Vous êtes ici

Abo

Beachvolley

Gros raté de la délégation suisse

Les championnats d’Europe se sont conclus, hier à Bienne, sous la pluie et sans aucune équipe helvétique.

Sortis samedi en huitièmes de finale, Gabriel Kissling (de dos) et son acolyte Adrian Heidrich sont les rares satisfactions suisses des championnats d’Europe version seelandaise. Reto Probst
  • Dossier

Laurent Kleisl

La Bérézina. Le terme est un peu raide, voire réducteur. Quoique. A Bienne, les Suisses ont vendangé leurs championnats d’Europe. «Il faut regarder le positif!», coupe le Nidowien Philipp Saxer, directeur de la branche «beach» de Swiss Volley. «J’aimerais souligner les performances d’Adrian Heidrich et Gabriel Kissling. Même battus, ils ont offert une opposition de qualité en huitièmes de finale aux têtes de série No 1.»

Samedi peu après midi, le duo classé No 26 est tombé 19-21 18-21 face aux Néerlandais vice-champions du monde Reinder Nummerdor/Christiaan Varenhorst, signifiant la fin des Européens de la délégation helvétique. «Les deux sets ont été serrés, nous avons disputé un bon match et bien réceptionné», lâche Gabriel Kissling. «Ce sont à chaque fois deux ou trois points qui ont joué en notre défaveur.»

L’expérience. Tout est là. Gabriel Kissling, 23 ans et aîné de deux ans de son compère Adrian Heidrich, avoue avec lucidité: «Nummerdor a 40 ans. Face à une équipe comme la nôtre, son énorme expérience a clairement fait la différence. Avec quatre à cinq années d’entraînement en plus, je suis sûr que nous serons en mesure de battre des duos comme celui-là.»

Les gamins sur le devant de la scène, les étoiles en retrait: c’est le résumé du tournoi côté helvétique. La Bérézina? Un peu, quand même. Vendredi soir, les trois équipes féminines défendant les couleurs de la nation ont chuté en huitièmes de finale. Déjà. «J’étais très frustré, surtout quand on se dit que nos filles se sont un peu battues toutes seules», confie Sascha Heyer, directeur de l’organisation. «Pour nous, c’était tellement important que les équipes suisses aillent très loin dans le tournoi. C’est dommage, mais c’est le sport...»

Respectivement victorieuses et finalistes du CEVEuropean Masters en Bienne 2015, Nadine Zumkehr/Joana Heidrich (No 7) et Isabelle Forrer/Anouk Vergé-Dépré (No 5) avaient d’autres ambitions qu’une sortie aussi prématurée.

«On attendait davantage qu’une neuvième place de leur part», admet Saxer. «Ces deux paires visaient les médailles et elles en sont bien loin. Mais il ne faut pas oublier qu’à ce niveau, il n’y a que de bons adversaires. Ce sont des matches à élimination directe, il suffit d’un petit rien pour que cela tourne d’un côté ou d’un autre.»

Le temps mort qui tue
Pour Nadine Zumkehr, la beachvolleyeuse établie à Belmont, et Joana Heidrich, ce petit rien a pris la forme d’un temps mort médical demandé par les jeunes tchèques Marketa Slukova/Barbora Hermannová (No16), futures finalistes malheureuses. Les Suissesses menaient alors 23-21 17-15.

Elles se sont finalement inclinées 17-21 6-15 dans les deux dernières manches. «Cela ne doit pas arriver à ce niveau», peste Saxer. «Elles connaissent ces situations-là, elles savent comment le gérer et comment réagir. Ce cas précis méritera une analyse approfondie. On doit tous apprendre de nos erreurs.»

Le citoyen d’Ipsach précise: «Nina Betschart et Tanja Hüberli (No19) ont aussi pris la neuvième place. Il s’agit là de différencier ce résultat de ceux de nos deux équipes phares. Pour elles, c’est une belle neuvième place, acquise après avoir disputé de bons matches.»

La Bérézina. Un soir comme ça, où tout part en vrille. «Un vendredi noir, comme on avait déjà connu l’année dernière lors du tournoi World Tour de Lucerne», rappelle Saxer.

