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Motocyclisme

Une triple fracture pour une double poisse

Le pilote de Court aurait dû passer une année exceptionnelle, mais entre le coronavirus et sa blessure, on en est loin.

Blessé à un pied, le spécialiste d’enduro Jonathan Rossé a manqué le début d’une saison déjà écourtée.

par Sélim Biedermann
 

«Comment ça va?» C’est forcément la première question que l’on se pose cet automne au sujet de Jonathan Rossé. Déjà franchement pas verni que le coronavirus débarque au moment où il avait enfin l’opportunité de disputer le championnat du monde dans son intégralité (voir notre édition du 27mars), le pilote de Court a en plus dû faire l’impasse sur le début d’une saison écourtée environ de moitié, bien que repoussé à septembre. Double poisse. «On va essayer de la reporter à2021, cette année qui aurait dû être exceptionnelle pour moi...», rigole-t-il.

Si, si, Jonathan Rossé, il est comme ça. Même quand les éléments s’acharnent contre lui, il garde sa contagieuse bonne humeur. Pourtant, son pied «grince» toujours un peu. «Je ressens encore des douleurs, mais cela ne va pas trop mal», explique le spécialiste d’enduro. Une triple fracture, survenue en se coinçant contre un arbre à l’entraînement, l’a cloué à côté de sa moto durant six semaines. Terrain glissant? Evitement d’un blaireau? Trêve de plaisanterie, pas besoin de chercher midi à quatorze heures: «Je me suis loupé», chuchote-t-il.

«J’en ai eu ma dose»
Bref, le pourquoi du comment n’a guère d’importance. Mais l’habituel constat s’impose à nouveau: «Lors de toutes les dernières saisons, j’ai eu des problèmes physiques», lâche, tout de même dans un souffle de dépit, Jonathan Rossé. Flash-back. Année2017: un pouce cassé. Les deux suivantes: un ménisque touché, avec les deux fois une opération en fin d’exercice. Hiver2019/20: troisième torsion d’une même cheville, en préparation. Ça commence à bien faire. «Les blessures font partie du sport, même si elles sont difficiles à accepter», philosophe le Jurassien bernois. Qui ajoute: «Disons qu’il est dur de passer entre les gouttes». Bon, là, cela s’apparente davantage à la mousson indienne qu’à une légère pluie! «J’en ai eu ma dose. J’espère que je suis immunisé dorénavant», ose-t-il dans un... sourire.

La nuance avec les précédents soucis physiques rencontrés par le pilote du team Yamaha Allemagne est que le dernier en date, se trouvant gentiment en voie de disparition, l’a stoppé net dans son élan. «Auparavant, bien que blessé, j’avais toujours pu prendre part aux courses. Là, je me suis retrouvé à l’arrêt forcé», regrette le nonuple champion de Suisse et quintuple médaillé en championnat d’Europe –deux fois l’argent et le bronze à trois reprises– de bientôt 33ans.

Désormais, il préfère essayer de zapper. Mais il s’agit de prendre son mal en patience, car les sensations au guidon du talentueux Courtisan ne sont pas complètement revenues. «J’ai besoin de beaucoup rouler pour reprendre pleine confiance», balance-t-il au téléphone depuis la France, empreint d’enthousiasme avant une session d’entraînement aux Salines, vers Dijon, où il s’exerce ces jours-ci. «Il faut que j’enchaîne les kilomètres afin de recréer un certain feeling avec ma moto, sinon je reste un peu raide et donc pas performant.»

Déçu de son retour
C’est que ses4e et deux 6esplaces obtenues en ce mois d’octobre sur les tracés allemands de Burg et Tucheim ne l’ont pas fait sauter au plafond. Trois résultats de prime abord encourageants, pourtant, pour son retour en compétition. «J’aurais préféré faire mieux», coupe le roi helvétique des motards endurants, avant de rappeler ses ambitions: «Mon objectif est clairement de finir sur le podium du championnat d’Allemagne dans ma catégorie(réd:E1)». Et de viser haut également au niveau mondial –le championnat de Suisse, auquel il n’aurait de toute façon pu éventuellement participer que ponctuellement cette année, a en revanche été abandonné à cause de la situation sanitaire.

Rattraper le temps perdu pour espérer très bien figurer dans ces deux classements généraux apparaît néanmoins un brin gourmand. Il ne reste plus que six départs –dont quatre en championnat du monde– en2020 à Jonathan Rossé. C’est rageant, et à plus d’un titre:dans sa malchance, il n’a pas eu une once de chance. «J’aurais mieux fait de me casser le pied trois mois plus tôt, quand toutes les courses étaient annulées...»

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