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Grandval

«Le brass band, ce n’est pas que de la polka!»

Musicien professionnel à 25 ans, joueur de cuivres, Matthieu Juillerat vit de sa passion

Passionné par la musique depuis l’enfance, Matthieu Juillerat excelle avec son bugle. Matthias Käser

Catherine Bürki

Le sourire franc, la bonne humeur communicative et toujours le mot pour rire. A 25 ans, Matthieu Juillerat est de ceux qui aiment la vie, les rencontres et les gens. S’il a la parole facile, c’est toutefois surtout en musique que le jeune homme, citoyen de Grandval, aime s’exprimer.

Ayant goûté à cet art dès son plus jeune âge, il a doucement gravi les échelons pour devenir aujourd’hui un musicien confirmé. Et même professionnel, puisqu’il a dernièrement décroché son Bachelor à la Haute école de musique de Lausanne.

Transmettre l’émotion
«La musique se prête bien aux rencontres, elle permet de transmettre des émotions d’une manière différente que par la parole. Et j’aime ça.» Pour Matthieu Juillerat, la musique, c’est en somme une évidence. En dépit de son jeune âge, il ne compte d’ores et déjà plus les heures passées à souffler dans son cornet, sa trompette ou son bugle.

Son bugle? «C’est un peu comme un cornet, mais en plus rond et moins fréquent», tente d’expliquer le mélomane, amusé.

Lorsqu’on lui demande comment il est tombé dans la marmite musicale, ce dernier ne peut réprimer un sourire. Loin d’avoir été conquis par la prestation d’un artiste de renom, ou encore d’avoir attrapé le virus familial, c’est un peu la candeur de l’enfance qui l’a amené à faire ses premières gammes.

«Lorsque j’étais petit, j’avais un copain qui jouait du cornet. C’était un peu mon idole, et je voulais faire comme lui!»

La crème de la crème
Sa carrière de musicien, c’est alors dans les rangs de la fanfare locale, la Persévérance de Grandval, que Matthieu Juillerat l’a débutée. Très vite, il s’y fait son nid, se laissant notamment séduire par les sonorités des instruments de cuivre. «C’est un style qui m’est très attractif, qui me permet de m’épanouir.»

A force de travail, le mélomane se perfectionne. De quoi lui permettre de prendre du galon, et notamment d’intégrer, à l’adolescence, l’Ensemble de cuivres jurassien. «L’ECJ est le seul ensemble de cuivres du Jura, du Jura bernois et de Neuchâtel à évoluer dans la catégorie “excellence”, soit la plus haute de Suisse», sourit-il.

Malgré un talent manifeste, le jeune homme ne songe, dans un premier temps, pas à se diriger vers une formation musicale. Le déclic, il se souvient l’avoir eu lors de son service militaire. «J’ai été recruté dans la fanfare de l’armée. Après avoir passé 21 semaines à jouer, je me suis rendu compte que c’était ça que je voulais faire», raconte le musicien qui, maturité professionnelle commerciale en poche, a alors tenté sa chance à la Haute école de musique de Lausanne.

Vivant ainsi sa passion au quotidien, Matthieu Juillerat s’est illustré à plusieurs reprises ces dernières années. En 2015, il se voit notamment proposer la direction de la Persévérance de Grandval. Si la formation n’évolue certes pas au même niveau d’excellence que l’ECJ, le challenge est néanmoins de taille pour un jeune instrumentiste de 25 ans.

«C’est un beau défi de faire évoluer ensemble 35 musiciens âgés de 13 à 90 ans!»

En avril dernier, il rafle encore, avec ses trois acolytes jurassiens du Mugs Brass Quartet, le premier prix du Concours national de Solistes et Quatuors d’instruments de cuivre à Zurich.

Enfin, le citoyen de Grandval s’est dernièrement vu ouvrir les portes, dans le cadre de l’armée, de l’Orchestre de représentation de la Suisse. En bref, la crème de la crème de la musique militaire. «Nous participons à des festivals de musique militaire internationaux», indique-t-il, impatient de prendre part à son premier concert à l’étranger.

Un plaisir avant tout
Alors, un prodige de la musique, Matthieu Juillerat? «J’ai un relativement bon niveau», sourit simplement l’intéressé.

Modeste, le jeune homme dit ne pas avoir de grandes ambitions de carrière. «La musique, c’est avant tout un plaisir. Je prends les opportunités comme elles viennent» Et d’avouer toutefois qu’il ne rechignerait pas à se produire dans une prestigieuse salle de concert. «Je rêverais de jouer un jour au Royal Albert Hall de Londres.»

En attendant, Matthieu Juillerat a choisi de poursuivre ses études à la Haute école pédagogique de Bienne afin de pouvoir enseigner la musique à l’école secondaire. «J’ai envie de transmettre ma passion et de faire découvrir d’autres musiques aux jeunes.» Un pari un brin compliqué peut-être, eu égard à l’image surannée véhiculée par la musique de fanfare?

«Le brass band, ce n’est plus seulement des marches et de la polka», argue-t-il, catégorique. «On y joue aujourd’hui des choses bien plus modernes que ça.»

PROFIL DU MUSICIEN

Vie privée Agé de 25 ans. Toujours domicilié à Grandval.

Hobby A part la musique, le foot (3e ligue à Belprahon) et le hockey (4e ligue à Crémines).

Formations Maturité professionnelle commerciale obtenue à Delémont, puis Bachelor à la Haute école de musique de Lausanne. Actuellement en formation à la HEP, à Bienne, pour devenir enseignant de musique à l’école secondaire.

Instruments Le cornet, le bugle, la trompette et le piano.

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