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Bienne

Sept ans de prison pour une attaque au couteau

L’homme qui a blessé un employé du Duo Club en 2015 a été jugé coupable de tentative d’homicide avec préméditation. Son ex-petite amie a écopé d’une peine avec sursis.

Photo archives Matthias Käser

Deborah Balmer, traduction Marcel Gasser

Accusé d’avoir voulu tuer d’un coup de couteau de cuisine un employé de la sécurité du Duo Club, un Kurde irakien de 30ans a écopé jeudi de sept ans d’emprisonnement pour tentative d’homicide avec préméditation. Le Tribunal a jugé que le prévenu ne pouvait pas ignorer que son geste infligerait à sa victime des blessures potentiellement fatales, même si son intention n’était pas de tuer.

Les faits s’étaient déroulés le 11 juillet 2015, peu après minuit: l’inculpé était arrivé sur les lieux avec un couteau de cuisine caché dans sa manche. Selon lui, il voulait juste signifier à l’employé de la sécurité (un Kurde iranien) qu’il devait cesser de répandre des rumeurs infamantes sur une femme, également kurde, avec laquelle il avait entretenu une liaison amoureuse, terminée depuis peu au moment des faits. La victime avait elle-même fréquenté cette femme, mais longtemps auparavant. La discussion entre les deux hommes a dérapé et il s’en est suivi un pugilat, au cours duquel l’inculpé a asséné des coups de couteau dans le ventre de l’employé de sécurité (voir aussi Le JdJ de mercredi).

L’accusé se pose en victime
Le Tribunal a retenu contre le prévenu le fait qu’il ait toujours nié les faits, qu’il n’ait jamais témoigné de regret, qu’il ait menti en prétendant que le couteau n’était pas le sien, qu’il ait tenté de contester son rôle avec des explications fumeuses et qu’il ait tout fait pour rejeter la responsabilité des événements sur les autres. Il s’est ainsi posé en victime, faisant accroire que plusieurs cerbères du service de sécurité avaient projeté de le rouer de coups, alors que de toute évidence ils ignoraient que l’individu surgirait devant le Duo Club avec un couteau.
A la décharge de l’inculpé, il est plausible qu’il ait pris ce couteau juste pour dissuader son adversaire, qu’il savait physiquement supérieur et rompu aux arts martiaux. De même, il y a bien eu une discussion entre les deux hommes, ce qui prouve que l’intention première n’était pas de tuer. De plus, l’homme n’a pas agi pour des motifs égoïstes, mais probablement par amour, parce qu’il voulait rendre service à son ex-petite amie.

Cette femme de 27 ans n’est d’ailleurs pas la belle innocente qu’elle a prétendu être en début de semaine, raison pour laquelle le Tribunal l’a condamnée à deux ans de prison avec sursis.

Ex-copine manipulatrice
La preuve n’a pas été apportée que la jeune femme ait incité son ex-petit ami à tuer l’employé de sécurité. En revanche, il est acquis qu’elle l’a encouragé à lui infliger des lésions corporelles simples, manipulant de manière éhontée un homme encore amoureux, le qualifiant de poltron et exacerbant habilement son sens de l’honneur. Tout cela parce que le Kurde iranien répandait de vilaines rumeurs sur elle, ce qui n’a pas été prouvé. Sans cette femme, l’inculpé n’aurait jamais commis ce geste.

Quant aux deux employés de la sécurité, il est difficile de dire s’ils se sont acharnés de manière injustifiée sur l’agresseur à terre. Les caméras de surveillance ont certes filmé la scène, mais les nombreux curieux agglutinés autour de la scène empêchent toute conclusion définitive. On y voit tout de même que l’agresseur sort son couteau pour l’exhiber, puis prend la fuite, poursuivi par le premier cerbère, puis par le second (un Italien). C’est à ce moment-là que l’inculpé décide de faire usage du couteau. Plaqué au sol, roué de coups de pied et de poings, il finit par lâcher son arme. Les deux hommes étaient eux-mêmes équipés de couteaux, mais n’en ont pas fait usage, ce qui prouve aux yeux du Tribunal qu’ils ont fait preuve d’une certaine retenue. Ils ont donc été acquittés.

Cocasse réunion de famille
Ironie de la situation, le cerbère italien purge actuellement une peine d’emprisonnement pour une autre affaire. Sa famille a donc profité de ces quelques jours d’audience pour, en quelque sorte, lui rendre visite. Son épouse et sa maman ont suivi les débats, apportant au prévenu sandwiches et biscuits. D’autres membres de la smala ont fait leur apparition le jour du verdict, dont un père avec un nouveau-né dans une poussette. L’accès à la salle lui a été refusé: «Ce n’est pas une réunion de famille», a lancé un policier. A l’énoncé du verdict, le principal accusé et son avocat ont annoncé leur intention de recourir auprès la Cour suprême du canton.

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