Prêt pour un nouveau départ

Par Philippe Oudot

Cette fois, c’est sûr: le SIAMSse tiendra bel et bien au Forum de l’Arc l’an prochain. Ce qui semble une évidence ne l’était pas du tout l’automne dernier, en raison de l’état de surendettement de la société HECL Moutier SA, qui gérait le complexe d’expositions du Forum et était menacée de faillite. En mains de la commune de Moutier (1,2mio), de FAJISA (société organisatrice du SIAMS, pour 450000fr.) et de la CEP (avec une action symbolique de 1000fr.), elle accumulait les déficits année après année.

Un audit commandé pour tenter de trouver une solution a bien failli lui donner le coup de grâce: la réévaluation financière des bâtiments du Forum de l’Arc a en effet conduit à une forte dépréciation de valeur, plongeant HECL Moutier SAdans une impasse financière, a constaté Pierre-Yves Kohler, directeur de FAJI SA, lors d’un point presse organisé hier dans les locaux prévôtois: «En fait, ce bâtiment n’a jamais vraiment trouvé sa vitesse de croisière.» La menace était si sérieuse qu’il avait commencé à chercher d’autres sites pour accueillir le salon industriel.

Passe-passe financier
Pour éviter le scénario catastrophe d’une faillite, FAJI SA, ainsi qu’une dizaine d’entreprises de l’Arc jurassien qui tiennent à la pérennité du SIAMS à Moutier, ont accepté de mettre la main au porte-monnaie, tout comme la commune de Moutier. Concrètement, cela se traduit par un tour de passe-passe financier: la commune et FAJI font une croix sur leurs billes, le capital de HECL Moutier SA étant réduit de 1,651mio à zéro.

En parallèle, FAJISAet ses partenaires industriels ont recapitalisé la société, rebaptisée au nom de Forum de l’Arc SA, et porté son capital de 0 à 1,9mio. Dans le même temps, afin de consolider le partenariat avec la ville de Moutier, les actionnaires ont remis à la municipalité prévôtoise un paquet d’actions, d’une valeur de 500000fr. Cet accord, qui permet de garantir la tenue du SIAMSà Moutier dans le futur, a été signé le 19décembre dernier.

Conseiller municipal de Moutier et jusqu’ici président du conseil d’administration de HECL Moutier SA, Pascal Eschmann a insisté sur l’importance de cette opération de sauvetage, relevant que «l’histoire du SIAMSet son développement sont étroitement liés à Moutier». Pour HECL, héberger le SIAMSposait aussi un gros problème, car la manifestation ayant lieu tous les deux ans, il était difficile de trouver des locataires pour rentabiliser le complexe. «Nous avons bien cherché à accueillir une expo de même ampleur, en vain.»

Dégâts limités
Comme l’a souligné Pascal Eschmann, la mesure d’assainissement trouvée, acceptée par le juge du Tribunal régional, est certes financièrement lourde pour la commune, qui perd 1,2mio dans l’opération. Elle en récupère toutefois une partie (0,5mio) grâce aux actions cédées par FAJIet ses partenaires industriels. «De plus, nous gardons ainsi un pied dans le conseil d’administration de Forum de l’Arc SA.» En fait, cela permet à la commune de limiter les dégâts, car en cas de faillite de HECL, la facture se serait élevée à 2,5mios pour la cité prévôtoise. «Qui plus est, nous avons la garantie que la mission principale de ce bâtiment restera la même.»

Nouveau business plan
Présidente du nouveau conseil d’administration, Catherine Hahn a présenté le plan d’action – plus modeste, mais plus réaliste – qui doit permettre d’assurer la pérennité du Forum de l’Arc. Spécialiste en gestion immobilière et en accompagnement de projets, elle entend développer sa stratégie en symétrie avec celle de la FAJI. Asavoir promouvoir l’industrie de la région, l’innovation et la formation, mais aussi mettre à disposition une plateforme à même d’animer la région.

Ainsi, le Forum de l’Arc restera un lieu d’expositions, pour le SIAMS, bien sûr, mais aussi pour d’autres manifestations, avec des espaces modulables jusqu’à 8000m². Des espaces qui peuvent aussi se transformer en salles pour des congrès, des banquets ou des manifestations sportives et de loisirs de grande envergure.

Mais le Forum proposera aussi ce qu’elle a appelé un «hôtel d’entreprises», c’est-à-dire des surfaces modulables de location temporaire ou permanente pour PME, ainsi qu’un «hôtel d’activités». Asavoir des surfaces modulables (de 200 à 4000m²) en location de courte ou moyenne durée pour des activités culturelles ou sportives, ainsi que pour de l’artisanat ou de l’industrie. Le complexe disposera aussi de deux salles de conférences de 250m², entièrement équipées.

Comme l’a souligné Catherine Hahn, «notre mission est de rentabiliser les infrastructures grâce à une gestion rigoureuse, à des conditions équitables pour tous les locataires, avec des tarifs adaptés aux possibilités du marché régional. En clair, le but n’est pas de faire de l’argent, mais plutôt de ne pas en perdre!»

La 17e édition du SIAMS affiche presque complet

Pierre-Yves Kohler a aussi fait le point sur les activités de FAJI SA, et plus particulièrement sur la 17e édition du SIAMS, qui aura lieu du 21 au 24 avril 2020. Dans son bref survol historique, il a rappelé que l’objectif initial de ce salon était de valoriser les industries de la région auprès des divers acteurs économiques, mais également auprès de la population, afin de promouvoir l’image économique des régions jurassiennes.

Après les premières éditions à la patinoire de Moutier, le SIAMS a pris ses quartiers au Forum de l’Arc en 2008. L’an dernier, la 16e édition a réuni 450 exposants et attiré 14000 visiteurs. Avant même le lancement officiel des inscriptions pour 2020, Pierre-Yves Kohler a d’ores et déjà annoncé qu’elle affichait déjà presque complet, beaucoup de participants de l’an dernier ayant fait une préréservation. «Les deux grandes halles sont déjà pleines, et il ne reste qu’une vingtaine de places!»

Il a aussi évoqué les autres activités de la FAJI,à commencer par le Club SIAMS, qui offre aux clients diverses activités, notamment des visites d’entreprises sur des thèmes porteurs. FAJI offre également un portail d’informations microtechniques sur lequel les exposants peuvent diffuser des informations et se rendre visibles. «Plus de 2000 news ont ainsi été publiées», a-t-il souligné. Enfin, pour assurer la relève, FAJI a lancé avec des partenaires le programme #bepog, qui vise à revaloriser les métiers techniques auprès des jeunes en leur faisant comprendre que ce sont des professions d’avenir, pour les filles comme pour les garçons.