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TAVANNES

Trois cyclistes en quête de légèreté

Partis du Jura bernois, ils ont relié Barcelone à vélo en sept jours avec trois fois rien pour tout bagage. Récit d’un défi entre amis.

Silas Ummel, Luca Micheli et Mathias Fuhrer, qui s’est frotté au bitume bien rugueux de l’Espagne, au terme de leur périple. Photo: LDD

Par Nicole Hager

Qui n’a jamais connu le dilemme de la valise? Soit elle est drôlement lourde, soit on a  l’impression d’avoir oublié quelque chose. Dans les deux cas, cela nous pourrit les vacances.
Pas de porte-bagage, à peine une sacoche arrimée au guidon de leur vélo de course. Pour leur expédition de plusieurs jours à vélo, Mathias Fuhrer de Cormoret, ses acolytes Silas Ummel et Luca Micheli de Tavannes se sont libérés des contingences habituelles du touriste en partant quasiment sans affaires.
Pour pédaler ultra-léger, les trois cyclistes n’ont mis dans leur sacoche qu’une carte de crédit et d’identité, un masque, un smartphone et son chargeur, du matériel de réparation et une tenue de rechange. Le tout pèse 3 kilos à peine. «Un peu plus pour Mathias», plaisantent ses compagnons. «Oui, mais je transporte aussi vos affaires», leur rétorque le principal concerné dans un grand éclat de rire général.

Vitesse plutôt que confort
Les trois coéquipiers ont volontairement réduit leur paquetage de sorte que celui-ci se fasse oublier. C’est qu’à vélo, chaque gramme compte, en particulier dans les montées. Et comme la virée planifiée jusqu’à Barcelone empruntait de nombreux cols, dont le mythique Mont Ventoux, ils ont souhaité s’encombrer du minimum.
1167 kilomètres et pas moins de 8000 mètres de dénivelé: les trois amis ont su relever le défi physique avec vaillance et sans se prendre trop au sérieux. Partis le 21 juin de Tavannes, ils ont relié Barcelone en sept jours au lieu des huit planifiés au départ, tout en narrant leurs aventures et mésaventures sur le compte Instagram «Voyager_leger_».
Prévu au départ pour que leur entourage puisse suivre leurs pérégrinations, celui-ci a compté, au fil des étapes, de plus en plus d’abonnés, sans doute séduits par la qualité des photos et le ton humoristique des trois complices, qui se chambrent mutuellement au gré des publications.
Joints par téléphone à Barcelone, allégés de quelques longueurs de cheveux après un passage groupé chez le coiffeur, Mathias, Luca et Silas, rebaptisé Silascension pour ses qualités de grimpeur, ont profité de quelques jours sur place pour se reposer des kilomètres avalés – 160 par jour en moyenne. Leur retour en Suisse s’est fait hier en avion, faute de jours de congé en suffisance ou «de motivation», reconnaît Luca.
En 2019, un premier essai avait convaincu les amis d’emprunter la voie du minimalisme au guidon de leur bécane. Ils avaient alors relié Souboz à Rotterdam en quatre jours, toujours en embarquant un minimum d’affaires. Rebelote en 2020, en suivant les crêtes du Jura du Weissenstein à La Dôle, en VTT cette fois-ci. «Covid oblige et faute d’hébergements ouverts, nous avions dû embarquer des sacs de couchage.»
Cette année, le défi visé était d’une autre dimension en termes de kilomètres à parcourir et de relief du terrain. Il s’est déroulé sans gros couac. Ces sportifs accomplis, dont deux vététistes de compétition, ne changeraient rien à leur kit de départ, prévu pour la vitesse et pas le confort.
Bien sûr, une trousse de secours aurait été bien utile quand Matthias a chuté sur un bitume bien rugueux, et un caleçon de bain aurait sans doute permis des baignades plus chastes. Mais à part l’essentiel, rien n’est indispensable.

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