Vous êtes ici

Abo

Musique

Voyage intérieur à la rencontre du vivant

La chanteuse curgismondaine Fanny Anderegg présentera son nouveau projet, «10 MOnThs», le 25 février, au Centre de culture et de loisirs de Saint-Imier.

Fanny Anderegg se lance dans un nouveau projet musical issu de ses réflexions sur la place de la femme et de l’artiste dans la société actuelle. Arno Louis
Par Sébastien Goetschmann
 
Durant toute la semaine prochaine, Fanny Anderegg se trouvera en résidence au Centre de culture et de loisirs de Saint-Imier, pour y travailler son nouveau projet intitulé «10 MOnThs», qu’elle présentera pour la première fois, vendredi 25 février. Pour ce projet intime, elle s’est entourée des musiciens Lionel Friedli, à la batterie, Stefan Aeby, au piano, et Jocelyne Rudasigwa, à la contrebasse.
 
Les 10 compositions de «10 MOnThs», la chanteuse de Corgémont les a imaginées à partir de ses réflexions personnelles. «J’ai été engagée comme enseignante de chant jazz dans une Haute école de musique pour l’année universitaire 2019/20», contextualise-t-elle. «Lorsque je suis tombée enceinte, l’école a décidé de ne me garder qu’un semestre au lieu de deux.» Voilà pour le point de départ.
 
Peu de temps après son accouchement, le lock-down dû à la situation sanitaire a été prononcé. «Cela m’a beaucoup questionné sur la place des femmes et des artistes dans notre société», esquisse-t-elle. «Après le choc de ces deux événements, j’ai cherché à tirer quelque chose de positif, à récupérer un certain pouvoir d’action. Les artistes ont la chance de pouvoir transformer ce qui les habite en un processus créatif», poursuit Fanny Anderegg.
 
Tel un voyage intérieur, les textes et compositions entre ainsi en résonance avec les grandes étapes qui marquent une naissance. «10 MOnThs» se réfère d’ailleurs à la durée de la grossesse dans la culture japonaise. On se trouve bien là dans le domaine de l’organique, du vivant. «J’imagine que le projet restera en constante évolution, car la matière est perméable à la vie», anticipe la chanteuse. «D’ailleurs, une grande part sera laissée à l’improvisation.» Musicalement, les auditeurs retrouveront les courants et mouvances qui ont accompagné l’artiste tout au long de sa carrière: le jazz, le «songwriting» et une touche de pop.
 
 
Redonner sa vraie valeur à la culture
Ces deux dernières années, le monde artistique a été mis à rude épreuve, voire carrément en marge. «La culture a été considérée comme non essentielle», s’insurge Fanny Anderegg. «Mais ce n’est pas du tout le cas. Elle permet d’avancer, de se construire. C’est un partage direct indispensable.» C’est aussi pour cela que le Fanny Anderegg New Quartet se produira en acoustique. «C’est moins contraignant que de déplacer des tonnes de matériel de sonorisation», explique la Curgismondaine. «Cela permet d’aller à la rencontre des gens plus facilement.»
 
«We want peace», le dernier morceau de «10 MOnThs», transcrit le rêve que chacun puisse se faire sa place dans notre société sans devoir constamment lutter. Il marque aussi l’aboutissement du parcours réflexif de la chanteuse. «Je suis arrivée à la sensation qu’on oublie trop souvent de placer le vivant au centre, parce qu’il n’est pas rentable, alors que c’est bien le plus important», philosophe-t-elle. «Le véritable art, c’est l’art de vivre», conclut Fanny Anderegg.
 
Fanny Anderegg New Quartet, vendredi 25 février à 20h30, au CCL

Articles correspondant: Région »