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Entreprises formatrices

Tout pour assurer le spectacle

Privés de manifestations et donc de pratique, les apprentis romands techniciens de la scène ont trouvé, chez GC-Tech à Reconvilier, un pôle leur permettant d’exercer leur métier.

Dans le cadre des récompenses remises aux meilleures entreprises formatrices 2020/22, Patrick Linder, directeur de la Chambre d’économie publique du Jura bernois, à gauche, décerne le prix «coup de cœur» à Gil Ceré, directeur de GC-Tech. SGO


Par Sébastien Goetschmann

 

La Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) a récompensé cinq entreprises formatrices dans leur catégorie respective. Il s’agit de: EMP (Industrie, plus de 50 collaborateurs), l’Hôpital du Jura bernois (Services, plus de 50 collaborateurs), VOH (Industrie, moins de 50), la CEC Clientis (Services, moins de 50) et De Luca (Artisanat). La CEP a aussi distingué la société GC-Tech qui a permis à une dizaine d’apprentis romands des métiers du spectacle de poursuivre leur formation qui était fortement compromise par les restrictions sanitaires.

«Ce prix coup de cœur marque l’engagement et l’exemplarité de l’entreprise», souligne Patrick Linder, directeur de la CEP, relevant l’esprit de force qui a animé la société de technique de spectacle GC-Tech, dans cette période de pandémie.

Touché dès le printemps 2020 par l’annulation des manifestations tant culturelles que sportives, le monde de l’événementiel a dû faire preuve d’une grande capacité d’adaptation et de réactivité. Dans ce contexte, l’entreprise de Reconvilier s’est particulièrement démarquée, en ce qui concerne la formation. En effet, les apprentis suivant un cursus de techniscéniste, un CFC sur quatre ans qui existe depuis 2011, se sont retrouvés, quasiment du jour au lendemain, sans possibilité d’exercer leur métier. Comme il n’existe pas de centre de formation de base pour la branche, l’entreprise GC-Tech, en partenariat avec Artos, l’association professionnelle faîtière des arts de la scène, a pris l’initiative de créer un pôle de formation éphémère, dont l’activité s’est terminée l’automne dernier.

 

Succès probant

Au total, ce sont 54 jeunes de toute la Suisse romande qui sont passés par ce centre temporaire, soit environ 90% des apprenants. Pour parer au plus urgent et les préparer aux examens de fin d’apprentissage, seuls les étudiants de 4e année ont pu bénéficier des lieux, en mai et juin 2020, puis les quatre volées, dès la rentrée d’août. Selon les périodes, entre cinq et 25 apprentis plus les formateurs – une quinzaine, venus également de toute la Suisse romande, se sont succédé pour transmettre leurs connaissances – ont ainsi pu suivre les divers cours proposés.

Grâce à la présence d’un formateur pour 3,3 apprentis, en moyenne, les exercices pratiques dispensés ont pu être très personnalisés. Et le succès a été au rendez-vous, puisque sur les deux volées terminant leur CFC, 100% des élèves ayant fréquenté le pôle l’ont obtenu.

Concernant le contenu présenté, les apprentis ont débuté par quelques exercices, comme la construction de scènes et le montage d’infrastructures. La profession de techniscéniste englobant des domaines très variés, tels la sonorisation, l’éclairage, la projection vidéo ou encore les effets spéciaux, ce sont les élèves eux-mêmes qui ont décidé des programmes, selon leurs besoins. «Nous avons mis en place une plateforme en ligne avec une cinquantaine d’ateliers types à la carte», indique Noé Jobin. De plus gros projets, comme le «Festipôle», un festival qui a réellement accueilli des artistes mais pas de public, du 15 au 17 décembre 2020, ont également été réalisés.

Pour le formateur et animateur du pôle, les échanges ont été très enrichissants pour toutes les parties impliquées, les professionnels de l’événementiel développant des compétences différentes selon les prestations qu’ils sont appelés à élaborer. «J’en ai par exemple beaucoup appris sur le mapping vidéo», assure Noé Jobin. Cette technologie multimédia, également appelée projection architecturale, permet de projeter de la lumière ou des vidéos sur des volumes en relief.

 

Reconvilier capitale de l’événementiel

Il est à relever que cette offre de formation, qui a finalement duré 14 mois, a été totalement gratuite pour les apprentis. Le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation a pris en charge 80% des coûts et les cantons les 20% restant. «En ce qui concerne les repas et les nuitées à l’hôtel, nous avons aussi pu compter sur des partenariats avec, respectivement, les restaurateurs de la région et le CIP», relève Gil Ceré, directeur de GC-Tech.

Mais comment expliquer que Reconvilier, et plus précisément cette PME de dix employés, qui forme actuellement deux apprentis techniscénistes, soit devenu l’espace d’un peu plus d’un an le centre de l’événementiel? «Avec nos deux vastes halles, nous avions l’espace nécessaire à disposition pour accueillir les élèves», observe tout simplement Gil Ceré.

 

Secteur toujours fragile

Il convient également de préciser ici que son entreprise axe sa philosophie de travail sur les termes qualité, sécurité et... formation. «Je suis extrêmement reconnaissant envers mon maître d’apprentissage pour son encadrement, alors que je n’étais pas le plus assidu à l’école», déclare Gil Ceré, qui a été ébéniste avant de se lancer dans les arts de la scène, pour expliquer que la formation lui a toujours tenu à cœur. «C’est particulièrement important pour la professionnalisation et l’image du métier, que certains quidams imaginent encore souvent comme une activité de babas cool, alors qu’un techniscéniste doit posséder des compétences dans des domaines pouvant aller de la charpente à l’électricité. Ce n’est pas parce qu’il est mis à disposition de la culture que nous faisons du travail au rabais!» s’exclame-t-il.

Et pour appuyer encore davantage l’importance de l’enseignement du métier, le directeur de GC-Tech indique que de nombreux techniciens sont retournés à leur profession de base, au vu de la situation actuelle.

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