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Economie régionale

Reprise tout en douceur

La crise du Covid a certes bousculé les entreprises de la région, mais elles ont plutôt bien résisté. Elles enregistrent une certaine reprise au 1er semestre 2021 et se montrent raisonnablement optimistes pour la fin de cette année.

Chez Cendres + Métaux, on a profité de la crise pour investir et améliorer les processus pour affronter les défis à venir. ldd

Par Philippe Oudot

La pandémie a certes fortement affecté l’économie, mais elle n’aura pas été le tsunami tant redouté. En tout cas, les grandes entreprises de la région ont montré leur capacité de résilience. Le JdJ en a sondé quelques-unes pour voir comment elles ont traversé cette crise et ont vécu les six premiers mois de cette année.

Affolter Group SA
Membre de la direction d’Affolter Group, Nicolas Curty admet que l’année 2020 a été difficile, «mais finalement, nous avons bien résisté. Il a bien sûr fallu s’adapter, mais le résultat a été bien meilleur que les projections catastrophistes du printemps 2020». Et depuis le début de cette année, «on sent que le marché se reprend. On est certes loin de l’euphorie, mais la reprise est assez nette. Reste à savoir si elle sera durable. Impossible à dire à ce stade, car nous n’avons pas de visibilité à moyen terme. Disons que 2021 devrait être conforme à nos attentes.»

LNS Group
Spécialisée dans les systèmes de ravitaillement de barres et de gestion de copeaux, l’entreprise d’Orvin connaît aussi un net regain d’activités. En fait, indique son CEOGilbert Lile, «la reprise a démarré depuis déjà une année, d’abord en Asie, mais aussi en Amérique du Nord. On sent aussi un regain d’activités en Europe, en particulier dans les pays du sud, comme l’Italie et l’Espagne. La situation évolue aussi favorablement en Suisse et en Allemagne.» Il s’attend donc à un deuxième semestre dynamique.

Cette reprise n’est toutefois pas sans conséquences, avec une ruée sur les matières premières. «La chaîne d’approvisionnement est en effet tendue, et cela entraîne un certain retard chez les fabricants de machines-outils. Nous enregistrons donc, nous aussi, des retards de commandes, mais pas d’annulations.»

Roventa-Henex SA
Du côté de l’entreprise horlogère tavannoise Roventa-Henex, spécialiste dans le private label, le CEOJérôme Biard admet que la crise a eu un lourd impact, avec un recul du chiffre d’affaires de l’ordre de 25%. Mais la situation était très variable d’un client à l’autre. Et contrairement à d’autres entreprises horlogères, Roventa-Henex n’a jamais interrompu sa production. «Nous avons eu recours au chômage partiel, mais pas au-delà de 40%.»

Et depuis le début de cette année, les affaires reprennent, avec une hausse des volumes, mais aussi beaucoup de nouveaux projets. «Nous faisons toutefois face à un problème au niveau des délais et de la qualité des composants livrés par nos fournisseurs. Nous devons donc renforcer nos contrôles», Jérôme Biard se montre toutefois résolument optimiste, assurant que depuis quelques semaines, «nous avons une grosse charge de travail, et cela au moins jusqu’en octobre. Nous devons toutefois nous montrer très flexibles, car les commandes dépendent de la capacité de nos clients à vendre leurs produits», souligne le CEO.

Et de préciser que si les commandes devaient dépasser la capacité de production de Roventa-Henex, l’entreprise peut compter sur des partenaires sous-traitants. S’agissant des perspectives jusqu’à la fin de l’année, il estime que l’entreprise devrait être dans le budget. «Notre mix de clients a cependant évolué, suite à la perte d’un gros client. Nous visons donc le résultat obtenu en 2018», précise le CEO.

Longines
Du côté de la maison horlogère imérienne, on indique qu’après un premier semestre 2020 difficile en raison de la fermeture d’une grande partie des points de vente dans le monde, la situation s’est bien redressée. Il n’a toutefois pas été possible de compenser le manque à gagner du 1er semestre.

