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Football

Un éternel recommencement

La Suisse entame ce soir face au Portugal sa course vers la Russie.

La Coupe du monde 2018 passe, déjà, par un résultat ce soir à Bâle contre les champions d’Europe en titre. Keystone

Bâle
Patrick Biolley

C’est reparti pour un tour! Un peu plus de 70 jours après la désillusion de Saint-Etienne et ce maudit penalty manqué par Granit Xhaka en 8e de finale de l’Euro contre la Pologne, l’équipe nationale doit déjà se projeter vers sa prochaine échéance: la Coupe du monde 2018 en Russie. Les mauvais souvenirs balayés, le groupe de Vladimir Petkovic vit à l’heure portugaise depuis une semaine et les retrouvailles habituelles à Freienbach (SZ).

Aussi paisible soit l’ambiance, l’adversaire du soir est tout de même champion d’Europe. Par deux fois ces dernières années la Suisse a été battue par le favori du groupe d’entrée de jeu, deux fois à Bâle et deux fois par l’Angleterre (0-2 en septembre 2010 et 1-3 en 2014). D’autres mauvais souvenirs à effacer.

Une équipe quasi identique
«Par expérience, commencer par le gros n’est pas toujours facile», souffle Gelson Fernandes, qui était de la partie les deux fois. «Il faut se servir de ce vécu pour aborder au mieux le match contre le Portugal. Il y a aussi le coup dur du mois de juin, mais le coach a fait un gros travail pour refermer cette plaie. Nous devons maintenant, en tant que groupe, repartir sur de nouvelles bases.»

Pourtant, la nouveauté n’est pas de mise dans cette équipe de Suisse post-Euro. Dans le contingent, tous étaient du voyage en France si ce n’est Silvan Widmer, qui remplace Michael Lang, Renato Steffen pour Xherdan Shaqiri (tous deux blessés), Luca Zuffi qui prend la place de Denis Zakaria (convalescent), et Timm Klose qui récupère le poste laissé vacant par Steve vonBergen, qui a pris sa retraite internationale.

«C’est important de repartir avec le groupe soudé que nous avions pu créer en France», rétorque Gelson Fernandes. «Au moment de se lancer dans une nouvelle aventure, il ne faut pas tout jeter. S’il y a une chose que nous avons apprise à l’Euro c’est que l’état d’esprit de cette formation est bon, voire très bon.» Son capitaine, Stephan Lichtsteiner, abonde dans le même sens: «La confiance est une chose qui se façonne au fil du temps, avoir une équipe stable et compétitive ne peut être qu’un gros bonus.»

«Ne pas être anxieux»
Aucun complexe, cela semble être le mot d’ordre de cette campagne. Les joueurs et le coach étaient détendus la semaine passée lors des entraînements en terres schwytzoises. Ils l’étaient tout autant en conférence de presse, hier, à Bâle. «La clé, c’est de parler», lâche Valon Behrami.

«Le coach a longuement pris le temps de discuter avec nous. Au moment de commencer une nouvelle campagne, c’est important de se rappeler uniquement du positif. Le cœur et la volonté étaient là en France et nous garderons cette envie jusqu’en Russie.» Tel était le message de Vladimir Petkovic en début de semaine dernière.

«Il ne faut pas être anxieux non plus», rebondit le sélectionneur national. «Nous avons eu une semaine pour nous retrouver. Tout ce qu’il s’est dit dans le vestiaire doit se transposer sur le terrain, quel que soit l’adversaire.»

D’abord le Portugal
A peine un tournoi bouclé, le footballeur doit déjà se tourner vers le prochain. «Il n’y a pas de lassitude, nous faisons tous un métier formidable», lâche Gelson Fernandes. «Dans une équipe telle que la nôtre, il n’y a aucune difficulté à repartir pour un tour, c’est même un honneur de pouvoir en faire partie. Avec le Portugal et la Hongrie dans le groupe, c’est d’autant plusmotivant.»

Après le choc contre les champions d’Europe, les Suisses enchaîneront avec la Hongrie le 7 octobre. Un adversaire coriace, lui aussi huitième de finaliste du dernier Euro, qui doit forcément faire cogiter les Helvètes.

«Franchement, je n’y pense pas encore. Il ne faut pas se projeter trop loin, mais se concentrer sur le premier match qui compte. Si on commence à faire des calculs, cela ne mène à rien et on se retrouve souvent perdant à la fin. A part le match contre le Portugal, il n’y a aucune date entourée en rouge dans le calendrier», conclut, serein, le joueur du Stade Rennais.

 

LA DÉTERMINATION DU CAPITAINE

(ats) «C’est le football... Il faut toujours repartir en début de saison. Aujourd’hui, je n’ai pas ma place. Mais je ne lâcherai pas!» Attendue depuis une semaine, la prise de parole de Stephan Lichtsteiner a bien été celle d’un homme déterminé à retrouver son rang. Le capitaine de l’équipe de Suisse n’est plus, on le sait, qu’un remplaçant de la Juventus auquel on n’interdit de jouer la Ligue des champions.

