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Paysans au fil des saisons (4)

Semis aux petits soins

Regula Willen, Lukas Lanz et leur équipe exploitent deux fermes entièrement axées sur la production de légumes bio. Au printemps, ils proposent également des plantons.

Dans les plus grandes serres, des légumes sont cultivés et récoltés tout au long de l’année. Les plantons, eux, poussent dans une serre plus petite et trouvent dans l’air ambiant la moiteur qu’ils réclament. Photo:Nicole Hager

par Nicole Hager

De mois en mois
Terre d’industrie, mais aussi de paysannerie, le Jura bernois ne compte pas moins de 560 exploitations agricoles. Sept jours sur sept, sous le soleil comme sous la pluie, des hommes et des femmes s’activent pour faire tourner ces fermes. Le Journal du Jura est parti à leur rencontre. L’occasion de vous dévoiler, tout au long de l’année et à raison d’une fois par mois, les contours d’un métier aussi essentiel que tributaire de la nature.

 

C’est à une douzaine de kilomètres de leur ferme de Villeret que Regula Willen et Lukas Lanz nous ont donné rendez-vous. Au printemps, ils passent l’essentiel de leur temps dans des serres louées aux Convers, sur le territoire de la commune de Renan. Ces abris de verre leur permettent de cultiver des légumes tout au long de l’année. Ce jour-là, Lukas Lanz et une collaboratrice s’emploient à récolter de la roquette. Avec d’autres légumes biologiques produits sur l’exploitation, elle viendra garnir les étalages de leur self-service de Villeret ou composer les paniers de légumes, vendus sur abonnement ou à la carte.

Un peu à l’écart des autres serres, une plus petite fait office de pouponnière à des légumes en devenir. A l’intérieur, d’un côté comme de l’autre de l’allée centrale, les rayons sont couverts de rangées de caissettes d’où émergent des pousses vertes par centaines. Température, luminosité, taux d’humidité: tout est mis en place pour favoriser la germination des plantules. Certains bénéficient même d’un tapis chauffant.

Un succès inespéré
L’équipe de Légumes-Bio-Gemüse (lbg) ne s’attendait pas à obtenir autant de succès avec ses plantons. «Quand nous nous sommes installés à Villeret, en 2004, nous réalisions des plantons uniquement pour nos propres besoins et vendions notre surplus à notre stand de légumes. Cela nous garantissait un bon revenu au printemps, au moment où nous avions peu de légumes à vendre puisque nous ne disposions pas encore de serres. A présent, comme nous vendons beaucoup de paniers de légumes, la production et la vente de plantons sont devenues davantage un service que nous rendons à la population de la région qu’une source de revenu, par rapport au travail que cela exige.»

L’œil de la professionnelle
Faire pousser des plantons nécessite en effet beaucoup de temps. Il faut assurer un suivi, maintenir une humidité constante sans noyer le terreau, composer des substrats adaptés aux exigences des plantes, repiquer les plantules, parfois jusqu’à deux fois.

Pour réaliser des plantons correspondant aux exigences du label bourgeon, le recours à des graines bio ou non traitées est de rigueur. «Toutes les variétés n’existent pas en bio», regrette Regula Willen, formée en tant qu’agricultrice et maraîchère. La réussite d’une culture est aussi largement tributaire de la qualité du terreau, 100% bio, comme il se doit. La matière est produite sur place par le Centre professionnel de la Werksiedlung, une institution socioprofessionnelle pour personnes souffrant d’un handicap mental. «En dépit de toutes les précautions prises, des plantules peuvent présenter des problèmes de croissance», relève Regula Willen avant d’illustrer son propos en désignant une caissette. Là où nous ne voyons que verdure en développement, l’œil de la professionnelle a repéré un détail qui nous a complètement échappé. «Les feuilles intérieures de ces plantons sont légèrement jaunies. Il va falloir rapidement corriger le tir avec des produits naturels uniquement.»

Des tomates aux courges, en passant par les courgettes, les côtes de bette, les cardons, les artichauts, les poivrons ou encore les pâtissons et toute une déclinaison de salades, le couple exploitant et son équipe produisent un vaste assortiment de plantons de légumes destinés à être commercialisés auprès de jardiniers amateurs pas forcément convertis au bio. «Beaucoup apprécient la variété de nos spécialités et le fait de pouvoir acheter nos plantons de légumes au détail.»

A un petit mois de la vente de leurs plantons, les maraîchers mettent tout en œuvre pour être prêts le jour J et amener un maximum de plantes à maturité. «A quelques jours de la vente, les plantons seront sortis à l’air libre pour s’y endurcir et être prêts à être plantés en pleine terre.»

Si pendant la période froide, les travaux de l’équipe de lgb se concentrent à Renan, dans la moiteur des serres, le reste de l’année les exploitants déploient leurs activités maraîchères sur plusieurs sites. «Jusqu’à l’an dernier, avant la reprise d’une ferme à Safnern, nous n’avions pas de terrains propres. Désormais, nous disposons de 15 hectares et louons encore et toujours des parcelles à Villeret, Courtelary et Corgémont.»

Contact: www.legumes-bio-gemuese.ch

 

Ventes de plantons
L’équipe de Légumes-Bio-Gemüse vendra ses plantons bio le samedi 19 mai de 9h à 15h sur la place du village de Villeret. Puis, au jardin de la Werksiedlung à Renan les 23, 24 et 25 mai de 9h à 11h45. L’assortiment sera complété par des herbes aromatiques et des fleurs issues de la production du centre socioprofessionnel de Renan.

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