Par Maeva Pleines
L’art fourmille actuellement au Pasquart. Le musée biennois accueille quelque 50créateurs dans le cadre de la Cantonale Berne Jura. Pour la onzième édition de cette manifestation, 193candidatures de tous genres confondus ont été sélectionnées et réparties dans les 10institutions participantes.
A Bienne, on retrouve beaucoup d’installations et de vidéos. Les visiteurs sont, par exemple confrontés à des clips mettant en scène des pieds aux ongles aiguisés telles des griffes.
Un peu plus loin, on entre dans une forêt de barres métalliques, agrémentées de manches en mousseline. En s’approchant, une voix féminine se discerne, murmurant d’étranges paroles. Il s’agit là de l’œuvre de Leolie Greet, lauréate du Prix Kunstverein 2021. La Biennoise explore la relation ambivalente de l’individu à son environnement. «Je me suis figuré une personne en pleine quête de sa place dans le monde. Elle explore sa parole et personnifie ses mots. Ceux-ci se matérialisent dans une vidéo où une main découvre des objets sur le sol de la forêt», décrit l’artiste. Et de poursuivre: «J’aime que l’on puisse discerner différentes interprétations: comme dans une poésie, mes œuvres ne portent pas un message clair. Elles jouent plutôt avec les ambiguïtés et les contrastes.»
Disposant d’une bourse de 5000francs grâce à sa sélection par le jury de la Société des Beaux-arts de Bienne, Leolie Greet aura l’occasion de réaliser une exposition personnelle au Lokal-int, au printemps prochain.
Des lions nostalgiques
L’exposition se poursuit un étage plus haut, où l’on tombe sur une autre installation primée, celle de Beth Dillon, récompensée par le Prix Anderfuhren. La Biennoise originaire d’Australie a tiré son inspiration d’une récente quarantaine. Elle explore sa nostalgie du pays des kangourous à travers un autre animal: le lion. «Cette œuvre se nomme ‹De lions›, car ma grand-mère m’a toujours dit qu’il s’agissait de l’origine de mon nom de famille. Il s’agit donc d’un symbole personnel et d’une manière amusante de réinventer mes racines», s’amuse-t-elle.
Concrètement, la salle est remplie de cartons de déménagement débordant de mousse d’emballage. Une douce musique transporte le public dans une ambiance à la fois légère et mélancolique. Peuplant ce décor du déracinement, un troupeau de lions en argile attire l’œil curieux.
«Nous avons apprécié la manière donc Beth Dillon explore sa vulnérabilité sans jamais tomber dans le pathos. Son travail est très personnel et révèle une véritable narration», commente Felicity Lunn, directrice du Centre Pasquart et membre du jury du Prix Anderfuhren.
La poésie des cantonniers
Cette année, cette distinction dotée d’une enveloppe de 7500francs a également été attribuée à Janosche Perler. Avec une économie de moyens et une légèreté vivifiante, le Biennois invite à (re)découvrir les richesses qui nous entourent au quotidien. Son installation vidéo nommée «Bitumenzeichnungen», ou «Dessins sur le bitume», suit le travail des cantonniers. Avec une grande sensibilité, les images dévoilent des ouvriers maniant d’intimidantes machines. Leur puissance entre en contraste avec la vulnérabilité de ces humains travaillant si proche du bal des voitures. La rythmique de leurs tâches est mise en perspective par une deuxième projection dans laquelle Janosch Perler suit l’évolution du bitume depuis une perspective aérienne.
A noter qu’une autre œuvre de l’artiste accueille les visiteurs sur la façade extérieure du Pasquart. Deux tubes de néon tendent des arcs lumineux entre les parties du bâtiment, retenus par des pièces en mousse. Le produit donne une impression de bricolage, en tension entre la souplesse de la mousse et la dureté des murs.
Les œuvres sont à découvrir dès aujourd’hui et jusqu’au 16janvier, avec entrée gratuite tous les jeudis dès 18h ainsi que samedi 25décembre. Le vernissage a lieu à partir de 17h, accompagné d’une visite créative pour les enfants dès 5ans.
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