Une situation dynamique, qui s’est poursuivie au 1er semestre 2021. Sans faire de pronostic précis sur les résultats de l’année en cours, le CEOMatthias Breschan espère atteindre les résultats de l’année record 2019.

Cendres+Métaux
L’entreprise biennoise spécialisée dans la fabrication de pièces de précision pour le secteur dentaire, la technologie et l’horlogerie a souffert de la crise du Covid, accusant une baisse de son chiffre d’affaires de l’ordre de 20%. Tous les secteurs d’activités ont été impactés. Contrairement à d’autres entreprises, Cendres + Métaux n’a jamais interrompu sa production, mais a eu recours au chômage partiel pour faire face à la baisse de ses activités.

Depuis le début de 2021, l’entreprise enregistre une nette demande de composants dans le secteur des medtech, mais aussi dans celui de l’industrie horlogère et de la joaillerie. Un regain d’activités qui se traduit par une hausse du chiffre d’affaires dans ces domaines. De manière générale, grâce à son modèle d’affaires diversifié, Cendres+Métaux a plutôt bien résisté. Notamment dans le secteur «Luxe et Industrie», où les produits en métaux précieux restent demandés, même en période de crise.

Le secteur dentaire est toutefois celui qui a le plus souffert de la crise du Covid en raison des mesures de lutte contre la pandémie prises dans différents pays. «La situation devrait toutefois se rétablir prochainement», indique RonaldJ. Lenzeder, CEO du secteur Medtech.

S’agissant des perspectives pour le 2e semestre 2021, l’entreprise se montre optimiste, même si certains domaines restent convalescents. «L’an dernier, nous avons profité de la crise pour procéder à des investissements et améliorer nos processus. Nous sommes donc bien positionnés pour affronter l’avenir», note Philipp von Büren, CEO du secteur «Luxe et Industrie».

Precitrame Machines SA
Compte tenu des circonstances, Olivier Voumard, CEO de l’entreprise tramelote, qualifie l’année 2020 de «globalement satisfaisante. Nous avons en effet pu compter sur une réserve de commandes qui était significative à fin 2019. Nous n’avons pas enregistré d’importantes annulations de commandes. Tout au plus, les délais de livraison pour certaines d’entre elles ont été retardés.»

Cela dit, Precitrame Machines a tout de même suspendu quelques jours ses activités au printemps lors du lock-down, notamment en raison du vent de panique qui régnait alors. «Cela nous a permis de mettre en place les mesures sanitaires et de distanciation, et nous avons rapidement repris le travail à un rythme plus ou moins normal», souligne Olivier Voumard. En effet, explique-t-il, «nous avions des clients, aussi bien suisses qu’étrangers, qui attendaient leur livraison. Nous nous devions de tout faire pour honorer ces commandes.»

S’agissant du premier semestre 2021, il le qualifie de globalement satisfaisant. Notamment grâce à la solidité du marché horloger. Malgré la pandémie, nombre de marques ont en effet continué de vendre et ont maintenu leurs investissements. Et en Asie, quoi qu’on en dise, la Chine a plutôt bien géré la crise, maintenant un bon niveau de consommation. Il estime toutefois qu’il faudra sans doute attendre la fin de l’année, ou début 2022, pour un redémarrage solide.

Pour l’heure, en effet, la reprise est freinée en raison de la quasi-impossibilité de voyager, d’aller visiter les clients étrangers et d’en démarcher de nouveaux. «Nous avons certes envoyé quelques collaborateurs à l’étranger, mais devoir passer trois semaines en quarantaine, enfermé dans sa chambre avec interdiction d’en sortir, c’est tout simplement impossible.» Une situation qui devrait encore durer plusieurs mois.

«Voyager pour aller en vacances, c’est bien, mais pour les entreprises exportatrices, c’est tout simplement vital!», souligne celui qui préside aussi la Commission industrie de la CEP. Et d’ajouter que c’est particulièrement vrai pour les petites PME exportatrices, qui n’ont ni filiales ni partenaires à l’étranger. Pour elles, cette quasi-interdiction des voyages revient à les empêcher de travailler et de livrer les commandes à leurs clients.

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