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«J’ai besoin de décompresser»

Laura Unternährer renonce temporairement à l’équipe nationale.

Pour quelques mois, la volleyeuse de Reconvilier a mis l’équipe nationale entre parenthèses. «Avec Volero Zurich, la saison est déjà très chargée», glisse Laura Unternährer (de face). Archives Keystone
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Laurent Kleisl

«Je rentre lundi.» À l’autre bout du combiné, le murmure des vagues caresse les paroles de Laura Unternährer. «Je suis aux Maldives avec ma maman... Pour ses 50 ans, je lui ai offert 10jours de vacances.»

Amour maternel, soleil et sable chaud en explications d’une absence. Lundi à Schaffhouse, l’équipe de Suisse a lancé sa préparation pour le Volley Masters de Montreux (du 31 mai au 5 juin) sans l’ailière de Volero Zurich, 22 ans et cadre indéboulonnable de la sélection depuis 2011. La fille de Reconvilier avoue: «Cet été, j’ai décidé de faire une pause. Physiquement et mentalement, j’ai besoin de décompresser.»

Le 20 avril, Laura Unternährer bouclait sa saison de LNA sur un nouveau titre national de Volero, le 11e lors des 12dernières saisons. Depuis 2005, seul Köniz a réussi à inscrire son nom au palmarès (2009).

Battu trois manches à zéro, Sm’Aesch-Pfeffingen n’a pas pesé bien lourd en finale – un tout petit set gagné. Entraîneur des Bâloises, Timo Lippuner coache également l’équipe de Suisse depuis février 2014. Bien sûr, le Soleurois tenait à convoquer la Jurassienne bernoise. «On a bien discuté et il m’a donné son ok», indique Laura Unternährer. «J’adore ce que je fais, mais tous les étés avec l’équipe de Suisse... Je me suis dit que pour une fois, je pensais à moi et à ma récupération.»

Le spleen de l’après Euro
Sous les drapeaux, le soufflé est retombé. Septembre 2013 et l’Euro organisé à Zurich paraissent déjà bien loin. «Pendant trois ans, pendant trois étés, on s’était entraîné très dur pour ce tournoi, pour bâtir une belle équipe», reprend-elle. «Depuis, la sélection a pas mal changé, le cadre s’est passablement rajeuni, je suis même l’une des plus vieilles! Ce n’est pas facile de tout reprendre depuis le début. Aujourd’hui, avec la Suisse, il y a moins d’objectifs à atteindre sur le long terme.»

Sa pause internationale, une parenthèse, Laura Unternährer l’explique également par le programme démentiel de Volero, où elle est sous contrat jusqu’en 2018. Le club zurichois et ses stars internationales – américaines, bulgares, russes, serbes, etc – vivent très loin de la LNA, un aimable terrain d’entraînement où leur compte de succès consécutifs atteint les 150.

«Avec Volero, la saison est déjà très chargée. Imaginez, il a fallu attendre les deux dernières semaines de championnat pour que l’équipe puisse profiter de deux jours de congé consécutifs. Cette charge, on ne la remarque pas sur le moment, elle se fait ressentir une fois qu’on arrête, qu’on se relâche. Les bobos et la fatigue ressortent. Tous ces efforts pèsent sur le corps.»

En récréation en LNA et en Coupe de Suisse – 11 doublés depuis 2005 –, Volero n’en a pas moins manqué sa saison. Les étoiles dirigées par le Néerlandais Avital Selinger ont chuté en quarts de finale de la Ligue des champions face à VakıfBank Istanbul, futur finaliste malheureux de la compétition.

«Oui, pour le club, c’est une saison clairement ratée», lance Laura Unternährer. «L’objectif était d’au moins atteindre le Final Four de la Champions League.» Cet échec, l’ancienne ailière du VBC Bienne l’a vécu depuis le banc, laissant la place aux stars étrangères arborant la bannière zurichoise. «J’ai joué quelques points, par-ci par-là. Mais avec tous ces voyages à travers l’Europe, très franchement, c’est une magnifique expérience. Je progresse en observant et en m’entraînant avec des filles d’un très haut niveau.»

Difficultés d’adaptation
En LNA, deux Suissesses devant impérativement figurer sur le terrain, Laura Unternährer – avec Inès Granvorka – devient un rouage essentiel à la réussite de Volero sur sol national. «En LNA, la tension manque parfois un peu. On doit gagner, on doit faire le travail», confie-t-elle. «Le niveau est bien plus bas qu’ailleurs. C’est aussi pour ça que nous connaissons toujours quelques difficultés d’adaptation en Ligue des champions, tant la différence entre la Suisse et la scène internationale est gigantesque.»

Volero plutôt que l’équipe nationale, c’est la donne de 2016 pour Laura Unternährer. Les rendez-vous de septembre de la sélection, garnis des deux tournois – en Bulgarie et en Roumanie – du deuxième tour qualificatif pour l’Euro 2017, restent encore des projets très énigmatiques, «surtout que cette année, la Coupe du monde des clubs se tiendra mi-octobre», rappelle-t-elle.

Là-bas, tout là-bas, à Manilles, aux Philippines. En août, elle reprendra également sa formation d’employée de commerce, cursus interrompu en 2011 au moment de quitter le VBC Bienne pour embrasser le statut de professionnelle à Volero. «J’étudierai par correspondance, avec un jour d’école par semaine.»

Puis, poliment, Laura interrompt la conversation. «Désolée, j’ai rendez-vous pour un massage...» Et, encore et toujours, le murmure des vagues qui caresse ses paroles.

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