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Bienne

Quand la police sonde les eaux du lac

La section lac de la police cantonale bernoise, qui possède l’un de ses quartiers dans le port de Petit-Douanne, s’est munie d’un nouveau système pour repêcher les personnes portées disparues dans l’eau.

Acquis ce printemps, l’outil a été utilisé dans un cas réel dans l’Aar. Sur le lac de Bienne, il l’a été seulement lors d’entraînements. Des ajouts personnels ont été faits sur l’appareil pour une meilleure utilisation. Clara Sidler

La police cantonale bernoise a acheté un outil inédit permettant de mieux repérer les personnes et les objets dans l’eau et, à terme, de les repêcher. L’instrument, nommé système optique de sauvetage subaquatique et de repêchage par la police cantonale, est utilisé depuis ce printemps par la police du lac, à Bienne. Son chef adjoint, Michael Jungi, Mike pour les collègues, se montre plus réservé face à la nouvelle acquisition: «Bon, ce n’est pas quelque chose de totalement nouveau. C’est plutôt un outil rassemblant diverses technologies existantes.» La police cantonale bernoise est cependant le premier corps helvétique à avoir acquis cet outil, qui est généralement utilisé aux endroits trop dangereux d’accès pour les plongeurs tels que barrages, écluses ou piliers de pont. Mike Jungi reconnaît les limites de ce nouveau système de repêchage: «Cet outil ne permet pas de sauver des vies», précise-t-il.


Le ridicule ne tue pas
Pouvant aller jusqu’à six mètres de profondeur, la lance s’utilise de la manière suivante: premièrement, on la plonge dans l’eau. Une caméra accrochée à son extrémité est reliée par un fil orange à un boîtier contenant un écran que l’on emploie hors de l’eau. Le policier à l’écran peut diriger son collègue maniant la lance afin de trouver l’individu ou le matériel recherché.
«Il ne faut pas confondre sa gauche et sa droite», rigole le chef adjoint de la police du lac, qui se prête au jeu pour l’occasion avec son collègue Samuel Staub. «A droite, euh non, à gauche», hésite Mike Jungi. «Voilà, et c’est reparti», soupire son collègue avec un grand sourire aux lèvres. L’instrument est difficile à manier seul. Et la police cantonale bernoise n’a fourni que la lance, à monter à partir de pièces détachées rangées dans une malle. La petite équipe de Douanne a alors bricolé une visière de fer au bout d’un casque bleu pétrole qui permet de caler le boîtier face à soi pour manier l’outil seul.
 «Mais on a l’air con», plaisante Mike Jungi, qui a bien voulu essayer, furtivement, le casque à visière. L’outil n’est pas simple à utiliser: il faut beaucoup de force pour remonter ce qui se trouve au bout de la lance. «Nous avons un crochet pour agripper les objets et les personnes. Mais ensuite, on doit aller jusqu’au bord pour essayer de les tirer hors de l’eau, ce qui est laborieux», explique le chef d’équipe. «Bien qu’on ne puisse pas sauver des vies avec cet instrument, c’est important de pouvoir remonter les personnes noyées pour que la famille puisse faire son deuil.»  


Sept pour le nord du canton
Depuis son acquisition, la section lac de la police cantonale a eu recours à l’outil sous-marin à une reprise lors d’un engagement réel. Il s’agissait d’une opération de recherche concernant une personne disparue dans l’Aar, qui s’est déroulée au mois de juin 2017 près de Berne. Du côté de Bienne, l’outil a jusqu’à présent uniquement été expérimenté lors d’entraînements. D’autres sessions d’essai ne semblent pas prévues dans l’immédiat. «On devrait en faire, mais on n’a pas le temps. Il faut évaluer les priorités», explique Mike Jungi.
Il faut dire que la police du lac de Bienne n’est composée que de sept employés. Celle-ci doit couvrir la partie nord du canton de Berne. Il lui arrive, par exemple, d’intervenir à Wangen ou à Aarwangen. Si en hiver, la majorité de ses interventions se fait au sol, l’équipe passe 80 à 90% de son temps sur le lac en été. Et elle compte un large panel de tâches, plus diverses les unes que les autres. «Regardez, c’est ce qu’on a repêché dans le lac hier», montre le policier en pointant du doigt une remorque. A l’intérieur, deux énormes cylindres de ferraille jaunis par les bas-fonds du lac et constellés de coquillages.
Ce genre de trouvailles fait, selon toute vraisemblance, partie du quotidien des policiers du lac. «Une fois, on a ramassé 64 vélos près de deux ponts et on a déjà ressorti plusieurs voitures», assure Mike Jungi tout en montrant des images collector de voitures en train de se faire repêcher. A cela s’ajoute le ramassage du bois flottant qui s’accumule dans l’eau après de gros orages. Pour cela, l’équipe doit employer une longue barrière jaune flottante servant à amasser tout le bois pour ensuite le déposer dans les grands bateaux qui, normalement, ramassent le gravier. «Ces derniers temps, on a surtout dû récupérer des bateaux oubliés par leur propriétaire. Cela se révèle nécessaire pour éviter que l’essence des embarcations pollue le lac.»
Quand elle ne récupère pas des objets ou des bateaux, la police du lac doit effectuer ses patrouilles et garantir la sécurité de chacun, tâche qui se révèle toujours moins évidente à cause du trafic croissant sur l’eau. «Il y a beaucoup de monde sur le lac de Bienne et très diversifié avec les bateaux, les nageurs, les plongeurs et les amateurs de stand up paddle», assure Mike Jungi.  


Il faut être passionné
Pour intégrer la police du lac, plusieurs qualités sont requises. Parmi elles, il faut savoir plonger et naviguer. «Mais on peut tout apprendre en intégrant la police du lac», assure Mike Jungi même s’il admet que c’est plutôt rare. La passion pour l’eau est une qualité qui ne s’apprend pas et qui se révèle indispensable, selon le policier. «Il faut vivre pour le lac.»
Lui-même avait déjà pratiqué la plongée avant d’entrer dans la police. Et lorsqu’il a débuté la formation, à la fin des années 1990, il savait déjà quelle brigade intégrer: celle du lac, qu’il a rejointe en 2002, après trois années au sein de la police mobile. «A l’époque, on racontait que si on intégrait cette section, on avait un poste garanti jusqu’à la retraite», rigole le chef adjoint dont la passion le trahit lorsqu’il pilote son bateau de patrouille à toute allure.

 

 Les minutes comptent au sein de la police du lac, à bienne
Parfois, les missions de la police du lac peuvent prendre une tournure dramatique. Notamment lors de sauvetages. Le chef adjoint de la police du lac, Michael Jungi, explique que les délais sont très serrés lors d’un sauvetage. «Si on fait plus de cinq minutes pour aider quelqu’un qui se noie, c’est quasiment impossible de le sauver.» En temps normal, la brigade compte quelque cinq accidents de baignade par an sur le lac de Bienne et sur les rivières aux alentours, selon son chef. «C’est  toujours trop, bien sûr. Cela reste quand même moins que ce que l’on peut s’imaginer.»
Pour prévenir ce genre de drame, la police du lac reste vigilante lors de ses patrouilles. «Par exemple, si nous voyons une planche de paddle sans personne autour, cela nous alarme et nous intervenons tout de suite», précise Mike Jungi. «Bien souvent, après plusieurs jours de recherche, nous découvrons que quelqu’un a laissé sa planche dans l’eau. D’où l’importance de téléphoner à la police du lac pour avertir que l’on est bien en sécurité dans ce genre de cas.»

Mots clés: Bienne, lac, Police

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