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Jura bernois

Un joyau à préserver

La CEP a dévoilé hier le 7e axe thématique de sa Stratégie économique 2030 consacré à l’agriculture et à la biodiversité. L’objectif est de renforcer l’intégration de l’agriculture locale à l’économie régionale en générant plus de valeur ajoutée, et de valoriser l’économie du bois et la biodiversité.

La CEP et ses partenaires ont dévoilé le 7e volet de la Stratégie 2030 consacré à l’agriculture et à la biodiversité. De g. à dr: Emilie Beuret, Richard Vaucher, Patrick Linder, Anatole Gerber et

 

par Philippe Oudot photo Stéphane Gerber

 

Rappel des faits

C’est la CEP, en collaboration avec d’autres partenaires, qui a élaboré la Stratégie économique 2030 du Jura bernois. Reposant sur huit axes, elle a pour ambition de concrétiser le projet «Vision 2030», à savoir promouvoir le Jura bernois en tant que région de technologies prospère et innovante, dotée d’une identité forte, cohérente et reconnue en Suisse et dans le monde. Mais aussi une région offrant un cadre naturel riche et valorisé, des infrastructures, des services, des instituts de formation et des offres touristiques adaptés.

 

C’est dans la ferme du Beurnez, à Pontenet, exploitée par Christophe et Annick Mornod, que la CEPa dévoilé hier le 7e axe de sa Stratégie économique 2030, consa-cré au volet «agriculture et biodiversité», composé de 27mesures (voir ci-contre). Une ferme qui illustre bien les objectifs de ladite stratégie dans ce secteur (voir ci-dessous).

Soulignant que cette dernière était l’affaire de toute la région, et pas que de la CEP, son président Richard Vaucher a assuré que ce 7evolet avait toute sa place dans la Stratégie 2030. En effet, «l’agriculture, comme les métiers du bois ou le tourisme, constitue un pan de l’économie régionale. Ils en sont des acteurs importants, au même titre que l’industrie». Son directeur Patrick Linder a quant à lui relevé que le train de mesures élaboré était le fruit d’une démarche collaborative avec la Chambre d’agriculture du Jura bernois, le Parc naturel régional Chasseral et Lignum Jura bernois.

Augmenter la rentabilité
Secrétaire générale de la Chambre d’agriculture, Emilie Beuret s’est réjouie de voir l’importance du rôle de l’agriculture dans la Stratégie 2030. «Il est en effet primordial de maintenir une agriculture dynamique, avec des produits à forte valeur ajoutée.» Elle a aussi rappelé la nécessité d’avoir des exploitations adaptées, des agriculteurs bien formés, capables d’utiliser les nouvelles technologies et qui sont prêts à collaborer. «C’est ce qui permet aux exploitations de réduire leurs coûts de production et d’améliorer leur rentabilité.»

Emilie Beuret a également relevé qu’en plus de son rôle pour assurer une alimentation locale de qualité, l’agriculture contribuait à l’entretien du paysage et au maintien de la biodiversité. Soulignant que la vente directe et les circuits courts permettaient aux agriculteurs de proposer des produits à prix concurrentiels, elle a appelé à exploiter davantage le potentiel des produits du terroir. A titre d’exemple, elle a rappelé que «la tête-de-moine constitue non seulement un patrimoine culinaire, mais c’est aussi une image de marque».

Ala base de la vie
L’écologie et la préservation de la biodiversité sont deux piliers de conceptualisation générale des mesures à mettre en œuvre d’ici 2030. A juste titre, car «la biodiversité est à la base de la vie, mais elle est en recul», a constaté Anatole Gerber, responsable du domaine «espèces et habitat» au Parc naturel régional Chasseral. D’où la nécessité de prendre des mesures dans le domaine du développement durable. «Imbriqués, ces éléments permettent l’intégration d’une composante durable, qui demande une coordination avancée que le Parc naturel régional Chasseral peut largement appuyer», a relevé Anatole Gerber. Dans ce contexte, il a indiqué que les parcs de Chasseral et du Doubs avaient proposé diverses mesures pour la renforcer, chacun ayant un rôle à jouer.

Un atout à exploiter
De son côté, André Tellenbach, président de Lignum Jura bernois, a plaidé en faveur d’une meilleure utilisation du potentiel qu’offre le bois dont regorge la région. Ce matériau est en effet appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans la perspective de la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération, mais aussi dans la Stratégie économique 2030 du Jura bernois. Notamment dans le domaine du bâtiment. En effet, a-t-il poursuivi, «c’est non seulement un très bon matériau de construction, mais en plus, il permet de fixer le CO² pendant des décennies».