«Pour nous, bien sûr, ces résultats sont décevants. Nous avons analysé ces matches avec chaque équipe, nous avons bien discuté ensemble et avec les entraîneurs. C’est certain que nous attendions autre chose de ces championnats d’Europe. Depuis le début de l’année, Zumkehr/Heidrich et Forrer/Vergé-Dépré jouent vraiment très bien. Elles ont signé d’excellents résultats, mais loin de chez nous, en Chine ou en Russie. On souhaitait vivement qu’elles montrent ce niveau-là en Suisse. C’est pour ça qu’à nos yeux, Bienne représentait une étape importante de la saison.»

Chute de pression
Le ticket pour les Jeux olympiques de Rio en poche, les deux paires vedettes helvétiques ont, peut-être inconsciemment, lâché un peu de lest. «Possible», reconnaît le boss du beachvolley national.

«Les qualifications pour les JO ont commencé début 2015. Pendant presque deux ans, ces joueuses ont évolué sous tension. Nadine Zumkehr et Joana Heidrich ont obtenu leur qualification, même si elle n’est pas encore officielle, il y a 10 jours. La pression retombe un peu, c’est humain. Ce n’est pas toujours facile de se reconcentrer immédiatement sur un objectif. Cela peut expliquer leur parcours à Bienne. Mais je ne suis pas inquiet, les filles vont rebondir dès mercredi au tournoi Grand Chelem de Hambourg.»

La scène du beachvolley international est dense et qualitative. Une piqûre de rappel avant les JO, c’est toujours bon à prendre.

Les Européens seelandais ont vécu. Nouveau record dans l’histoire du tournoi, 66 pays ont joui de retransmissions télévisées de l’événement. «Cela doit être un objectif d’ancrer la tradition du beachvolley à Bienne. Sous quelle forme et dans quelle taille, on doit y réfléchir», lâche le maire Erich Fehr. Le débat est ouvert.

 

Un stade plein pour les finales

ITALIENS Du haut de ses 2m03, Paolo Nicolai dit: «En premier lieu, je tiens à remercier le public. Avec une telle météo, je ne pense pas que le stade aurait été plein dans une autre ville!» Entre orages et averses, le géant italien de 27 ans a remporté hier son deuxième titre européen en association avec le «petit» Daniele Lupo (25 ans), 1m96 seulement, après celui décroché en 2014 à Cagliari. «Deux titres en aussi peu de temps, c’est assez fou», savoure Nicolai.

Pour la première apparition de la Russie dans une finale continentale, la paire constituée de Konstantin Semenov et Viacheslav Krasilnikov (No 10) a mené la vie dure aux têtes de série No 6. Elle ne s’est inclinée qu’au tie-break, battue 15-21 21-13 12-15 après 43 minutes d’une lutte acharnée.

Perturbés par les services vicieux de Lupo en première manche, les Russes ont su refaire surface. Jouant de ses 2m10, Semenov (25ans) s’est érigé en mur, Krasilnikov (25 ans et 1m95) assurant le nettoyage. C’est à l’expérience que les Transalpins se sont adjugé le set décisif.

«Ce fut un match difficile et très serré. On a juste été un petit peu meilleur qu’eux», admet Nicolai. Pour mémoire, début mai en finale du tournoi Open de Sotchi (World Tour), les Russes s’étaient déjà inclinés 0-2 face à la paire italienne.

ALLEMANDES Du côté des dames, les favorites ont assumé. Championnes d’Europe en titre, les Allemandes Kira Walkenhorst et Laura Ludwig (No 1) n’ont rien laissé aux Tchèques Marketa Slukova et Barbora Hermannová (No 16), écrasées 21-14 21-15 en 33 minutes.

Pour Laura Ludwig, il s’agit du quatrième sacre continental après Hambourg (2008), Berlin (2010) et Klagenfurt (2015). «Je ne trouve pas les mots», lâche, émue, la Berlinoise de 30 ans. «Ce que je ressens est très fort. En finale, nous avons réalisé une très bonne performance. Si nous avons atteint ce niveau, c’est également grâce à toute l’équipe qui nous soutient chaque jour. Elle réalise un boulot incroyable.»

Laura Ludwig est associée à Kira Walkenhorst (25 ans) depuis 2013. À Bienne, les deux Teutonnes ont remporté leur quatrième médaille européenne d’affilée. L’or en 2015 et 2016, le bronze en 2013 et 2014: pas mal pour quatre ans de collaboration.

Laura Ludwig a décroché son quatrième titre européen hier à Bienne. Anita Vozza

Articles correspondant: Actualités »