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Bienne

L'intégration grâce au théâtre

ThéâtrEvasion vise à réunir enfants biennois et petits migrants

Depuis lundi, les enfants qui participent au projet ThéâtrEvaion apprennent des chorégraphies pour améliorer leur expression corporelle.Tanja Lander

Didier Nieto

Parfois maladroitement, une quinzaine d’enfants essaient de reproduire la chorégraphie que leur montre leur enseignant. Soudain, celui-ci crie: «Freestyle!» Les apprentis comédiens se mettent alors à remuer dans tous les sens, au rythme d’une musique entraînante que leurs éclats de rire parviennent presque à couvrir.
«J’aime bouger et danser», souffle Ellen, 11 ans. Depuis lundi,  elle et ses camarades, tous âgés de 7 à 12 ans, prennent part à ThéâtrEvasion. Ce projet, qui se déroule au X-Project dans le cadre du passeport-vacances, a pour but de sensibiliser les écoliers biennois au thème de l’asile et de favoriser l’intégration d’enfants migrants. Sur les 16 participants inscrits, sept résident dans un centre d’accueil de la région. Les autres sont établis à Bienne. «Nous voulons créer des liens entre eux», précise Mbaye Sall, qui coordonne l’opération organisée pour la deuxième fois par le centre biennois d’intégration Multimondo en collaboration avec le Service civil international (SCI).
 Au programme de cette semaine: jeux, mimes, chorégraphies libres ou apprises. «Nous mettons l’accent sur les mouvements du corps. L’aisance corporelle est la base d’une bonne expression et d’une meilleure confiance en soi», informe Isabelle Freymond, institutrice et comédienne qui encadre les enfants en compagnie du danseur Marc Ugolini et de sept bénévoles du SCI en provenance de toute l’Europe.
Issus des quatre coins du monde ou presque, les enfants et les moniteurs parlent en français, allemand et anglais. Au sein de ce melting-pot, le langage corporel reste une valeur sûre pour communiquer. «On se comprend même avec ceux qui ne parlent pas la même langue, en faisant des gestes avec les mains», lance Karim, 12 ans.
 
Une pièce en ligne de mire
Au-delà de la volonté d’intégration, l’objectif de la semaine est de monter une pièce qui sera présentée au public samedi à 16h au X-Project. «C’est un mélange de danse et de théâtre qui s’inspire des rituels quotidiens, comme se lever le matin ou se brosser les dents. Les enfants créent eux-mêmes certains mouvements, qu’ils retravaillent ensuite avec les enseignants», explique l’institutrice.
Les thèmes de l’asile, de l’intégration ou de la différence n’ont finalement pas leur place dans les jeux de la jeune troupe. «Tout le monde est égal», résume simplement Isabelle Freymond. La comédienne perçoit tout de même une différence entre les enfants vivant à Bienne et les migrants: «On ne connaît pas leur histoire, mais on sent que certains ont vécu des expériences tristes et dures. Au début, ils restent plus entre eux et ont un peu plus de peine à se laisser aller.» Karim et Ellen se moquent de l’origine ou du vécu de leurs camarades, trop contents de s’être fait de nouveaux copains. «Seuls les adultes font la différence entre ceux qui sont suisses et ceux qui ne le sont pas», relève Mbaye Sall.
Reste qu’une situation de transit est pleine d’incertitudes, pour les parents comme pour leurs enfants. «Deux participants qui ont commencé la semaine avec nous ont dû repartir dans leur pays. Mais certains enfants présents ici vont rester en Suisse. Pour eux, l’intégration est donc nécessaire», conclut le responsable.

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