Qui plus est, a souligné André Tellenbach, le bois est une ressource renouvelable, notamment dans le Jura bernois où la forêt produit plus de 100000m³ de bois par an. Certes, a-t-il admis, le bois d’ici est cher en comparaison internationale, même s’il ne couvre plus ses coûts. En revanche, il a l’avantage d’être produit sur place et permet de soutenir la filière du bois locale. Il a cité l’exemple du Centre d’entretien de l’A16, à Loveresse, construit entièrement en bois, qui a reçu le Prix Lignum en 2018. Dans ce contexte, un label de provenance contribuerait à promouvoir l’utilisation de bois de la région. Quant à celui de 2echoix, il offre lui aussi un très bon potentiel comme combustible pour les installations de chauffage à distance.

 

 

 

Pour une nature préservée et entretenue

AGRICULTURE
1 Maintenir le nombre d’exploitations: garantir à long terme des capacités agricoles régionales d’importance collective et un savoir-faire unique.

2 Assister les exploitations: utilisation de nouvelles technologies, exploitation durable et respectueuse de la biodiversité et limitation des énergies grises.

3 Mutualiser les expériences: application optimale des connaissances agronomiques, écologiques, pratiques et pédagogiques, et recours à de nouvelles technologies.

4 Soutenir la rentabilité pour des exploitations s’appuyant sur des compétences et une organisation performante.

5 Impliquer tous les acteurs: gestion de biens naturels communs tenant compte des intérêts de production, de paysage et d’écologie.

6 Valoriser les activités auxiliaires:importance des activités agricoles pour les paysages, la biodiversité et la production agricole.

 

BIODIVERSITÉ
7 Promouvoir la biodiversité: valoriser les apports écosystémiques de la biodiversité, améliorer la prise en compte dans les politiques communales, contribuer aux efforts du canton, du Parc Chasseral et des agriculteurs pour créer une infrastructure écologique.

8 Améliorer la gestion pour des milieux de qualité protégés par des inventaires, des réserves naturelles et des zones tampons.

9 Conceptualiser l’eau comme ressourcepour une stratégie d’utilisation de l’eau dans la région.

10 Organiser la lutte contre les néophytes pour favoriser la biodiversité indigène.

11 Optimiser le travail des agriculteurs pour affermir l’existence et la qualité des surfaces de promotion de la biodiversité.

12 Collaborer avec le Parc Chasseralpour des projets systémiques à forte valeur ajoutée impliquant les acteurs agricoles.

 

FORÊTS ET BOIS
13 Développer une filière bois labélisée: exploitation de cette ressource renouvelable, abondante, spécifique à la région et propice à l’économie.

14 Favoriser le bois comme matériau primaire dans les construc-tions publiques ou privées et comme ressource énergétique.

15 Répondre aux exigences fédérales: pour des surfaces forestiè-res protégées, améliorer la résilience des écosystèmes forestiers aux changements climatiques et augmenter la biodiversité.

16 Englober scieries et menuiseries pour préserver un maillon central dans l’économie du bois.

 

ÉCOLOGIE
17 Organiser des zones d’activités pour intégrer les exigences en-vironnementales, contribuer à l’esthétique des entrées de villages et améliorer la qualité du cadre de travail.

18 Promouvoir les certifications:pour des entreprises adoptant des aménagements en faveur de l’écologie et la biodiversité.

19 Créer un outil régional pour les compensations écologiques, les compensations carbone et partager les bonnes pratiques.

20 Proposer de nouvelles cultures comme nouvelles options agricoles face à la sécheresse.

 

ALIMENTAIRE
21 Harmoniser labels et communication auprès des consom-mateurs afin de renforcer la notoriété, l’identification et la promotion en coordination cohérente avec les actions régionales.

22 Appuyer les collaborations:pour une chaîne intégrée et effi-cace entre producteurs, artisans et commerçants.

23 Améliorer la distribution:pour un approvisionnement coordonné en produits locaux des commerces régionaux, des restaurants, des services de repas de collectivités publiques.

24 Valoriser le fromage régional labellisé:pour une amélioration de la valeur ajoutée de la production laitière et des herbages.

25 Développer les marchés régionaux pour soutenir la vente directe, renforcer le lien entre producteurs et consommateurs et contribuer à la qualité de vie du Jura bernois.

26 Développer l’offre directe:pour un rapprochement des consommateurs et des producteurs, un accès direct dans les fermes, une diversité des produits de qualité dans les commerces de proximité et un tissu social autour de l’agriculture.

27 Promouvoir les entreprises de transformation pour une mise en valeur de proximité des produits régionaux et une offre locale de haute qualité.


Une exploitation modèle
Christophe Mornod et son épouse ont repris l’exploitation fami-liale en 2017. Sur le domaine de 60 hectares, ils y cultivent pommes de terre, blé, orge, colza et y fait de l’élevage de vaches allaitantes labellisées «Vache mère Suisse». Sur ses 60 hectares, précise Christophe Mornod, il en consacre 4,7 à la biodiversité.
Pour diversifier ses sources de revenus, le couple s’est aussi lancé avec succès dans la vente directe. Un succès dopé ces derniers mois en raison du coronavirus. Il écoule ainsi près de la moitié de sa production de viande à la ferme, ainsi que pommes de terre, courges et huile de colza. pho

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