«Depuis cinq ans, j’ai toujours joué avec la Juventus. Je sais ce que je dois faire désormais: donner ma réponse sur le terrain et reprendre ma place en Série A et en Coupe d’Italie», lance-t-il avec force. «Quant à la Ligue des champions, la Juventus a considéré apparemment qu’elle n’avait pas besoin de Stephan Lichtsteiner pour passer la phase de poules.»

L’équipe de Suisse a, en revanche, besoin d’un grand Stephan Lichtsteiner ce soir au Parc Sant-Jacques pour entamer victorieusement face au Portugal sa campagne de Russie. Le Lucernois affiche une grande confiance avant cette rencontre contre le champion d’Europe en titre qui se déroulera à guichets fermés.

«Nous sortons d’une semaine de préparation très intensive. Nous sortons aussi d’un Euro qui fut, je crois, un bel Euro pour l’équipe de Suisse même si penser aux occasions galvaudées lors du 8e de finale contre la Pologne fait toujours aussi mal. Mardi, nous jouerons pratiquement avec la même équipe qu’en France. Nous devons prouver que nous pouvons faire un pas de plus vers l’avant.»

Ce soir, Vladimir Petkovic devra composer sans Luca Zuffi et Shani Tarashaj. Le premier souffre d’une déchirure ligamentaire à la cheville droite. Le demi zurichois s’est blessé lors de l’entraînement d’hier. Après Michael Lang, il est le deuxième joueur du FC Bâle touché lors de ce rassemblement de l’équipe nationale. Tarashaj a, pour sa part, contracté une angine.

 

Même prudent, le Portugal veut continuer à appliquer sa recette gagnante

Bâle, Emile Perrin

SÉRÉNITÉ La Suisse ouvrira sa campagne vers la Coupe du monde russe de 2018 face au champion d’Europe. Un nouveau statut que les joueurs portugais semblent avoir apprivoisé sans pour autant s’envoler à des années-lumière du rectangle vert. «Nos adversaires seront encore plus motivés pour nous faire tomber, pour se payer le luxe de faire tomber le dernier vainqueur de l’Euro», assure Joao Moutinho sur le site de sa fédération nationale.

Moins prudents, les supporters lusitaniens sont devenus gourmands depuis le sacre du 10 juillet. S’ils n’étaient qu’une quinzaine à attendre leurs héros devant le prestigieux hôtel bâlois qui les accueille avant ce premier match qualificatif, les fans ont faim de nouveaux succès.

«Nous avons évidemment fêté dignement ce titre», rigole Daniel, drapeau sur le dos et la voix éraillée après avoir manifesté vigoureusement son amour aux sélectionnés de Fernando Santos à leur descente du car. «Mais, si nous avons remporté un Euro, nous pouvons également soulever la Coupe du monde dans deux ans.»

Le décor est planté en termes d’attentes. Mais Nani et ses camarades s’évertuent à calmer certaines ardeurs pour chasser l’excès d’euphorie. «Je suis très fier de faire partie de cette équipe, celle que tout le monde voudra désormais battre. Mais nous savons ce qui nous attend et avons préparé cette rencontre face à la Suisse avec minutie», note le double buteur de la facile victoire portugaise acquise jeudi dernier devant Gibraltar (5-0, avec des autres réussites de Cancelo, Bernardo Silva et Pepe).

Le faiseur de miracle Fernando Santos ne tenait pas un autre discours, hier soir, devant la presse. «Notre victoire a, bien sûr, été très importante pour notre football, pour tout le pays. Elle a été fêtée comme il se doit, mais nous avons tourné la page et sommes concentrés sur notre prochain objectif», avoue le sélectionneur avant d’y aller de quelques politesses d’usage. «La Suisse a prouvé en France qu’elle possédait une équipe de qualité. Elle n’a concédé que deux buts durant la compétition, ce qui prouve sa solidité.»

NOUVEAU DÉFI Nani, Quaresma et Cie seront contraints de trouver la faille si les Portugais, toujours invaincus en match officiel sous les ordres de Fernando Santos (10 victoires, 4 matches nuls), veulent effectuer un premier pas vers la Russie. «Nous sommes calmes et bien préparés pour démarrer de la meilleure des manières ce nouveau défi qui accapare toute notre attention», promet José Fonte sur le site internet de sa fédération.

Calme, comme l’était un Fernando Santos peu enclin à sortir de ses gonds quand un confrère lui a rappelé que son équipe n’avait pas forcément séduit par son jeu l’été dernier. «Nous n’avons peut-être pas proposé le football le plus spectaculaire, mais nous avons gagné», convient un homme qui n’a pas changé son discours depuis l’Euro.

«Nous devons continuer à faire preuve de sérieux, de concentration et nous appuyer sur notre esprit d’équipe et notre passion pour obtenir des résultats.» Un discours dont l’écho dans le vestiaire est toujours retentissant. «Personne n’est invincible. Mais si nous continuons à afficher l’attitude qui est la nôtre depuis l’arrivée de Fernando Santos, la même volonté, nous serons très difficiles à battre», confirme Joao Moutinho.

«Nous allons gagner 2-0 contre la Suisse et remporter ce groupe», termine Daniel. Gourmand et confiant.

Le titre continental va galvaniser les adversaires du Portugal, foi de Joao Moutinho. Keystone

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