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Tavannes

Un hommage aux jeunes réfugiés juifs

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le village a accueilli des enfants de confession juive dans un home nommé «Chalet Essaim», à la rue du Chalet. Chloé Châtelain et sa famille ont hérité d’un document en attestant. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui semblent en avoir connaissance. Afin de sortir cette histoire de l’oubli, la jeune Tavannoise s’est lancée sur les traces de ces réfugiés et a réalisé une BD retraçant sa démarche.

  • 1/4 Le home Chalet Essaim a accueilli des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. ldd
  • 2/4 Le bâtiment, aujourd'hui intact, semble rester hors du temps. MAH
  • 3/4 Dans sa BD, Chloé Châtelain mêle dessins et archives. Crédit: Chloé châtelain
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Par Marisol Hofmann

Chloé Châtelain devait avoir 8 ans lorsqu’elle est tombée, pour la première fois, sur un curieux document attestant de l’accueil d’enfants juifs dans son village. Sur la couverture de ce témoin du passé, soigneusement conservé par sa famille, on peut lire «Journal du Châlet-Tavannes», surmonté d’une étoile juive dessinée à la main et suivi des initiales «P.W». Il s’agit d’un album renfermant des photos et des textes décrivant les horreurs de la guerre comme les joies des enfants qui ont eu la chance de retrouver la paix et la sécurité dans ce refuge qui s’appelait autrefois le home Chalet Essaim.  «Ma mère l’a trouvé par hasard alors qu’elle vidait le logement de son défunt parrain», raconte la jeune femme de 21ans. C’est Paul Wicky, le père de ce dernier, président de la commission scolaire de l’époque qui en est l’auteur et qui était chargé de prendre soin des petits réfugiés.
Chloé Châtelain, du haut de ses huit ans, s’est immanquablement sentie touchée par la destinée de ces enfants qui devaient avoir à peu près son âge au moment de leur venue dans son village. Que sont-ils devenus? Ont-ils survécu? Ont-ils retrouvé leurs parents? Les questions ont commencé à germer dans sa tête. Et sont restées longtemps sans réponse...
«Personne ne semblait connaître cette histoire», s’étonne Chloé Châtelain. «Ma mère et ma sœur avaient déjà effectué des recherches sur les enfants ayant séjourné au Chalet Essaim, en vain».
Bien déterminée à résoudre cette énigme qui la suit depuis l’enfance, elle décide, au moment de choisir un sujet pour son travail de diplôme à l’école supérieure de bande dessinée et d’illustration de Genève, de traiter ce sujet et poursuivre les recherches.
«J’ai trouvé très peu de documentation, si ce n’est un minuscule paragraphe dans le Courrier, dans les archives de Tavannes. J’ai également fait des recherches dans les archives, à Berne, mais n’ai rien découvert de plus que ce que j’avais déjà», relate la Tavannoise.
Mais son principal objectif était de retrouver l’un des enfants ayant séjourné dans son village. Elle commence alors à taper le nom de ces derniers dans un moteur de recherche, jusqu’à ce que l’inespéré se produise: elle finit par retrouver la trace de l’un d’entre eux, Jean Lévy, qui milite depuis 36 ans pour la mémoire des victimes du nazisme, dans un article du journal français, Le Dauphiné Libéré. La jeune femme n’en croit pas ses yeux. «Une adresse, un e-mail et un numéro de téléphone... Je ne me suis jamais sentie aussi proche d’un de ces enfants», écrit-elle plus tard à ce sujet. Et plus inattendu encore, la journaliste qui a rédigé l’article, la met en contact avec lui.


Un hommage en images
Chloé Châtelain s’est rendue chez Jean Lévy, à Lyon, l’automne dernier. Une rencontre émouvante, détaillée dans son travail de diplôme, durant laquelle elle a pu connaître l’histoire de l’un des enfants ayant été accueillis dans son village. Elle s’est également rendue dans le bâtiment en question, à la rue du Chalet, qui appartient aujourd’hui à des privés, avec l’autorisation de ces derniers. «J’essaie d’imaginer les enfants. Même si les alentours ont changé, le Chalet semble rester hors du temps», peut-on lire dans la BD qu’elle a réalisé à ce sujet, dans le cadre de son travail de diplôme.
Elle vient d’en publier quelques exemplaires. Elle s’y met en scène, dans sa quête des traces des enfants juifs du Chalet Essaim. «Mon but est de partager cette histoire avec un plus large public, afin qu’elle ne tombe plus dans l’oubli», souligne-t-elle. C’est également une manière pour elle d’honorer le travail de Paul Wicky ainsi que la mémoire des enfants juifs.

Il est possible de commander un exemplaire auprès de Chloé Châtelain à l’adresse e-mail suivante: chloe.chatelain@bluewin.ch

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