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Formation

Pour remettre le pied à l’étrier

La Haute Ecole Arc Santé lance un programme pour permettre aux infirmières qui ont quitté le métier de le réintégrer en se remettant à niveau. Objectif: lutter contre la pénurie de personnel.

Lors de la conférence de presse, les participantes n’ont pas caché leur enthousiasme pour ce projet (de g. à dr.): Nicole Ventura-Montavon, Isabelle Gindrat, Anne-Françoise Loup, Anne Guyot et Corinne Oehrli.

Par Philippe Oudot

«En Suisse, il manque actuellement plus de 6200 infirmières et infirmiers, et ce n’est que la pointe de l’iceberg! Cette pénurie va encore s’aggraver si rien n’est fait.» C’est le constat dressé hier à Delémont par Anne Guyot, secrétaire générale de la section régionale de l’ASI (Association suisse des infirmiers et infirmières), lors de la présentation d’un projet novateur lancé par la Haute Ecole Arc Santé, en collaboration avec la section régionale de l’ASI, les cantons BEJUNE et plusieurs institutions partenaires.

Comme l’a souligné Anne-Françoise Loup, directrice de la HE-Arc Santé, ce programme de formation individualisé est destiné aux professionnelles qui ont quitté le métier et qui souhaitent le reprendre. «Nous entendons ainsi contribuer à l’effort collectif pour lutter contre la pénurie d’infirmières et aider celles qui veulent revenir à réussir leur réintégration dans le monde du travail.» Et de souligner que l’appel des pouvoirs publics lancé aux anciens professionnels de la santé en raison de la pandémie a eu un certain écho, et que cette formation s’inscrivait parfaitement dans ce contexte.

En toute sérénité
Financé conjointement par le SEFRI (Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation) et par les cantons BEJUNE, ce programme, d’une durée de six mois, va démarrer en février prochain. La première volée devrait compter au minimum une dizaine de participantes, et 21 au maximum, afin de pouvoir leur offrir un accompagnement personnalisé.

Maître d’enseignement et cheffe de projet à la HE-Arc Santé, Isabelle Gindrat a détaillé cette formation, «qui doit permettre aux participantes de retrouver leur métier en toute sérénité». Avant d’entamer la formation proprement dite, un bilan de compétences permettra d’identifier les besoins de chacune, car avec la numérisation, le métier a beaucoup évolué, tout comme les soins eux-mêmes, en raison du vieillissement de la population et de la multiplication des polypathologies. Une remise à niveau est donc nécessaire.

Accompagnement assuré
Les participantes suivront des cours aussi bien avec les étudiantes Bachelor qu’avec celles en formation continue. Le programme prévoit des stages encadrés auprès d’institutions partenaires du projet, ainsi qu’un système de mentorat, avec la participation de l’ASI. Cet accompagnement sera assuré pendant la formation, bien sûr, mais également durant les six mois qui suivront la réintégration professionnelle», a souligné Isabelle Gindrat.

La HE-Arc Santé n’est certes pas la première à vouloir favoriser le retour à l’emploi des professionnelles qui avaient abandonné le métier. Les cantons de Fribourg et de Vaud ont aussi lancé de tels projets. «Nous sommes en revanche les premiers à proposer un accompagnement après la formation», a insisté Isabelle Gindrat.

Aujourd’hui, a quant à elle rappelé Anne Guyot, le domaine de la santé souffre d’une forte pénurie de personnel. Dans les hôpitaux, en particulier, nombre d’infirmières diplômées quittent la profession après quelques années de pratique, notamment en raison du stress, de l’épuisement professionnel et des conditions de travail, si bien que la moyenne d’âge est d’environ 43 ans.

Une nécessité
Or, avec le vieillissement de la population, mais aussi de ces professionnelles, les besoins en personnel de santé vont exploser. D’où la nécessité de favoriser le retour en emploi de celles qui veulent retrouver leur métier de base. Dans ce contexte, l’ASIentend rencontrer chacune des participantes pour parler de leurs besoins en termes de formation, mais aussi des conditions salariales et de travail. 

Pour sa part, Nicole Ventura-Montavon, directrice adjointe de la Fondation pour l’aide et les soins à domicile Jura, a souligné l’intérêt porté par les employeurs à cette initiative, car de nombreuses infirmières ont cessé leur activité professionnelle après la naissance de leurs enfants. «Nous recevons beaucoup de demandes d’information de la part de celles qui souhaitent revenir, mais ont besoin d’un accompagnement ou d’un soutien. Cette formation répond donc à un vrai besoin, tant de leur part que de celle des employeurs.» Et d’ajouter que le fait que le projet soit porté par la HE-Arc Santé est aussi un gage de qualité.

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