L’extase, loin de la politique

par Nicole Hager

Béatrice Devaux Stilli a tourné le dos à la politique pour mieux investir d’autres champs d’intérêt. Après une carrière démarrée dans les dédales du pouvoir en tant que secrétaire auprès de deux conseillers d’Etat du canton de Berne, elle accède au poste de secrétaire générale du Conseil régional de 1995 à 2002, l’ancêtre de l’actuel Conseil du Jura bernois. Elle est ensuite élue au Grand Conseil bernois, tout en assumant la présidence du parti radical du Jura bernois. En 2006, après une législature de quatre ans à Berne et une élection manquée au Conseil d’Etat bernois, la députée d’Orvin plaque tout. Le chapitre politique est depuis lors clos, définitivement clos. «La politique ne me manque pas. J’ai de la gratitude pour ce que j’y ai vécu, y compris mes non-réélections.»

Evolution logique
Aujourd’hui, Béatrice Devaux Stilli continue de diriger une école de langues, désormais implantée à Bienne et depuis plus longuement à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Dans ses rares heures creuses, elle pratique la sexothérapie, à ne pas confondre avec la sexologie. Un sexologue est formé pour traiter les maladies sexuelles. Il peut prescrire des actes médicaux et des traitements médicamenteux. Rien de tel pour un sexothérapeute,qui accompagne ses patients vers un mieux-être sensuel et sexuel, en dehors de tout problème ne relevant pas d’une cause physiologique.
Comment Béatrice Devaux Stilli est-elle passée de la politique à la sexothérapie? Au terme de changement de cap, l’ancienne députée préfère celui d’évolution logique. «D’aussi loin que je me souvienne, les thérapies naturelles et le rapport au corps m’ont toujours passionnée.» A force de lectures, elle s’est ainsi formée en autodidacte à l’homéopathie, devenant une amatrice très éclairée. «Un de mes enfants n’a encore jamais pris d’antibiotiques.»
Quant à la pratique intensive du yoga dans sa prime jeunesse, elle l’a incité à se plonger dans les écrits de maîtres yogi, dont certains passages évoquent l’éveil spirituel par la sexualité. «Je pensais ces pratiques réservées à une élite et je me suis contentée de les garder comme une connaissance intellectuelle très intéressante. Je me rends compte aujourd’hui qu’une graine a été semée à ce moment-là et qu’elle a mis de nombreuses années à germer.»

Sollicitations extérieures
Ce n’est que 20 ans plus tard, dans une période stressante de sa vie où elle doit à la fois assumer ses multiples mandats politiques et la gestion de son école de langues, que Béatrice Devaux Stilli se retrouve dans un cabinet où sont proposés des massages pour couples et des initiations au Tantra. «Ce fut une révélation, l’évidence d’un chemin à suivre.»
Elle se met à dispenser des massages Tantra, mot souvent galvaudé pour toutes sortes de pratiques uniquement sexuelles. Les questionnements de ses clients, parfois en proie à des problèmes sexuels, la taraudent. Pour gagner en assurance et en légitimité dans ses réponses, Béatrice Devaux Stilli se forme en sexothérapie à Paris auprès d’Alain Héril, une référence dans la profession. Les choses auraient pu en rester là sans les sollicitations de tiers qui devinent chez l’ancienne politicienne des ressources qu’elle-même ignore. De fil en aiguille, ses prestations de massages Tantra s’élargissent à des consultations en sexothérapie. Sa dernière réalisation? Un livre (voire ci-dessus). Là aussi, c’est sur l’insistance d’un éditeur, le Biennois Patrick Amstutz, qu’elle s’est mise à l’écriture. L’ouvrage, qui vient de sortir de presse, donne des clés pour être au mieux avec son intimité et avec soi-même. Tout un programme. Qui n’a rien de politique.

Pour être à l’aise sous la couette à plus de 50 ans
Elle ne pratique plus la langue de bois. Au travers de son ouvrage «Plaisirs de vie, la sexualité après 50 ans», Béatrice Devaux Stilli approfondit, sans tabou, la compréhension de la sexualité dans une approche humaine, pratique et bienveillante. Elle aborde les multiples causes de dysfonctionnements sexuels individuels ou de couple, s’adresse tant aux hommes, qu’aux femmes en quête d’inventer ou de réinventer un climat de détente, d’érotisme et de bien-être à travers une sexualité harmonieuse et épanouissante, «même quand il n’y a plus cette pulsion qui nous pousse dans les bras de l’autre».
La sexothérapeute à l’écriture agréablement descriptive livre, entre autres, un véritable plaidoyer contre la dictature de l’orgasme. «La sexualité n’est pas que orgasme, c’est un échange d’énergie.» Elle insiste aussi sur la qualité de la communication au sein du couple. «Une sexualité épanouie est un projet de vie, un engagement de chaque jour.»
Le livre sera dédicacé cette fin de semaine dans le cadre de la petite foire biennoise du livre, à la Maison Farel. Samedi entre 13h et 15h et dimanche entre 11h et 13h.