau et chaud soleil, entre les vignes et le lac de Bienne, bercés par le bruit de la source de Brunnmühle à Gléresse, ils ont promis de «s’engager à fond pour les initiatives qui visent à assurer, voire améliorer la qualité de notre eau potable», a déclaré en introduction Christoph Grupp, député au Grand Conseil du canton de Berne. En ce sens, le Biennois écologiste a salué l’interdiction de l’usage  en Suisse du chlorothalonil – un produit phytosanitaire ayant des risques cancérigènes – depuis le 1er janvier 2020.

Le lieu de la conférence n’a pas été choisi seulement pour sa beauté, mais aussi pour démontrer que sans pesticides dans l’agriculture, une eau  non contaminée, sans nitrates, pure, naturelle, peut jaillir de la roche et alimenter à 100%, en eau potable, les villages de Gléresse et de Douanne. Le fontainier Thomas Scholer était là pour le prouver.

Politique agricole décriée

Le conseiller national des Verts Kilian Baumann a d’emblée assuré qu’il ne blâmait pas «les agriculteurs, mais la politique agricole de la Suisse». Il a déploré que, «même si les conséquences de l’utilisation des pesticides sur l’environnement sont connues depuis longtemps, rien n’a été fait au niveau politique». Et la réforme de la politique agricole (PA22+) a été reportée, a-t-il souligné. Or, «maintenant, les dommages se sont accumulés, les substances nocives ont envahi les sols et les eaux souterraines».

Pour rappel, les deux initiatives, proches dans le contenu, prévoient l’interdiction de pesticides, mais aussi de produits importés utilisant de telles substances. Et elles donnent une dizaine d’années aux agriculteurs pour changer leurs pratiques, qui seraient soutenus par la Confédération durant cette période. Ceux qui utiliseraient encore des produits phytosanitaires pourraient voir leurs subventions coupées. Guy Parmelin a toutefois fait savoir la semaine dernière que pour le Conseil fédéral, les deux initiatives vont trop loin.

«Il y a urgence!»

Un argument que Moussia de Watteville, députée du Jura bernois au Grand Conseil, a réfuté:«Il y a urgence! La qualité des eaux de surface et des eaux souterraines influencent les écosystèmes et la biodiversité. Celle-ci est en très mauvais état!» Une conséquence directe, selon elle, de l’agriculture. «D’après le rapport cantonal de 2020, les concentrations en chlorothalonil mesurées dans les eaux du Jura bernois étaient en dessous de la valeur maximale, car il y a peu de cultures intensives, contrairement au Seeland.» Au printemps dernier, une étude menée par des chercheurs bernois a d’ailleurs fait grand bruit. Ils ont constaté un risque accru de tumeurs cérébrales chez les enfants de la région du Seeland et du nord du canton de Zurich – également une zone d’agriculture intensive.

Tout en rappelant que les initiatives «n’appellent pas au passage à la production biologique», les Verts bernois ont toutefois tenu à mettre en avant ce type d’agriculture, en conviant Bruno Martin, viticulteur bio et député au Grand Conseil. «J’ai grandi à côté de la source, et cela fait 30 ans que je suis certifié Bio-Suisse. Il est pour moi logique de respecter la nature», a-t-il défendu.  Bruno Martin dit miser sur des cépages résistants aux champignons. Pour y parvenir, il a pris des risques en arrachant de vieux pieds de vigne et en plantant des nouveaux. Avec son exemple personnel, le viticulteur bio veut montrer que les initiatives sont économiquement viables pour les producteurs.

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