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Sorvilier/Valbirse

Sur scène, ils franchiront les frontières

Une centaine d’élèves de la région et de Thoune s’attellent à la réalisation d’une pièce de théâtre bilingue. Un appel à la rencontre présenté à Bienne les 25 et 27 mai.

Animateur de théâtre, Roland Berner distillait ses précieux conseils aux élèves lors d’une séance de répétition à Sorvilier hier. Catherine Bürki
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Catherine Bürki

Oser franchir la barrière de la langue. Qu’on le veuille ou non, le défi se révèle bien souvent compliqué. Hier matin, on s’y attelait pourtant d’arrache-pied à Sorvilier. Et avec gaieté! «Je comprends pas tout ce que les copains disent, alors ont fait des gestes. C’est plutôt chouette», glissait, tout sourire, le petit Yan.

Du haut de ses huit ans, l’écolier participe à un projet plutôt original. Avec une cinquantaine d’élèves des écoles primaires de Sorvilier, Bévilard et Pontenet, et tout autant d’enfants scolarisés à l’école de Dürrenast à Thoune, il a pour mission de réaliser une pièce de théâtre bilingue. Ceci quand bien même il ne parle pas encore un mot d’allemand...

Dépasser les barrières
À la base de ce projet peu commun, on retrouve la bien connue Fondation Cours de Miracles. Basée à Delémont et active dans la médiation théâtrale, celle-ci nourrissait depuis belle lurette le souhait d’explorer la question de la barrière des langues.

«À Delémont, entre Berne et Bâle, nous sommes dans une zone de frontière linguistique», note Fanny Rossel. Pour cette animatrice de théâtre, aborder pareille thématique au travers du regard d’enfants de langues maternelles différentes était une belle manière de procéder.

«Tout est parti de la simple question ‹Qui es-tu, toi?›. Le but était alors d’appeler les élèves à s’interroger entre eux et à construire un spectacle là autour.»

Après avoir soumis son projet au canton de Berne, dans le cadre du concours «tête-à-tête», la fondation a pu récolter les fonds nécessaires pour démarrer l’aventure. Depuis plusieurs mois maintenant, elle travaille ainsi à sa concrétisation avec trois classes des écoles de Sorvilier, Bévilard et Pontenet, et trois de Dürrenast.

«Etre intégrés à ce projet était une belle opportunité pour nous», relève Nathalie Kaempf, directrice de l’école primaire de Valbirse. «La formation des élèves ne se limite pas à l’acquisition des compétences scolaires. Les initier à la culture est également important, tout comme les aider à s’ouvrir aux autres et à faire fi des barrières linguistiques.»

Deux familles unies
Pour réaliser le spectacle, les élèves du Jura bernois et de Thoune ont notamment été appelés à prendre part à plusieurs journées communes de travail. Hier, les 102 élèves impliqués, âgés de 6 à 12 ans, travaillaient donc dans la région. «Nous sommes là pour les encadrer, mais ce sont eux qui montent le projet de A à Z», précise Fanny Rossel. «Certains seront acteurs sur scène, alors que d’autres ont réalisé les décors, les costumes ou ont écrit la trame», poursuit-elle.

La trame, justement? «C’est l’histoire de la rencontre de deux familles très différentes. Les BuntCoussins, interprétés par les élèves alémaniques, et les GrisKiste, joués par les francophones», explique Fanny Rossel. Allusion faite au caractère décontracté des Romands avec les «Coussins colorés», et à l’esprit plus carré des Alémaniques avec les «Boîtes grises»...

À quelques semaines de monter sur les planches, un groupe s’activait hier à mettre au point la scène finale du spectacle. Pour signifier la rencontre et l’enrichissement mutuel des deux cultures, les écoliers tentaient d’empiler, de manière plus ou moins artistique, leurs coussins et leurs boîtes. Le tout dans un joyeux brouhaha de rires, mais où les mots demeuraient rares.

«Ce n’est pas toujours simple de se comprendre», confiait Désirée, 12 ans. «Mais avec le temps, on devient moins timide et on arrive à communiquer avec des gestes par exemple», poursuit la demoiselle.

Pour les instigateurs du projet, le pari est alors gagné. «Au final, la méfiance se transforme en curiosité et fait naître une envie d’être ensemble, de partager. C’est très enrichissant et c’est ce que nous voulions», se réjouit Fanny Rossel. Et Roland Berner, animateur de théâtre en charge des classes de Dürrenast, de se réjouir de voir s’allier deux manières de travailler au sein d’un même projet. «On ne peut nier que les Romands ont un sens de la spontanéité quelque peu plus développé», sourit-il.

À noter que le spectacle sera joué à six reprises au Rennweg26 à Bienne. Quatre représentations seront réservées aux écoles. Le public pourra assister au spectacle mercredi 25 mai, à 15h30, et vendredi 27, à 20h (réservations: 079 642 54 79).

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