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Swatch Group

Le géant maintient son cap malgré la tempête

Le numéro un mondial de l’horlogerie a connu un 1er semestre difficile, avec une plongée de plus de 50% de son bénéfice, et une baisse de 11,4% de son chiffre d’affaires. Mais il reste optimiste pour le second semestre.

Malgré le fort recul au 1er semestre, le CEO Nick Hayek se montre néanmoins plutôt optimiste pour la suite de l’exercice 2016. Keystone

(pho-ats) Il y a tout juste une semaine, le Swatch Group avait dit s’attendre à une forte baisse de ses résultats pour les six premiers mois de l’année. L’avertissement lancé vendredi dernier s’est confirmé hier avec la publication du rapport semestriel 2016. Le numéro un mondial de l’horlogerie accuse en effet un recul de son chiffre d’affaires net de 11,4%. Alors qu’il frisait les 4,2 milliards au 1er semestre 2015, il n’atteint que 3,716 milliards pour la même période de cette année.

La chute est encore plus brutale en ce qui concerne son bénéfice net, qui a plongé de 548 à 263 mios (-52%). Même constat pour le bénéfice d’exploitation, à 353mios, contre 761 au 1er semestre 2015 (-53,6%). La marge opérationnelle a ainsi atteint 9,5%.

Le Swatch Group explique ces résultats notamment en raison de «dérives supplémentaires des cours de change et de la moindre charge de capacités de production». Au premier semestre 2016, les turbulences mondiales n’ont en effet pas diminué, bien au contraire, avec le Brexit.

Mais au vu du contexte, le Swatch Group qualifie néanmoins ses résultats de «bonne facture» grâce au positionnement de ses 20 marques au niveau mondial et à son propre réseau de distribution.

Toujours le franc fort
La situation des taux de change et la volatilité du franc suisse, toujours fortement surévalué, n’ont pas connu de réelles améliorations, malgré les interventions de la Banque nationale suisse (BNS). Résultat:ce phénomène ronge les marges au moment de convertir les résultats en francs suisses. Dans ce contexte, le géant horloger a maintenu sa stratégie à long terme de la politique d’ajustement des prix défensive, qui prime sur une approche de bénéfices à court terme.

Au-delà, Swatch Group rappelle que sa stratégie industrielle est basée sur le long terme. Elle consiste à investir dans les collaborateurs, dans de nouveaux produits et dans le marketing. Il note toutefois que ces facteurs ont pesé sur la rentabilité du groupe.

Grandes disparités
Comme le souligne le géant horloger, les ventes en monnaies locales ont été très contrastées selon les régions. En Chine, elles sont revenues à un niveau normal en termes de volume pour les marques Breguet, Blancpain, Glashütte Original, Omega et Longines. Hong Kong semble également avoir passé le creux de la vague dans l’activité retail, alors que le commerce de gros est resté à un niveau très faible en raison des incertitudes des commerçants de l’ex-colonie britannique.

En Europe, Swatch Group dit rencontrer des vents contraires, notamment suite au manque de touristes chinois et russes, en raison du problème d’octroi de visas biométriques pour les premiers, et des sanctions contre la Russie pour les seconds. De plus, les attentats en France et en Belgique ont également affecté les ventes.

En revanche, l’Espagne et l’Italie ont connu une bonne évolution, indique le groupe. En Asie du sud-est, en Inde et au Moyen-Orient, les ventes ont aussi progressé, mais cela n’a pas suffi à compenser la situation à Hong Kong et en Europe.

Baisse des commandes
La morosité ambiante s’est aussi ressentie au niveau de la production, en baisse par rapport au  premier semestre 2015. Le Swatch Group l’explique notamment par les diminutions, voire les annulations de commandes de mouvements et de composants de la part de clients horlogers. Une baisse partiellement compensée à l’interne grâce aux nouveaux produits lancés par les marques du groupe.

S’agissant du segment des «systèmes électroniques», le chiffre d’affaires a également reculé (-12,8%), surtout en raison de la force du franc par rapport au dollar et au yen. En revanche, le fabricant de piles Renata, leader du marché des piles écologiques à plus haute densité d’énergie, a vu son chiffre d’affaires progresser.

Par ailleurs, les préparations des Jeux Olympiques de Rio se sont avérées extrêmement compliquées et coûteuses à cause des conditions locales et de la situation très difficiles au Brésil. Par rapport aux précédents Jeux, il a fallu engager davantage de ressources en termes de personnel, de sécurité et de matériel pour garantir le bon déroulement des Jeux dans le domaine du chronométrage, de l’affichage des résultats et du traitement des données.

«Les dépenses supplémentaires se chiffrent à un montant à deux chiffres en millions», a précisé le groupe.

Malgré la baisse des commandes et la charge de travail moins importante qu’au premier semestre 2015, le groupe n’a pas réduit ses effectifs. «Seuls certains départs, suite à des fluctuations naturelles, ne sont pas remplacés pour l’heure. Dès lors, les effectifs à fin juin restent de l’ordre de 36000 personnes», a-t-il précisé.

Optimiste pour la suite
Pour la suite de l’exercice 2016, Swatch Group prévoit une «nette croissance» en monnaies locales ces six prochains mois par rapport à un second semestre 2015 plus faible (avec un effet de base favorable). En conséquence, l’entreprise anticipe un résultat annuel plus proche ou équivalent à celui de l’année précédente.

Les perspectives du groupe, «doté d’un portefeuille de marques unique et d’un réseau de distribution et de retail mondial, demeurent bonnes dans toutes les régions et tous les secteurs». Ces appréciations se fondent toujours sur une mesure de l’évolution en monnaies locales.

Si la situation devrait rester difficile en France et en Belgique, le Swatch Group s’attend à une évolution positive en Chine, en Asie du sud-est, en Italie, en Espagne et en Grande Bretagne, tout comme au Japon et en Amérique du Nord. Au niveau des marques, le groupe s’attend à des retombées positives pour Omega et Tissot, respectivement chronométreurs officiels de Jeux Olympiques et du Tour de France.

Au-delà, Swatch Group revient sur le renforcement dès 2017 du Swiss made (à 60% pour le secteur horloger). «Grâce à l’intégration verticale de la chaîne de production et de la base de production en Suisse, la nouvelle directive Swissness constitue un avantage domestique unique», note le géant horloger.

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