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Asile

Un rapport pour éclaircir... et calmer les esprits?

Entre le centre de retour de Bienne, dont la Ville refuse de prolonger l’affectation, ou les multiples plaintes contre celui d’Aarwangen, une bonne étude neutre est de rigueur.

L’hébergement dans des containers n’a rien de l’eldorado helvétique. Archives Peter Samuel Jaggi

Par Dan Steiner

Que ce soit au niveau global ou ultralocal, mondial ou communal, le domaine de l’asile n’en finit pas de noircir des pages. Et l’apparition du coronavirus, avec les mesures de confinements dans certains baraquements déjà peu confortables que cela présuppose, n’a rien arrangé. Il y a un peu moins de deux semaines, la Ville de Bienne faisait part de son courroux envers le canton, qui lui demande de prolonger jusqu’à fin 2022 l’affectation du centre de renvoi pour requérants débouté de Boujean. Un bail initialement fixé à octobre de cette année. «La situation pour ces familles est devenue inacceptable», avait lâché Beat Feurer, le conseiller municipal chargé de l’Action sociale et de la sécurité.
 
De ce centre, il en a été question, aujourd'hui, lors du traitement par le Grand Conseil de pas moins de quatre motions, dont deux concernaient l’apprentissage. Les deux autres, déposées par un collectif de gauche et un peu du centre, demandaient simultanément le «respect des droits humains et des droits de l’enfant dans les centres de retour du canton» ainsi que de «faire la lumière sur les conditions intolérables dans les centres d’hébergement».
 
L’issue? C’est Berne qui la livre en des termes tout à fait limpides: «La Direction de la sécurité s’est adressée à la Commission nationale de prévention de la torture, en février, pour examiner si l’aide d’urgence octroyée dans les centres de retour est conforme aux dispositions légales et constitutionnelles et au droit international supérieur, notamment à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.»
 
Société privée visée
Car outre les tractations seelando-cantonales, ce sont les conditions et les plaintes émanant du centre d’Aarwangen qui inquiètent. En Haute-Argovie, les écoles publiques constateraient une baisse flagrante de la qualité de l’encadrement des enfants et des jeunes depuis qu’ORS Service SA a repris de l’Armée du salut la gestion des lieux, expliquent les motionnaires, ce que le gouvernement réfute. Depuis peu, le canton a en effet délégué l’octroi de l’aide d’urgence à cette société, au terme d’un appel d’offres public. «Dans ces centres de retour, les conditions sont indignes, ce qui induit désespoir, traumatismes et violence», a généralisé la socialiste Ursula Marti (Berne), porte-parole de l’une des deux interventions. «Ces personnes y restent parfois plusieurs années et méritent un meilleur traitement.»
 
Maire de Langnau, commune dans laquelle on trouve également un centre de demandeurs d’asile, Walter Sutter (UDC) a estimé qu’on s’adonnait à un «ORS bashing», alors que la situation ne serait pas si mauvaise qu’on le dit. Directeur de la sécurité, Philippe Müller a lui aussi tenté d’évacuer la plupart des critiques émises, reconnaissant toutefois sans peine «que le canton ne balaie pas la question puisque une enquête avait été lancée». Le placement de certaines familles en appartements n’a rien non plus d’une solution envisageable, a rétorqué le conseiller d’Etat, rappelant que celle-là n’est réservée qu’aux personnes vulnérables.

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